Publicité

Arrivées touristiques: Lesjongard, «Perdre 9 975 visiteurs en onze mois pas une hémorragie»

19 décembre 2019, 22:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Arrivées touristiques: Lesjongard, «Perdre 9 975 visiteurs en onze mois pas une hémorragie»

Ceux qui espéraient «un petit miracle» pour le tourisme devront s’armer de patience. Les derniers chiffres du bureau national des statistiques ne sont pas réjouissants pour cette industrie qui compte 46 000 emplois directs, 20 400 chambres (dont 66 % dans les hôtels) et 3 097 opérateurs enregistrés à la Tourism Authority.

Six pays dans le Top 10 des marchés émetteurs ont enregistré un recul de janvier à novembre, en comparaison à la même période en 2018. Ils sont le Royaume-Uni, La Réunion, l’Allemagne, l’Afrique du Sud, l’Inde, et bien entendu, la Chine. Ensemble, ils représentent un déficit de 51 049 visiteurs durant cet intervalle, toujours par rapport à la même période l’année dernière.

L’empire du Milieu se taille la part du lion avec une baisse considérable de 22 828 visiteurs. Arrivent en- suite l’Inde et le Royaume-Uni avec un recul de 10 833 et de 8 401 touristes respectivement. L’Afrique du Sud les talonne avec 5 264 vacanciers en moins durant les 11 premiers mois de l’année.

Dans l’ensemble, le pays accuse une baisse de 0,8 % du nombre d’arrivées avec 1 231 390 visiteurs de janvier à novembre. Pendant la même durée l’année dernière, il en a accueilli 1 241 365.

Pendant ce temps, deux concurrents directs de Maurice dans la région réalisent une meilleure performance durant cette période ou presque. L’archipel des Seychelles enregistre une croissance de 6 % par rapport à l’année dernière avec un total de 345 294 visiteurs de janvier à novembre. Les Mal- dives, selon les dernières statistiques officielles disponibles, notent une hausse de 15,4 % de janvier à octobre.

Quant au Sri Lanka, l’attentat terroriste du 20 avril a impacté drastiquement son tourisme avec une chute de 19,6 % enregistrée durant les onze premiers mois de l’année, en comparaison à l’année dernière. De 2 080 627 touristes de janvier à novembre 2018, le pays est passé à 1 672 039 visiteurs cette fois-ci.

Face à cette hémorragie que Maurice peine à stopper, que prévoient le ministère du Tourisme, la Mauritius Tourism Promotion Authority et l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice (AHRIM) afin de l’endiguer ? «Appeler cela une hémorragie alors qu’on parle d’une baisse de 9 975 touristes sur onze mois est inapproprié», réagit le ministre du Tourisme Joe Lesjongard.

«Maintenir la compétitivité»

Pour lui, l’industrie fait certes face à de nombreux défis mais les autorités mettent les bouchées doubles pour renverser cette tendance. «Je ne dis pas que tout est rose mais il y a aussi des facteurs exogènes qui sont indépendants de notre volonté. Le marché anglais qui a fléchi à cause du Brexit, l’écroulement de Thomas Cook qui était un gros pourvoyeur de touristes anglais à Maurice, l’Afrique du Sud qui aujourd’hui connaît pas mal de challenges économiques avec un rand qui ne cesse de perdre sa valeur et la grève de la South African Airways», fait-il valoir.

D’ajouter que les discussions avec les partenaires du secteur ont commencé et qu’un plan stratégique a été mis en place il y a quelques mois. «Il nous faut maintenir notre compétitivité et notre image de marque, accroître la visibilité de notre produit touristique et mieux nous adapter aux exigences du marché. Je suis très optimiste que 2020 sera une meilleure année pour notre industrie touristique», conclut le ministre.

