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Métiers maritimes: ces artisans qui prennent la mer

24 novembre 2019, 21:00

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Métiers maritimes: ces artisans qui prennent la mer

Si l’un mène les bateaux à bon port, l’autre est incollable sur les casiers. Lewis Cangy et Francis René sont tous deux tombés à la mer depuis l’enfance et y sont immergés malgré les caprices du temps. Rencontre à l’occasion de la Journée mondiale des pêcheurs artisans et travailleurs de la mer célébrée le 21 novembre.

«Mo ti al lékol mé mo’nn fail. Lerla mo’nn plis intérésé ek lamer. Samem finn vinn berso mo métié. Mo kré bann bato», se rappelle Lewis Cangy. Âgé de 49 ans, cet habitant de Grand-Gaube crée des bateaux. Il s’est jeté à l’eau dès ses treize ans. À l’époque, les temps étaient durs. Les enfants étaient peu scolarisés et les familles nombreuses. La pêche figurait parmi les seules options possibles pour sortir la tête de l’eau. Grâce à Alfred, un proche, il découvre peu à peu les ficelles. Graduellement, il se fait la main. «Mo kapav pann al lekol bokou mé difisil pou fer seki mo pé fer azordi», déclare-t-il.

À ses débuts, la tâche est encore plus ardue. Car la matière première était le bois, le «meranti», plus précisément. Il fallait alors acheter des arbres chez les individuels et les couper. Pour se faire, il fallait se mettre à deux. Par la suite, les techniques ont évolué. Désormais, il travaille avec la fibre de verre, un matériel plus modulable. «Bizin fer so moulaz ek donn li so form. Lerla nou fasonn bato-la», explique-t-il. 

Commandes affluentes

Fabriquant des barques et des plus gros bateaux, Lewis Cangy s’est perfectionné. Il compte plus d’une trentaine de créations à son actif et de nombreuses réparations. Dans ce cas, il a dû les allonger ou refaire la largeur. Dans d’autres cas, il a équipé les embarcations de réservoirs à essence. Ainsi, les pêcheurs peuvent naviguer jusqu’à St-Brandon, Madagascar entre autres régions.

Employé désormais par Ritesh Gurroby, qui possède des bateaux de pêche, il continue à prendre le large par amour du métier et de la mer, dit-il. Si bien qu’il doit même refuser des commandes tant elles affluent. Travaillant de 8 à 15 heures, il s’adonne à son oeuvre en toute quiétude : «Péna présion. Mo pran mo létan trankil mo travay.» 

D’ailleurs, parlant de temps, quelle est la durée de confection des bateaux ? Tout dépend de la dimension. Par exemple, pour une embarcation de 24 à 25 pieds, deux mois sont requis. Pour un autre de 60 pieds, il faut compter environ sept mois.

Un jour pour fabriquer un casier

Comme lui, Francis René, 70 ans, est un artisan de la mer. Originaire de Trou-d’Eau-Douce, il fabrique des casiers pour la pêche des langoustes, homards et poissons. Et tout a commencé à 14 ans : «Mo fami ti bien mizer. Nou ti a dis zanfan. Mo mem ti pli gran. Avek mo papa ki mo’nn aprann tou.» 

C’est donc aux côtés de Louis George René, son papa, qu’il fait ses premières armes aussi bien pour la pêche que pour la confection. «Li ti difisil mé mo’nn débriy mo difil. Mo ti pé servi royar lor enn plato pou mont kazié- la», explique-t-il. C’est ainsi qu’il a démarré sa carrière. À un certain moment, Francis René a opté pour la maçonnerie. Mais la passion de la mer l’a emportée.

Il est revenu à la case… ou plutôt au casier… départ. D’ailleurs, pour en compléter un, cela prend un jour. C’est dire que le métier n’est pas de tout repos. Après leur fabrication, il utilise les casiers pour aller pêcher. Son compagnon de route est un bateau qu’il affectionne depuis plus de 20 ans. Par sécurité, Francis René ne s’aventure pas en dehors des eaux mauriciennes. Et en cas d’intempéries, il ne part pas travailler. «Sa travay-la ou alé, ou pa koné si ena rétour. Ou mem kapav gagn enn kriz kardiak ou tom dan dilo ou mor. Mé mo pou kontigné. Kapav enkor dézan lerla mo pou répozé», marque-t-il.

En chiffres

<p style="text-align: justify;">158 300 : tel est le nombre de Mauriciens employés comme<em> &laquo;skilled agricultural, forestry and fishing workers&raquo;</em><br />
	<br />
	en 2018. Ceci inclut 135 200 hommes et 23 100 femmes, selon un rapport de Statistics Mauritius.<br />
	Comparativement, ce taux était de 176 300 en 2008.&nbsp;<br />
	<br />
	Et en termes de revenus, ces travailleurs percevaient une moyenne de Rs 15 400 par mois l&rsquo;an dernier.</p>