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Augmentation de la pension de vieillesse: sous le matelas, la banque

22 décembre 2019, 17:30

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Augmentation de la pension de vieillesse: sous le matelas, la banque

Des cas de vols ont été répertoriés depuis quelques semaines, les victimes étant des personnes du 3e âge. L’augmentation de la pension de vieillesse, qui est passée à Rs 9 000, suscite-t-elle davantage la convoitise ? En tout cas, elle soulève des questions : où nos aînés gardent-ils leurs billets ? Qu’en est-il de ceux qui ne sont pas du tout familiers avec la «chose bancaire» ? Tout d’horizon.

Il est 13 heures, la chaleur de Port-Louis est écrasante. On se réfugie à l’intérieur de la banque où il fait un peu plus frais grâce à l’air conditionné. Les caisses sont occupées, les files d’attente sont longues. Calés dans les fauteuils, une grande majorité de pensionnés, avec des formulaires à la main, attendant patiemment leur tour.

Ambal a tout juste 60 ans. La toute jeune abonnée au club du 3e âge est venue effectuer un transfert vers l’étranger pour son petit-fils. «J’envoie de l’argent à ma fille pour qu’elle lui achète un cadeau de Noël de notre part. On est déjà parti le voir cette année donc difficile de refaire ce voyage.» Ambal a touché sa pension pour la troisième fois début décembre. «Je n’ai retiré que ce qu’il me fallait. Sinon la grosse partie de l’argent, je laisse à la banque. Je reçois la pension de vieillesse et une deuxième pension de retraite car j’ai contribué au plan de pension lorsque je travaillais.»

La sexagénaire travaillait au sein d’une entreprise privée, dans l’administration. Ambal explique qu’elle a pris sa retraite alors qu’elle était âgée de 55 ans. «Mon époux et moi, nous nous étions dit que nous allions prendre la retraite en même temps, pour passer du temps ensemble. Et c’est ce que nous avons fait. On ira bientôt à Rodrigues et nous y fêterons le Nouvel An.»

Ambal explique que pour son époux et elle, il n’y a rien de plus normal que de laisser leur argent en banque. Les sous sont reversés directement sur leur compte à chacun et ils ne retirent de l’argent que lorsqu’ils en ont besoin. «Nous vivons seuls. Garder de l’argent avec nous à la maison serait une folie. Surtout lorsqu’on entend ces histoires aujourd’hui où on attaque des vieilles personnes pour les voler. On préfère donc retirer que très peu de liquide et utiliser la carte pour les achats.»

«Larzan dan lakaz»

Si Ambal préfère la sécurité de la banque, ce n’est pas le cas de tous les pensionnés. Raffick Peerbux, 72 ans, préfère garder son argent chez lui. Sous un matelas, peut-être ? «Pa kapav dir ou kotsa mo gard kas aster. Mé selma mo prefer mo kas rest avek mwa ki dan labank. Mo pa kontan sa bann zafer lintéré-la. Mé pa tou, kapav trwa kar avek mwa ek enn kar labank.»

Par ailleurs, même s’il a déjà dépassé l’âge de la retraite, Raffick Peerbux continue à exercer comme commerçant. «Zordi zour, kot lavi été ou oblizé travay. Si mo areté, mo pou bizin fié lor sa pansion viéyes la. Li pa sifi pou viv. Zis lalimier delo telefonn fini kout ou presque Rs 4 000. Aster ou bizin tir komision, asté ou légim, laviann, poul, pwason. Si ou anvi sorti enn tigit, sa ousi kout kas», souligne le septuagénaire. Ce jour-là, il est venu effectuer un retrait, mais hors de question pour lui d’utiliser le distributeur automatique. «Mo pa gagn enn alé avek sa bann laparey- la. Mo tifi ti montré mwa kouma servi mé mo préfer ranpli mo form mo atann met laké. Mo pli sir tou pou pas korek.»

Assise dans l’aire d’attente, Marie-Jeanne, 77 ans, confie qu’elle est venue à la banque avec sa petite-fille. «Nous sommes venues faire des démarches pour un emprunt. Ma petite-fille va construire sa maison. Mais comme le terrain est à mon nom, je suis venue avec elle pour voir ce qu’il faut faire.»

Marie-Jeanne vit avec sa fille et ses trois petits-enfants dans la maison qui lui a été léguée par son défunt époux. «Ma fille travaille comme cleaner, ma petite fille, elle, travaille à l’hôtel. Les deux garçons sont, eux, encore à l’école. Ma petite-fille veut se marier bientôt. C’est pour cela qu’elle veut construire sa maison d’abord.»

Marie-Jeanne garde-t-elle son argent à la banque ? Non. Elle y vient seulement une fois le mois, pour toucher sa pension. «Mo viv lor sa pansion lamem. Kan gagn sa lafin dimwa, pey par isi, par laba, pa res nanié. Ki pou gard dan labank lerla

Mais Marie-Jeanne ne se plaint pas. «Avec mo tifi ek mo ti zanfan, nou débrouyé. Get lamem pou lané nou pou al enn ti kanpé bor lamer. Nou pa dépans boukou, nou fer selon seki nou ena.»