Publicité

A un an de la présidentielle, la menace de destituer Trump écrase la campagne

3 novembre 2019, 21:03

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

A un an de la présidentielle, la menace de destituer Trump écrase la campagne

Une Amérique sur les nerfs lance dimanche le compte à rebours un an avant les élections de 2020, Donald Trump pariant sur ses fidèles pour ravir un second mandat et surmonter l’enquête en vue de sa destitution qui écrase la campagne.

Les démocrates se sont engagés dans cette voie périlleuse, au risque d’occulter les débats de leur primaire. Et leur champion pour la présidentielle de 2020 n’a pas encore émergé parmi un nombre record de prétendants.

«Nous n’avons jamais eu autant de soutien qu’actuellement». Le regard sévère, entouré d’une marée de casquettes rouges, le président Trump a balayé vendredi l’idée selon laquelle la procédure de destitution lancée à son encontre pourrait le priver d’un second mandat.

Au contraire, assure-t-il, elle lui permet de galvaniser ses troupes, une «majorité en colère» selon lui, qui dénonce de concert «une chasse aux sorcières». Sur un ton qui augure d’une campagne particulièrement acrimonieuse, il s’est lâché contre des «démocrates qui ne font rien».

Assurance maladie, port d’armes, immigration: à un an du scrutin, plusieurs candidats démocrates tentent de faire prendre un virage à gauche à leur parti. Mais malgré leurs efforts, les enjeux de politique publique sont de fait relégués au second plan.

La sénatrice Elizabeth Warren, l’une des favorites de la primaire démocrate, a vu la présentation de son projet de couverture maladie universelle cette semaine noyée par le premier vote au Congrès dans le cadre de la procédure d'«impeachment».

«A court terme, la procédure de destitution va dominer l’actualité à Washington, la couverture médiatique, et de manière générale l’élaboration de politiques», analyse pour l’AFP Christopher Arteton, professeur à l’université George Washington.

Pas de rival évident

La cheffe des démocrates Nancy Pelosi a longtemps hésité à ouvrir une enquête contre Donald Trump à la Chambre des représentants – où son parti est majoritaire –, craignant que l’opposition ne soit sanctionnée par une procédure clivante, voire impopulaire.

De fait, 49% des Américains soutiennent la procédure et 47% s’y opposent, des opinions reflétant parfaitement leurs affiliations partisanes.

La démarche est d’autant plus risquée que le président américain sera probablement «acquitté» par le Sénat, où les républicains lui restent en majorité fidèles. Les démocrates craignent qu’ils ne trompette, juste avant les élections, qu’il a été blanchi.

Mme Pelosi a finalement franchi le pas le 24 septembre à la suite des révélations sur un appel téléphonique, au cours duquel Donald Trump a demandé à Kiev de «se pencher» sur l’ancien vice-président démocrate Joe Biden, dont le fils a longtemps fait des affaires en Ukraine.

Jusque-là grand favori de la primaire démocrate, l’ancien numéro deux de Barack Obama a vu son image écornée par la polémique et son avantage se réduire au profit surtout d’Elizabeth Warren. Suivent le sénateur progressiste Bernie Sanders, puis le maire modéré Pete Buttigieg, étoile montante de la course.

Pour la première fois, un sondage a placé vendredi Joe Biden quatrième dans les préférences des électeurs démocrates de l’Iowa, qui sera le premier Etat à voter dans cette primaire, derrière le jeune Pete Buttigieg, encore inconnu il y a un an.

Beto jette l’éponge

Autre inconnue qui pèse sur la campagne: le calendrier de la procédure de destitution.

On ne sait pas combien de temps cette enquête va prendre, ni jusqu’à quand son ombre planera au-dessus de la campagne, alors que les premiers votes de la primaire démocrate se dérouleront début février.

«En février, quand la course de la primaire sera vraiment lancée, je pense que la campagne dominera l’actualité», assure M. Arteton.

L’accent mis sur la destitution risque de nuire d’ici là aux plus petits des 17 candidats à l’investiture démocrate, qui affichent une diversité inédite avec plusieurs femmes, deux Afro-américains, un homosexuel assumé, un Hispanique...

«Ils n’obtiendront pas la couverture médiatique qu’ils pourraient recevoir autrement», remarque le professeur.

Dernier exemple en date, le Texan Beto O’Rourke, un temps perçu comme un possible espoir démocrate, a jeté l’éponge.

De son côté, Donald Trump devrait tenter de rééditer la stratégie gagnante de 2016: conquérir grâce à ses électeurs de base quelques Etats-clés lui permettant d’obtenir une majorité de grands électeurs, et remporter le scrutin indirect même en étant battu en total des voix.