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Deuxième plainte de Huawei contre l’administration Trump

5 décembre 2019, 13:09

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Deuxième plainte de Huawei contre l’administration Trump

Huawei a annoncé jeudi une deuxième procédure judiciaire contre l’administration américaine, qui a exclu le géant chinois des télécoms de certaines subventions au nom de la sécurité nationale.

En plein affrontement commercial, technologique et diplomatique entre Pékin et Washington, Huawei a dénoncé une décision «illégale» de la part de l’administration Trump, qui voit dans le leader mondial des équipements 5G un cheval de Troie du régime chinois.

«Huawei est une entreprise chinoise. C’est la seule excuse» de Washington pour poursuivre le groupe, a dénoncé devant la presse le chef des services juridiques du géant des télécoms, Song Liuping.

Lors d’une conférence de presse au siège du groupe à Shenzhen, dans le sud de la Chine, M. Song a annoncé le dépôt d’une plainte aux Etats-Unis contre sa mise à l’écart d’un fonds fédéral destiné à développer les infrastructures de télécommunications en zones rurales.

Huawei, ainsi que son compatriote ZTE, tous deux soupçonnés par Washington d’espionnage potentiel au profit de Pékin, ont été exclus le mois dernier d’un fonds de 8,5 milliards de dollars géré par la Federal Communications Commission (FCC).

Invoquant «une menace pour la sécurité nationale», la commission fédérale des communications a interdit aux opérateurs télécoms américains de recourir à son Fonds de service universel (USF) pour financer des équipements des deux entreprises chinoises.

Elle a également proposé «d’exiger des entreprises recevant des fonds de l’USF (...) qu’elles retirent et remplacent les équipements et services» qui auraient déjà été fournis par Huawei et ZTE.

Le président de la FCC, Ajit Pai, a justifié sa décision par le fait que Huawei et ZTE «ont des liens étroits avec le gouvernement communiste et l’appareil militaire chinois».

Liste noire

Huawei, numéro deux mondial du téléphone portable, est au coeur de l’affrontement technologique entre les deux géants du Pacifique. Notamment parce que le groupe, fondé par un ancien ingénieur de l’armée chinoise, Ren Zhengfei, est considéré comme incontournable pour la fourniture des équipements 5G, la cinquième génération de l’internet mobile.

M. Song a estimé que la décision de la FCC n’établissait pas que l’entreprise chinoise constituerait une menace pour la sécurité des Etats-Unis.

«Bannir une entreprise comme Huawei, simplement parce que nous avons démarré en Chine, ne résout pas les questions de cybersécurité», a-t-il déclaré.

Huawei a déjà porté plainte en mars dernier aux Etats-Unis contre la loi de finances du ministère américain de la Défense, qui interdit aux administrations d’acheter des équipements ou services fournis par le géant chinois.

Le département du Commerce avait par ailleurs placé en mai Huawei et ses filiales sur une liste noire d’entreprises interdites de faire du commerce avec des sociétés américaines.

Un coup très dur pour Huawei, qui dépend de la technologie américaine pour ses smartphones, notamment le système d’exploitation Android de Google.

Mais dur aussi pour les entreprises américaines pour qui Huawei est un gros client, ou pour les opérateurs qui comptent sur ses équipements pour installer la 5G.

Résultat, l’administration Trump a indiqué le mois dernier avoir commencé à donner un feu vert spécifique à des entreprises américaines désireuses de fournir des composants à Huawei, mais uniquement à celles exportant des produits non sensibles sur le plan de la sécurité nationale.

Ce nouveau répit de 90 jours est le troisième depuis mai. Il est justifié par le département du Commerce par le fait qu’il faut continuer de desservir des zones rurales les plus reculées des Etats-Unis qui risquent d’être privées de technologie mobile.

ZTE a pour sa part frôlé la faillite l’année dernière après que des entreprises américaines ont été empêchées de lui vendre des composants vitaux en raison de ses relations avec l’Iran et la Corée du Nord. Donald Trump est ensuite revenu sur sa décision et a permis à ZTE de reprendre ses importations mais à de strictes conditions.