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Grève en France: les voeux de Macron très attendus dans un climat difficile

31 décembre 2019, 08:13

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Grève en France: les voeux de Macron très attendus dans un climat difficile

Le président Emmanuel Macron doit adresser mardi aux Français des vœux de Nouvel An très attendus alors que le pays vit depuis le 5 décembre un conflit social de grande ampleur contre un projet de réforme des retraites.

Message d'apaisement ou signal de fermeté? L'allocution du chef de l'Etat, au 27e jour de la grève, sera scrutée de près dans ce contexte tendu, même si ses services ont annoncé lundi qu'il n'était «pas prévu à ce stade qu'il entre dans le détail de la réforme».

A la veille du Nouvel An, le conflit semble toujours sans issue, alors que la concertation entre les syndicats et le Premier ministre Edouard Philippe ne reprendra que le 7 janvier.

L'opposition au projet de «système universel» de retraite par points se traduit par une grève affectant principalement, mais pas seulement, la circulation des trains et les transports parisiens. La grève est déjà plus longue que celle de 1995 contre un projet de réforme des retraites des fonctionnaires, auquel le gouvernement avait fini par renoncer.

Rien n'a filtré sur la teneur des vœux télévisés de M. Macron du côté des services du Premier ministre, en première ligne sur ce dossier mais volontairement «silencieux» avant l'intervention présidentielle.

Le palais présidentiel de l'Elysée a indiqué qu'Emmanuel Macron devrait réaffirmer «l'ambition forte du gouvernement» et la sienne pour la réforme des retraites, un «projet de progrès social qui corrige de nombreuses inégalités».

Plus globalement, le président devrait rappeler sa volonté de poursuivre les réformes en «invitant les Français à résister à la tentation de l'immobilisme», tout en souhaitant «l'apaisement, pas l'affrontement».

Quasi muet sur les retraites depuis des semaines, Emmanuel Macron s'est contenté d'un appel, resté sans effet, à une trêve du mouvement pour Noël, et a fait savoir qu'il renonçait à sa pension de président, avant de se retirer au fort de Brégançon, lieu officiel de villégiature dans le sud-est de la France.

Il s'est ainsi ménagé une possible fenêtre de tir pour débloquer la situation le 31. Sauf s'il opte pour le bras de fer, au risque de radicaliser les opposants.

«Je pense qu'il est grand temps d'appuyer sur le bouton stop», a redit lundi sur la radio publique France Info le secrétaire général du syndicat Force ouvrière, Yves Veyrier.

«Ça fuit de toutes parts et le gouvernement est obligé de colmater les brèches» en multipliant les concessions, a-t-il relevé. «On s'aperçoit que (le futur système) ne fonctionne pas pour telle ou telle profession, que ce soient les pilotes, les pompiers, les danseurs de l'Opéra...», a énuméré le syndicaliste, partisan d'un retrait total du projet.

Même revendication à la CGT-Cheminots, fer de lance d'une contestation sans pause. «La trêve, c'est la défaite», a estimé sur RFI un de ses leaders, Mathieu Bolle-Reddat.

«Vous ne pouvez pas dire à des salariés qui ont perdu 25 jours de salaire «ce n'est pas grave, on arrête» alors qu'on est encore au milieu du gué», fait-il valoir. Pour lui, les grévistes sont d'autant plus «déterminés» que le gouvernement est «extrêmement brutal, agressif, méprisant».

Le ton, de fait, est monté d'un cran dimanche entre l'exécutif et les opposants les plus déterminés à la réforme.

«On est fatigués»

Le secrétaire d'État aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, a reproché à la CGT de pratiquer un syndicalisme «de blocage» voire «d'intimidation» quand le numéro un de la centrale, Philippe Martinez, attaquait le gouvernement qui selon lui «joue le pourrissement» du conflit et «organise le bordel».

Lundi, début de la seconde semaine des vacances scolaires, les transports étaient toujours perturbés, en particulier en région parisienne, malgré un léger mieux.

Le taux de grévistes à la SNCF, l'opérateur ferroviaire, est tombé à 7,1%, son niveau le plus bas depuis le début du mouvement qui avait vu plus d'un cheminot sur deux (55,6%) se mettre en grève.

Il fallait toutefois seulement compter sur 1 train à grande vitesse sur 2, 1 train de banlieue parisienne sur 4 et 3 trains régionaux sur 10.

Le trafic des transports parisiens a certes connu une «amélioration significative» selon la régie, avec 14 lignes de métro fonctionnant normalement (les deux lignes automatisées) ou partiellement. Mais pendant la nuit du Nouvel An, seules les lignes automatiques circuleront jusqu'à 02h15 du matin.

Face à ce conflit dont nul ne voit l'issue, «on est fatigués», déclare Julie, qui travaille dans l'immobilier, interrogée par l'AFPTV à la gare Saint-Lazare à Paris. «En même temps on soutient le mouvement, voilà!», ajoute-t-elle.