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En Thaïlande, le pape met en garde une jeunesse obsédée par le consumérisme

22 novembre 2019, 17:09

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En Thaïlande, le pape met en garde une jeunesse obsédée par le consumérisme

Le pape François a mis en garde vendredi en Thaïlande la jeunesse contre «le consumérisme» et les dangers de la technologie, appelant aussi l’Eglise catholique dans ce pays majoritairement bouddhiste à ne «pas avoir peur» d’adapter son discours pour attirer de nouveaux fidèles.

A la veille de s’envoler pour le Japon, François, 82 ans, a consacré à la jeunesse une grande partie de sa troisième journée de visite en Thaïlande. Et lui a lancé un avertissement.

«Les progrès technologiques rapides» peuvent «conduire à la croissance du consumérisme», a-t-il relevé.

«Nous pouvons être influencés par les voix de ce monde qui rivalisent pour attirer notre attention», mais elles «finissent par entraîner un vide», a-t-il insisté lors d’une messe dédiée aux jeunes dans la cathédrale de l’Assomption à Bangkok.

La Thaïlande est férue de nouvelles technologies. Le pays est l’un des cinq plus gros consommateurs d’internet au monde, chacun s’y consacrant en moyenne plus de neuf heures par jour sur son smartphone, d’après différentes études.

Une tendance qui pourrait contribuer à détourner le royaume, à plus de 95% bouddhiste, de la religion. Et encore affaiblir les quelque 400.000 catholiques du pays, ultra-minoritaires mais très actifs dans le domaine éducatif et médical.

«Vocations en décroissance»

Évangélisée par des missionnaires européens à partir du XVIe siècle, la Thaïlande «est confrontée à la même situation que d’autres pays du monde, à savoir une crise de vocations en décroissance», reconnaît l’évêque Joseph Pradhan Sridarunsil.

Face à cela, François a encouragé l’Église à ne «pas avoir peur» de s’adapter à la culture du royaume pour attirer de nouveaux fidèles.

Un discours qui n’est pas nouveau: dans la tradition chrétienne, «l’inculturation» consiste à intégrer les traditions locales dans l’enseignement religieux.

«Pour beaucoup la foi chrétienne est une foi étrangère, la religion des étrangers», a décrit le pape. Il faut donc «oser» parler «en dialecte» local, aller bien au-delà des simples traductions de textes, a-t-il ajouté.

François ne prône pas le prosélytisme agressif qui a marqué le passé de l’Église catholique, une attitude qui serait très périlleuse pour les chrétiens minoritaires de certains pays moins tolérants que la Thaïlande.

Mais il répète sans cesse qu’il faut attirer les fidèles en agissant concrètement sur le terrain.

En Thaïlande, les prêtres et évêques doivent se préoccuper du «fléau des drogues et de la traite des personnes» - dont le pape a déploré les ravages à plusieurs reprises lors de sa visite.

Ils doivent aussi s’attaquer aux «inégalités économiques et sociales».

Malgré la faible présence catholique dans la région, des dizaines de milliers de fidèles, venus aussi en nombre du Vietnam ou du Cambodge, ont répondu présents lors de cette visite papale.

Soixante mille d’entre eux ont assisté à une grande messe, célébrée jeudi en plein air au stade national de Bangkok.

Vendredi, le souverain pontife a encore été accueilli par une foule nombreuse et enthousiaste, scandant «Viva il papa!», dans plusieurs lieux symboliques de la ville.

Bunthom Bun-arunraksa, 90 ans, qui avait aidé à organiser la visite de Jean Paul II en Thaïlande en 1984, était aux anges. «Voir le pape François aujourd’hui est comme un don de Dieu», a-t-il confié.

A l’extérieur de la cathédrale de l’Assomption, Phuong Tran, 25 ans, a, elle, entendu l’avertissement du pape sur les potentiels dangers du monde moderne, incitant l’Église thaïlandaise à «se servir de la technologie pour diffuser la religion plus largement».

François a aussi beaucoup axé son voyage sur le dialogue entre les religions.

Jeudi, il a rencontré le 20e patriarche suprême, Somdej Phra Maha Muneewong, dans un haut lieu du bouddhisme.

Les catholiques ont toujours «joui de la liberté dans leur pratique religieuse» en Thaïlande, a-t-il loué.

Vendredi, il a salué longuement les représentants de l’ensemble des cultes de Thaïlande.

Puis, de jeunes musulmans venus du sud du pays, en proie à un conflit séparatiste qui a fait quelque 7.000 morts depuis 2004, ont chanté pour lui aux côtés de chrétiens dans une grande université de Bangkok.

Le souverain pontife s’envole samedi pour le Japon, une deuxième étape beaucoup plus politique puisqu’il se rendra à Nagasaki et Hiroshima, où il y a 74 ans deux bombes atomiques américaines firent respectivement 74.000 et 140.000 morts.