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Réseaux sociaux: la censure sur Facebook condamnée par des citoyens

2 novembre 2019, 18:00

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Réseaux sociaux: la censure sur Facebook condamnée par des citoyens

«Posts» bloqués, piratage, censure : les internautes s’élèvent contre cette mise à l’index effective sur le réseau social Facebook. Comment et pourquoi le phénomène s’amplifie ? Explications.

«Your post goes against Community Standards.» Cette phrase, vous l’avez déjà vue au moins une fois. En effet, depuis quelques jours, Facebook est critiqué en enlevant des commentaires politiques alors que nous sommes en période électorale. En effet, plusieurs personnes ont vu leurs posts, commentaires et même des liens partagés disparaître de leur mur.

«Je suis choquée. C’est la première fois que l’on censure un de mes shares. Je suis sur Facebook depuis plus de dix ans. Ce n’est pas comme ça que j’envisage ma République. Si les partis politiques sont derrière ça, c’est la pire erreur qu’ils commettent. Cela fait réfléchir pour qui je vais voter», critique Marie-Noëlle Elissac-Foy, citoyenne engagée. Jeudi dernier, elle a essayé de partager un éditorial d’ION News sur sa page Facebook. Mais le lendemain, elle découvre avec stupeur dans son fil d’actualités que son share a été bloqué avec la mention suivante : «This post goes against our Community Standards on spam.»

Un phénomène surprenant, qui ne s’était jamais produit lors des posts d’éditoriaux précédents. La censure a encore frappé lorsqu’elle a voulu partager un lien de l’express lié aux Protection Orders contre la violence domestique, tels qu’évoqués dans le manifeste électoral du Mouvement militant mauricien (MMM) : «J’ai même dû redémarrer mon portable pour réessayer. Et au passage, ma photo de profil avait disparu. Je n’ai pu partager le lien comme d’habitude. Ce n’est pas normal. Nous sommes des citoyens libres. La campagne électorale ne se fait pas que sur Facebook mais aussi sur le terrain.»

Daniella Bastien, chargée de communication du MMM, a vu son compte piraté : «Mercredi dernier, je n’ai pas pu accéder à mon compte tout d’abord. J’ai compris que quelqu’un d’autre y avait aussi accès. En 15 secondes, mes posts publics portant sur la politique disparaissaient au fur et à mesure. Je me suis déconnectée et j’ai changé mon mot de passe. Depuis jeudi soir, nos commentaires sur notre page Facebook ont disparu. Cela m’intrigue.»

Les yeux rivés sur Maurice

Elle estime que tous les discours à l’encontre du gouvernement sortant par des adversaires sont en train d’être supprimés des réseaux sociaux. «D’où viennent ces attaques ? Et quel est surtout l’objectif derrière ? se demande-t-elle. C’est une atteinte à la démocratie. La communauté internationale a les yeux rivés sur nous pendant cette campagne électorale.» Active sur Facebook depuis 2007, Daniella Bastien affirme qu’il n’est plus question des partis politiques qui se battent mais plutôt de l’image de la République de Maurice qui prend un sale coup avec cette censure.

ION News, elle, a été victime de «piratage», en d’autres mots, Facebook a enlevé plusieurs liens menant vers son site Web. Le réseau social scanne régulièrement les publications avec des «bots», des robots pour protéger les Facebookeurs de liens malveillants. Selon Rabin Bhujun, directeur éditorial du site d’informations, un pirate aurait tenté de détourner les mobinautes vers un site malveillant et, de ce fait, priver le site Web de 80 % du trafic, que représentent les smartphones. Hier soir, cependant, suivant une requête auprès de Facebook, la page était de nouveau opérationnelle, a annoncé Rabin Bhujun.

Or, Facebook est assez pointilleux sur les standards, règles et normes à respecter lorsqu’on adhère à son réseau social. Pour Jason Bholanauth, Senior Digital Marketer à Price WaterhouseCoopers (PwC), il y a diverses raisons pour Facebook de bannir des publications, pages et profils. «Si les publications relèvent du ‘hate speech’, soit à caractère violent, homophobe et menaçant, cela enfreint le code. Des images avec des billets peuvent être bloquées. Il y a aussi des publications contenant des extraits d’auteurs connus.»

Jason Bholanauth explique que Facebook peut enlever des posts si des utilisateurs signalent une publication et que l’algorithme détecte que celle-ci est négative. «L’algorithme va comparer la publication aux standards de Facebook par rapport à divers éléments comme le type de commentaires sur la publication, le ‘caption’ de la publication pour voir si le contenu incite à la violence envers une tierce personne, le nombre de ‘reports’. L’algorithme va ensuite donner un score à la publication et ainsi les publications avec un score élevé sont traitées rapidement.»

Nous avons sollicité l’ingénieur en informatique Chittesh Sham de LSL Digital pour en avoir le cœur net. Selon lui, les publications ont été bannies de Facebook à cause des liens postés ou alors elles font l’objet de «mass reporting» des utilisateurs. En effet, face à des «plaintes» en masse, la machine Facebook enlève ses publications qui vont à l’encontre de ses standards.

Deux représentantes de Facebook Africa à Maurice en marge des élections

<p style="text-align: justify;">Facebook suit la campagne électorale à Maurice de très près. À cet effet, deux &lsquo;Policy Managers&rsquo; ont été dépêchées à Maurice pour contrôler ce qui se passe sur les réseaux sociaux en marge des élections de jeudi prochain. Leur présence vise également à voir l&rsquo;impact des &laquo;fake news&raquo; et autres délits en ligne sur la campagne.</p>