Quatre ans, il n’attend qu’une chose : que sa fille, Yeshna Rughoobin et sa mère, Reshma Rughoobin, obtiennent enfin justice. Mais Ravi Rughoobin n’est pas au bout de sa peine. Le procès pour le double meurtre à Camp-de-Masque, qui a eu lieu en février 2016, risque de prendre encore du temps. Ce n’est pas uniquement le délai qui exaspère le jeune père. Le fait «d’être oublié» par les autorités rajoute à sa détresse.

«Ce n’est qu’à travers la presse que j’ai appris que l’affaire est devant la Justice. J’étais choqué. Je n’ai reçu aucune lettre, aucun mél et pourtant, ma famille est directement concernée. J’ai déjà fourni mes coordonnées aux autorités concernées. Je veux savoir qui est censé m’en informer», témoigne-t-il à l’express.

C’est toujours à travers la presse que Ravi Rughoobin dit avoir pris connaissance du fait que le principal suspect, Tavish Ausmann, aujourd’hui âgé de 21 ans, a plaidé non coupable. «Cela m’écœure. La justice semble nous avoir oubliés mais je tiens à rappeler que le témoin principal, mon fils, est toujours en vie. Ses parents sont toujours en vie. Le temps passe, certes, mais personne n’a oublié ce que ma mère et ma fille ont subi ce jour-là. Ce drame nous a marqués à vie.»

Selon nos recoupements, la poursuite et la défense n’ont pas encore finalisé la liste des témoins et donc ce n’est pas encore confirmé que le frère de Yeshna sera appelé à la barre des témoins. Il est l’unique rescapé du drame qui avait bouleversé tout le pays. Même s’il avait été blessé ce jour-là, il avait pu identifier Tavish Ausmann à sa sortie de l’hôpital et il a raconté aux enquêteurs avec moult détails comment sa sœur et sa grand-mère ont perdu la vie.

Le début du procès retardé

Le procès aurait dû être pris sur le fond à partir de cette semaine, sauf que Me Rama Valayden, avocat de Tavish Ausmann, a présenté une motion contestant la composition de la liste des jurés. La raison ? Cette liste en question n’a pas encore été mise à jour depuis novembre 2018 et Me Rama Valayden argue qu’il est probable qu’entre-temps, des personnes sur cette liste ont dépassé les 65 ans ou qu’elles aient été condamnées. «C’est possible que seules 22 personnes sur une liste de 100 soient encore capables de juger de façon juste. Ce n’est pas correct.»

Hier aux Assises, Me Rama Valayden a ainsi demandé au juge Patrick Kam Sing d’attendre à ce que cette lenteur administrative soit réglée avant d’aller de l’avant avec le procès. Selon la Jury Act, amendée l’année dernière, la liste de jurés doit être mise à jour chaque année après consultation avec la commission élection, le State Law Office ou encore le Commissaire de police. Or, cela n’a pas encore été fait pour 2019. Le ruling du juge Patrick Kam Sing sur la motion de Me Valayden est attendu le 19 novembre.