Publicité

Discours-programme: «C’est du déjà-entendu…»

26 janvier 2020, 14:45

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Discours-programme: «C’est du déjà-entendu…»

Si le discours-programme dévoilant la stratégie gouvernementale, de 2020 à 2024, a été lu vendredi, par le président de la République, Pradeep Roopun, les réactions n’ont pas manqué dans les différents secteurs.

Interrogé à ce propos, Harry Booluck, ex directeur de la Central Water Authority (CWA) affiche son scepticisme quant aux mesures annoncées pour l’eau. «C’est du ‘déjà-entendu’. On parle de remplacement de tuyaux pour moderniser le réseau, encore faut-il savoir si celui-ci est plus ‘performant’. Avant, il y avait une perdition de 50 % d’eau, et maintenant, où en sommes-nous ?»

Harry Booluck se demande s’il faut remplacer les tuyaux ou si le problème est ailleurs. Evoquant le partenariat public-privé qui revient sur le tapis malgré le fait que l’ancien gouvernement «inn met sa deor», il estime qu’il y a des ressources à la CWA qui ont les compétences nécessaires pour faire avancer les choses. En ce qu’il s’agit de l’observatoire de l’eau, il parle d’ab­sence d’informations autour de cette mesure.

Pour l’urbaniste Vasantt Jogoo, il n’y aura pas de changement radical dans le modèle de développement. Si le réchauffement climatique est au coeur des préoccupations du gouvernement avec l’introduction du Climate Change Bill, notre interlocuteur estime que rien de concret ne sortira de là. «Pa pou amenn gransoz. Dan 5 an pou koz mem problem.» Pour ce qui est de la Land Development Strategy, il parle de nuan­ces «ki penkor saisi». «Il y trop de bétonnage. Cela continuera à rendre notre pile plus vulnérable.»

Dans le discours-programme, l’économie bleue a également reçu une attention particulière pour sa relance. Mais Vassen Kauppaymuthoo, lui, pense que le gouvernement est «un petit peu à côté de la plaque». L’océanographe estime que les mesures ne relèvent pas vraiment les défis et la potentialité de l’économie bleue.

S’agissant de l’exploitation du pétrole, il est d’avis que c’est en contradiction avec ce qui se passe dans le monde. «Nous allons vers les énergies renouvelables mais nous favorisons les exploitations pétrolières et ressources minérales.» Pour lui, le gouvernement aurait dû axer ses mesures sur les nouveaux sec­teurs comme la recherche, le développement et la biotechnologie marine.

Si le tourisme n’est pas au top de sa forme, le gouvernement est déterminé à relancer ce secteur qui a perdu sa vitesse de croisière depuis deux ans. Sen Ramsamy, directeur de Tourism Business Intelligence, accueille ainsi favorablement les propositions du gouvernement pour un rebranding de la destination. «Il y a une plus grande diversification du marché touristique. Nous allons dans la bonne direction. Le gouvernement veut relancer le tourisme à travers des actions précises.» Selon lui, le ministre du Tourisme, Joe Lesjongard, veut réellement obtenir des résultats dans ce secteur. «2020 est l’année de la relance du tourisme. Nous ne pouvons pas continuer à faire du pareil au même. Je suis certain que le ministre va opter pour une orientation plus visionnaire après 70 ans de tourisme balnéaire.»

Avec le nombre de morts sur nos routes, il fallait renforcer la sécurité routière, ce que propose de faire le gouvernement. Qu’en pense Alain Jeannot, président de l’association Prévention routière avant tout? Il dit accueillir favorablement l’amélioration de la signalétique. «Nous devons faire face aux bouchons et c’est bien que l’on augmente le nombre de feux de signalisation. Ce qui va fluidifier un peu le trafic. Je note également la volonté de sensibiliser les usagers de la route.»

Quant au concept de bonus-malus, Alain Jeannot est d’avis que c’est une bonne chose, vu que Maurice enregistre 30 000 accidents tous les ans. «C’est une façon de responsabiliser les automobilistes.» Toutefois, il aurait aimé que le gouvernement encourage les gens à utiliser les transports en commun, en le rendant plus attrayants. «Il faut également un contrôle au niveau de la flotte de véhicules.»