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Polémique autour des carburants: la mauvaise qualité de l’essence «confirmée»

29 décembre 2019, 14:48

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Polémique autour des carburants: la mauvaise qualité de l’essence «confirmée»

Dossier hautement inflammable. Au moins trois grands concessionnaires de véhicules ont sollicité l’expertise de firmes étrangères pour effectuer des tests sur la cargaison d’essence reçue en octobre par la State Trading Corporation (STC). Conclusion : le carburant contient un fort taux de manganèse, utilisé comme additif, qui dépasse la quantité autorisée, causant ainsi des dommages aux véhicules…

Depuis quelques mois maintenant, les concessionnaires ont enregistré quelque 200 plaintes de clients qui ont connu des ennuis mécaniques après avoir fait le plein d’essence. Raison pour laquelle des tests ont été réclamés. Ces concessionnaires ont envoyé un communiqué à leurs clients pour les informer de la situation.

Par ailleurs, hier matin, le leader du PMSD, Xavier-Luc Duval, a publié un des documents sur sa page Facebook, celui émis par Axcess. «Votre véhicule a été affecté ou le sera peut-être dans les prochains jours par la qualité de l’essence qui a été livrée au pays le mois d’octobre. Nous sommes en mesure aujourd’hui de confirmer que le taux de manganèse ajouté à l’essence dépasse très largement les minima acceptables dans la cargaison reçue fin octobre. En effet, les résultats des tests effectués démontrent un taux de 31 mg/l» peut-on y lire, alors qu’en Europe, le taux doit être de zéro. Cet additif est considéré comme étant nocif pour la santé également.

La Motor Vehicule Dealers Association (MVDA) confirme également qu’elle est en présence des résultats des tests effectués par des concessionnaires. «Il y a eu même des cas où le taux de manganèse dépassait les 36 mg/l. Les échantillons ont été pris dans des réservoirs des voitures qui ont eu des problèmes», précise Mrinal Teeluck, secrétaire général de la MVDA.

Dans les différents garages des concessionnaires, il a été noté que cet additif s’attaque aux composants du moteur et au pot d’échappement réduisant la performance du véhicule. Il peut même bloquer complètement le moteur. Parmi les signes qui peuvent vous alerter : la bougie du moteur et le filtre qui virent au rouge, par exemple.

Le secrétaire général de la MVDA affirme que ce sont les véhicules «eco-friendly» et ceux qui sont performants qui sont les plus «vulnérables». «Il n’y a pas que des voitures neuves qui sont affectées. Je crains que la majorité des véhicules utilisant l’essence soit touchée à Maurice. Il y a même de bateaux qui ont des problèmes…»

«Dirty fuel»

Toujours du côté de la MDVA, on affirme que les premiers véhicules affectés sont arrivés au garage en novembre. Et c’est à la même période que le ministère du Commerce et la STC ont été avisés sur la qualité de l’essence. Toutefois, selon une source proche d’un concessionnaire, c’est la «lenteur» des autorités à agir qui les a poussés à solliciter l’expertise des firmes étrangères. «Il fallait défendre la réputation des marques et il y a aussi la sécurité des automobilistes qui était en jeu.» À la MDVA, on estime que la cargaison de l’essence obtenue en octobre dernier est du «dirty fuel», qui est beaucoup moins cher. Cette association demande même que le contrat alloué à Vittol, le fournisseur de la STC, soit résilié.

Avec la conclusion de ces tests, le leader du PMSD réclame pour sa part une enquête, estimant qu’il y a eu «cover up» dans toute cette affaire. «Je suis inquiet. Il y a une autre cargaison d’essence qui est arrivée à bord du bateau MT Sunray. Selon mes informations, il a transporté de l’essence qui cette foisci contient un taux élevé de soufre. Il y a une forte pression pour que la cargaison soit débarquée. De plus, je me demande qui va rembourser pour les voitures endommagées», se demande Xavier-Luc Duval.

Nous avons envoyé plusieurs questions au ministre du Commerce, Yogida Sawminaden. Il a pris connaissance de nos questions, mais sans prendre la peine d’y répondre. Pour sa part, le directeur général de la STC, Jonathan Ramasamy affirme que dès que les concessionnaires ont émis des doutes sur la qualité de l’essence, l’organisme a sollicité l’expertise de la firme britannique Minton Treharne & Davies Group pour des analyses.

Il affirme également que les experts doivent enquêter sur l’origine de la panne de plusieurs véhicules. «Aussitôt que leur rapport est prêt, nous allons le soumettre au gouvernement. S’il s’avère que le taux de manganèse est élevé, l’enquête doit aussi faire ressortir comment l’essence a pu être débarquée», dit-il. Pour ce qui est de la qualité de l’essence disponible sur le marché, le directeur général de la STC rassure les automobilistes «C’est aux normes, tout comme la cargaison qui se trouve sur le MT Sunray.»