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Dopage: Moscou dénonce une «hystérie anti-russe»

10 décembre 2019, 07:52

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Dopage: Moscou dénonce une «hystérie anti-russe»

La Russie, exclue pour quatre ans des compétitions internationales pour un scandale de dopage, a dénoncé lundi une «hystérie anti-russe» et des sanctions «politiques», tandis que des sportifs dépités se préparent à poursuivre leurs carrières sous drapeau neutre.

Bien que reconnaissant que la Russie a un «un sérieux problème de dopage», le Premier ministre Dmitri Medvedev a critiqué des «décisions qui se répètent contre des sportifs qui ont déjà été punis», liées selon lui à la «poursuite d’une hystérie anti-russe devenue chronique».

Le chef du gouvernement a jugé que les instances sportives russes devaient faire appel de la décision de l’Agence mondiale antidopage (AMA) d’exclure la Russie des grandes compétitions, Jeux olympiques 2020 de Tokyo inclus.

Pour le patron de l’agence antidopage russe Rusada, Iouri Ganous, cette situation était prévisible, et la chance d’une victoire en appel est nulle tant la culpabilité russe est évidente.

Le ministre des Sports, Pavel Kolobkov, a également reconnu des «problèmes» de dopage mais a, au contraire, jugé que les chances de la Russie en appel étaient «assez bonnes». Qualifiant les sanctions de l’AMA de «politiques», il a mis en avant le «travail incroyable» accompli selon lui dans la lutte antidopage par les instances russes.

Le chef du Comité olympique russe, Stanislav Pozniakov, a dit être «déçu» par les sanctions «prévisibles» mais «inadéquates et excessives» de l’AMA. Il a appelé les instances internationales à ne pas faire des athlètes russes «propres» les otages de la situation.

- «Changements sérieux» -

Cinq ans après la découverte d’un système de dopage d’Etat en Russie, le pays est sanctionné de nouveau pour quatre ans pour avoir été pris la main dans le sac, selon l’AMA, en manipulant des bases de données de contrôles.

«Je veux dire que nous attendons du président (Vladimir Poutine) qu’il provoque des changements sérieux» dans la lutte contre la triche sportive, a martelé une fois de plus le chef de Rusada.

M. Ganous avait prédit de telles sanctions, accusant les autorités russes d’avoir falsifié les données pour protéger les tricheurs.

La Russie a néanmoins pris l’habitude de dénoncer un complot médiatico-occidental destiné à humilier le pays et à écarter la concurrence.

M. Poutine a utilisé avec succès ces dernières années l’organisation de grandes compétitions comme source de prestige international: Championnats du monde d’athlétisme (2013), Jeux olympiques d’hiver à Sotchi (2014), Mondiaux de natation (2015) et de hockey sur glace (2016).

La Coupe du monde de football en 2018 avait aussi été une réussite: plus de 3 millions de touristes étrangers s’étaient rendus en Russie pendant la compétition et 17 chefs d’Etat étrangers avaient assisté à la cérémonie d’ouverture.

- Pas de boycott -

Du côté des sportifs et de leurs instances, les réactions vont de la consternation à la colère, les sanctions prononcées lundi punissant selon eux les compétiteurs propres et non les coupables.

«C’est une décision très triste, on espère qu’elle sera revue» en appel, a dit à l’agence Tass le champion olympique de judo 2016 Khasan Khalmurzaev.

«Je n’ai pas de mots, j’en ai le souffle coupé (...) Tout ça c’est politique», a réagi de son côté Aslanbek Khushtov, champion olympique de lutte en 2008.

Le président de l’Union des biathlètes russes, Vladimir Drachev, a lui dénoncé auprès des médias russes une «décision non objective, car le sport russe a beaucoup fait ces dernières années» pour éradiquer son problème de dopage.

L’idée de continuer la compétition sous drapeau neutre faisait néanmoins son chemin du côté des fédérations.

«Il faut se battre au Tribunal arbitral du sport bien sûr», a jugé le chef de la fédération de gymnastique Vassili Titov, mais quel que soit l’issue de ces procédures, il faut «aller (aux JO), participer et en aucun cas boycotter».

Pour le président de la Fédération de natation, Vladimir Salnikov, cité par l’agence Ria Novosti, «bien sûr qu’on préfère que nos sportifs participent sous drapeau russe et entendent l’hymne de leur pays». «Mais les circonstances peuvent être autres (...) personne n’a le droit de priver les sportifs innocents de leurs rêves», a-t-il ajouté.

Le patron de la Fédération de handball, Sergueï Chichkarev, a lui aussi affirmé que les équipes russes participeraient à la compétition même si le drapeau russe n’est pas hissé aux JO d’été 2020 à Tokyo.

Avant de promettre que la Russie allait se battre avec un «acharnement particulier» pour remporter le mondial féminin en cours au Japon.