Rappelons que déjà à la dernière assemblée générale de l’AHRIM, le 28 juin, son président Jean-Michel Pitot estimait qu’il faut décréter le tourisme «priorité économique nationale». Face à la contre-performance qui a démarré en début d’année, Jean-Michel Pitot parlait à ce moment-là, de «wake-up call» et d’«urgence» tout en soutenant qu’il ne faut pas succomber à la morosité et qu’il faut à la place faire preuve d’initiatives, d’inventivité et d’enthousiasme.

Au chapitre des mesures à prendre, le président de l’AHRIM convient que le tourisme balnéaire n’est plus le seul élément déterminant du choix de notre destination. Le voyageur qui vient à Maurice veut voir le pays et pas uniquement la mer, disait-il dans son allocution. À cet effet, l’AHRIM propose de créer des zones de découverte, vivantes et divertissantes. Comme, raconter Chamarel, Mahébourg, Port-Louis autour des spécificités uniques de ces régions. Ce, tout en soignant ces atouts qui sont déjà des rendez-vous phares pour le touriste. Jean-Michel Pitot qui a pris l’exemple de Péreybère qui «risque d’être défiguré par un bâtiment de près de trois étages le long de la route côtière», a évoqué l’urgence de préserver l’esthétique des sites mythiques. Il plaide pour une structure public-privé qui veillerait au respect du patrimoine et qui éviterait ce genre de résultat. Enfin, pour l’AHRIM, «le développement du tourisme est une question de planification pour l’avenir. Cela est d’autant plus crucial lorsque l’on prend conscience du changement climatique et de la vulnérabilité de la destination qui en découle. La planification à long terme ne doit pas se limiter à de vains vœux pieux. Aujourd’hui, nous avons besoin de plans à cinq, dix ou 20 ans pour aller de l’avant», peut-on lire dans le dernier rapport annuel de l’organisation, qui représente 77 hôtels, 21 restaurants, six IRS, entre autres opérateurs.

De son côté, Arvind Bundhun, le directeur de la Mauritius Tourism Promotion Authority qui nous a donné un rendez-vous téléphonique, hier, est par la suite resté injoignable.

Un touriste sur deux ne va pas à l’hôtel

<p style="text-align: justify;">Lors des assises de l&rsquo;Environnement lundi et mardi, Jocelyn Kwok, CEO de l&rsquo;Association des hôteliers et restaurateurs de l&rsquo;île Maurice (AHRIM), a déclaré que si on continue avec les constructions d&rsquo;hôtels, il n&rsquo;y aura plus de plage à Maurice. Cependant, beaucoup de touristes ne vont plus à l&rsquo;hôtel. <em>&laquo;Un touriste sur deux que vous croisez n&rsquo;est pas à l&rsquo;hôtel. Donc, l&rsquo;impact des hôtels n&rsquo;est pas ce que vous pensez&raquo;,</em> a-t-il souligné. Il a fait ressortir qu&rsquo;il y a un plan de développement au niveau du ministère du Tourisme. <em>&laquo;On parle de 2 millions de touristes d&rsquo;ici 2030. Est-ce suffisant ou trop ? Je n&rsquo;en sais trop rien.&raquo;</em></p>

<p style="text-align: justify;">Le CEO de l&rsquo;AHRIM assure néanmoins que les hôteliers ont un mandat écologique ; la moitié des hôtels sont verts dans les opérations au quotidien. On envisage des objectifs de réduction d&rsquo;impact pour ce qui est du gaspillage alimentaire, l&rsquo;élimination du plastique d&rsquo;ici 2030, entre autres. Les hôtels commencent déjà à remplacer les bouteilles en plastique par celles en verre.</p>

<p style="text-align: justify;">Par ailleurs, Jocelyn Kwok a souligné que l&rsquo;AHRIM ne conteste pas l&rsquo;Environmental Protection Fee. Il a précisé que c&rsquo;est seulement en temps de crise que l&rsquo;industrie a demandé un soulagement fiscal et que la taxe verte est comme une contribution pour l&rsquo;environnement.</p>