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Brésil: quatre ans après la catastrophe de Mariana, un décor fantôme

4 novembre 2019, 20:56

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Brésil: quatre ans après la catastrophe de Mariana, un décor fantôme

Il y a quatre ans, un barrage de retenue de résidus de minerai de fer s’effondrait près de Mariana, provoquant le pire désastre écologique jamais vu au Brésil.

Aujourd’hui, dans les alentours de la petite ville du sud-est de l’Etat rural du Minas Gerais, tout ce qui reste sont des villages en ruine, un paysage dévasté et des milliers d’habitants qui attendent toujours des compensations sous une forme ou une autre.

La rupture le 5 novembre 2015 du barrage de Fundao, géré par une société commune appelée Samarco, a libéré brutalement dans la nature 40 millions de mètres cube de déchets hautement toxiques. Une rivière de boue chargée de résidus a englouti les localités de Bento Rodrigues et Paracatu de Baixo, les rayant de la carte.

De ce chaos, des villages fantômes ont émergé au fil des mois: des maisons abandonnées, des églises, une école, toutes recouvertes de mauvaises herbes et dont les murs sont couverts de cette couleur cuivrée du minerai qui a repeint tout le paysage.

«C’était le pire jour de ma vie. Je me suis mis à courir pour rester en vie, pour ne pas être pris dans le flot de boue», dit Zezinho do Bento, un vendeur en retraite qui habitait alors à Bento Rodrigues.

«Je n’ai pas perdu la vie. Mais j’ai perdu tout le reste», dit-il.

La boue a englouti 19 personnes et 39 localités du Minas Gerais, mais a aussi déferlé sur l’Etat voisin d’Espirito Santo, parcourant 600 kilomètres, en suivant le cours du Rio Doce et de ses affluents jusqu’à l’océan Atlantique, dévastant la végétation le long de son passage.

Aucun dirigeant de Samarco, joint-venture du grand groupe minier brésilien Vale et de l’Anglo-Australien BHP, n’a été condamné. Les accusations d’homicide ont été abandonnées. Restent celles, moins lourdes, liées aux dégâts provoqués à l’environnement.

Villes «nouvelles»

Au mois d’août dernier, Samarco, Vale et BHP avaient versé, via une organisation sans but lucratif nommée la Fondation Renova, l’équivalent de 1,5 milliard d’euros pour «les mesures de réparation et de compensation» le long de la rivière Doce et de ses 113 affluents.

Mais d’autres rivières n’ont pas encore été nettoyées et 40.000 hectares de forêt Atlantique attendent toujours d’être reboisés, indique la fondation.

Sur les 1,5 milliard d’euros versés, 400 millions ont été alloués aux dédommagements d’environ 320.000 personnes, alors que le parquet a indiqué que 700.000 avaient été touchées au total.

Dans la petite ville de Mariana, située à une trentaine de kilomètres du barrage, seulement 151 des 825 familles qui s’étaient fait enregistrer avant décembre 2018 comme victimes de la rupture du barrage, ont reçu des dédommagements financiers, a indiqué à l’AFP un représentant du parquet local, Guilherme Meneghin.

Et 402 familles attendent toujours les nouvelles maisons que Samarco doit faire construire dans des zones à faible risque. Là, vont être édifiés les «nouveaux» Bento Rodrigues et Paracatu.

Les travaux ont pris du retard et ne devraient pas être terminés avant août 2020, soit près de cinq ans après la catastrophe.

Après ce désastre, Vale avait promis: «Plus jamais de Mariana».

Pourtant, en janvier dernier, une autre catastrophe minière a endeuillé et souillé le Minas Gerais. Un autre barrage, lui aussi appartenant au groupe Vale, s’est effondré à Brumadinho, faisant 270 morts ou disparus. C’est à ce jour la catastrophe industrielle au plus lourd bilan humain au Brésil.

Le 25 octobre, Samarco a obtenu le renouvellement de sa licence pour opérer dans la région. Le minerai est une source de revenus majeure pour le Minas Gerais.