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Un château vendu par l’Etat belge: petits budgets s’abstenir

30 novembre 2019, 21:35

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Un château vendu par l’Etat belge: petits budgets s’abstenir

En Belgique, un château du XIXe siècle à l’histoire mouvementée est mis en vente aux enchères par l’Etat, qui espère en obtenir au moins 1 million d’euros. Reste à séduire l’acheteur fortuné qui saura redonner vie à un tel espace.

Niché dans un parc boisé de la campagne flamande, à Gelrode sur la commune d’Aarschot (centre-est), le château Van Rivieren est un des trois «biens exceptionnels» actuellement proposés à la vente par les Finances belges.

Sur un site dédié, la photo de l’imposante bâtisse en briques rouges coiffée d’une flèche de style germanique côtoie celles d’un bâtiment liégeois du XVIIe et d’une ancienne abbaye wallonne de 1850, en quête d’un acheteur depuis plusieurs années.

Mais pour le château, un cas particulier, le ministère a décidé d’organiser une vente publique, prévue le 11 décembre.

Avec auparavant trois journées «portes ouvertes» permettant aux acheteurs potentiels de découvrir les lieux, ses hauts plafonds, cheminées en marbre et le «majestueux escalier central en chêne» vanté par l’annonce. Au total 38 pièces et 342 m2 habitables.

«L’état est plutôt bon, meilleur que ce que je croyais», dit à l’AFP Karel De Ghent, qui se mêle ce matin-là à une vingtaine de visiteurs, certains équipés d’une lampe-torche comme des spéléologues.

«Le problème c’est qu’on ne peut pas voir la toiture, or dans un château on sait que les plus gros frais sont toujours là», ajoute cet informaticien venu de Louvain.

Chambres d’hôte

Lui imagine déjà les chambres d’hôtes à l’étage, une formule que le dernier propriétaire en date avait déjà expérimentée... En aménageant une piscine intérieure à la décoration douteuse, près d’une vaste véranda bâtie en violation des règles d’urbanisme.

Qui voudra se retrouver propriétaire d’un tel ensemble disparate, avec le surcoût des inévitables rénovations ?

Florence Angelici, porte-parole du ministère des Finances, assure que les marques d’intérêt sont variées.

«On entend des personnes qui veulent faire des espaces de séminaire ou des pensions pour les personnes âgées avec des revenus assez conséquents», souligne-t-elle. L’escalier en chêne a été doublé d’un ascenseur qui permettrait l’accueil de retraités.

En tout cas le temps de réflexion est court. Et l’acte d’achat déjà prêt pour qui le souhaite.

Il sera signé «immédiatement» dès la clôture des enchères, prévient Mme Angelici, «il faut donc être sûr d’avoir le financement nécessaire».

Lors de la visite ce jour-là, certains, simples curieux, ignorent complètement les documents officiels ou les vices cachés de la bâtisse.

Comme ces deux frères de 65 et 72 ans, venus d’un village voisin pour revoir au château leur chambre d’enfant.

Une cachette

Leurs parents, lui jardinier, elle cuisinière, comptaient dans l’immédiat après-guerre parmi la quinzaine d’employés de la famille Vanden Eynde qui vivait là.

«Si on est émus ? Non ça va, ça fait longtemps», lâche le plus jeune frère.

Selon les documents officiels, c’est Oscar Vanden Eynde qui fit construire le château en 1880 à Gelrode, localité (aujourd’hui fusionnée avec Aarschot) dont il allait ensuite devenir bourgmestre.

Hormis pendant l’occupation des lieux par l’armée allemande en 1939-45, l’élu y a vécu jusqu’à sa mort en 1950.

Monastère pour bénédictins italiens, pension pour orphelins, le château a ensuite eu de multiples vocations durant la deuxième moitié du XXe siècle.

Et il s’est retrouvé sans occupant à partir de 2009, quand la justice belge l’a saisi dans le cadre d’un scandale de blanchiment d’argent.

D’après la presse flamande, c’est aux dirigeants d’une compagnie maritime basée à Anvers (nord) que le château a été confisqué, au sein d’un ensemble de biens, voitures de luxe et comptes bancaires pour un montant total de 45 millions d’euros.

Le scandale a été retentissant dans les années 2000. Cette entreprise, Auto Car Line Navigation (ACLN), était accusée d’avoir effectuée des transactions illégales à hauteur d’environ 90 millions d’euros.

Des pratiques peu avouables qui expliquent peut-être la spacieuse cachette aménagée à l’étage du château.