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Chine: villes bouclées au coeur de l’épidémie, le bilan grimpe

24 janvier 2020, 08:13

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Chine: villes bouclées au coeur de l’épidémie, le bilan grimpe

Près d’une dizaine de villes chinoises étaient bouclées vendredi à l’épicentre de l’épidémie virale, dont le bilan s’est à nouveau alourdi peu après que l’OMS a renoncé à déclarer une urgence internationale.

Vingt-cinq morts sur un total de 830 personnes contaminées: le bilan du nouveau coronavirus apparu en décembre sur un marché de Wuhan (centre) s’est encore aggravé.

«Cette année, notre Nouvel an fait très peur», commente un chauffeur de taxi de Wuhan, la ville de 11 millions d’habitants placée de facto en quarantaine depuis jeudi. «On n’ose plus sortir à cause du virus».

Le long congé du Nouvel an chinois démarre ce vendredi, à la veille de l’Année du Rat qui commence le 25 janvier. Les centaines de millions de déplacements générés par ces congés pourraient favoriser la contagion.

Un précédent bilan communiqué jeudi par la Commission nationale de la santé faisait état de 18 morts et plus de 600 cas de contamination avérés, en grande majorité dans la province du Hubei, dont Wuhan est la capitale.

Sur les 830 cas, 177 sont jugés graves, selon la Commission, tandis que 34 patients «guéris» ont pu quitter l’hôpital. Plus d’un millier de cas suspects sont en cours d’examen.

Face à la crise, le régime communiste a pris jeudi la décision inédite d’interdire tous les trains et avions au départ de Wuhan et de bloquer les autoroutes.

Seuls quelques avions étaient toujours annoncés dans la journée à destination de la ville. Autocars et bateaux sur le Yangtsé, le plus long fleuve de Chine qui arrose Wuhan, ont reçu l’ordre de s’arrêter dans les deux sens.

«Pas peur»

Pour la seconde journée consécutive, les rues de Wuhan étaient désertes, les commerces fermés et la circulation réduite au minimum. Le port du masque est obligatoire sous peine d’amende.

Seul un gardien monte la garde devant l’hôpital où sont soignées des personnes atteintes par la pneumonie virale.

«Je n’ai pas peur. J’essaye de faire mon travail le mieux possible», déclare-t-il à l’AFP sans vouloir révéler son nom. «Dans cette situation dramatique, nous devons tous faire notre devoir sérieusement, sinon nous ne nous en sortirons pas».

D’autres communes proches de Wuhan sont coupées du monde.

A une centaine de kilomètres à l’est, une agglomération de deux millions d’habitants, Huangshi, a annoncé vendredi matin la suspension des transports publics et la fermeture d’un pont sur le Yangtsé.

Au total, quelque 26 millions de personnes sont concernées par ces mesures au Hubei, une province de près de 60 millions d’habitants.

«Urgence en Chine»

Au terme d’une réunion de deux jours à son siège de Genève, l’Organisation mondiale de la santé a reconnu jeudi «l’urgence en Chine» mais a jugé qu’il était «trop tôt» pour parler «d’urgence de santé publique de portée internationale».

L’OMS n’a jusqu’ici utilisé le terme d’urgence internationale que pour de rares cas d’épidémies requérant une réaction mondiale vigoureuse, dont la grippe porcine H1N1 en 2009, le virus Zika en 2016 et la fièvre Ebola, qui a ravagé une partie de l’Afrique de l’Ouest de 2014 à 2016 et la République démocratique du Congo depuis 2018.

L’OMS a dit espérer que les mesures radicales adoptées par la Chine seraient «à la fois efficaces et de courte durée».

«Nous avons compris que les mesures prises dans la ville de Wuhan ont résulté de l’initiative de cette ville et ne résultaient pas d’une évolution épidémiologique», a expliqué le président du comité d’urgence de l’OMS, Didier Houssin.

L’OMS assure qu’il n’y a pour l’instant aucune preuve de transmission entre humains en dehors de la Chine et qu’elle semble y être «limitée à des groupes familiaux et à des travailleurs de la santé».

L’OMS ne recommande pas de restrictions de voyages mais d’établir des dépistages dans les aéroports. L’organisation demande aussi «à tous les pays» de mettre en place des mesures pour détecter les cas de coronavirus, contre lequel il n’existe pas actuellement de traitement ou de vaccin.

Essais cliniques

A Davos, où se tient le Forum économique mondial, la Coalition pour les innovations en préparation aux épidémies (CEPI) a annoncé jeudi que les essais cliniques concernant un premier vaccin pourraient avoir lieu «dès l’été».

Des cas de contamination ont été annoncés en Asie (Hong Kong, Macao, Taïwan, Corée du Sud, Japon, Thaïlande, Singapour, Vietnam) mais aussi aux Etats-Unis.

L’épidémie fait redouter une répétition du Sras, un virus similaire, qui a tué quelque 650 personnes en Chine continentale et à Hong Kong entre 2002 et 2003.

Symbole de l’inquiétude qui s’est emparée de toute la Chine, la Cité interdite de Pékin, l’ancien palais des empereurs, a annoncé sa fermeture jusqu’à nouvel ordre pour éviter tout risque de contamination entre les visiteurs.

La capitale a décrété également l’annulation des festivités du Nouvel an, qui drainent habituellement des centaines de milliers de badauds dans les parcs.

Depuis Montréal, le Cirque du Soleil a annoncé qu’il suspendait un spectacle en Chine à la demande des autorités.