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Mondial de rugby: Erasmus a remis de l’ordre dans la maison verte

28 octobre 2019, 15:11

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Mondial de rugby: Erasmus a remis de l’ordre dans la maison verte

Un peu plus de deux ans après avoir encaissé la plus lourde défaite de son histoire, l’Afrique du Sud disputera samedi contre l’Angleterre la finale de la Coupe du monde. Un spectaculaire redressement opéré par Rassie Erasmus, qui a recentré le jeu et resserré les rangs des Springboks.

Défaites 57-0 en septembre en Nouvelle-Zélande, puis 38-3 en novembre en Irlande: 2017 est fatale à Allister Coetzee, après une année précédente déjà catastrophique, conclue par huit revers en douze rencontres -- pire bilan de l’histoire de la sélection -- dont le premier en Italie.

Pour redresser la barre, les dirigeants rapatrient du Munster (Irlande) Johan «Rassie» Erasmus et lui donnent les pleins pouvoirs avec une double casquette de sélectionneur et «directeur de rugby» de la Fédération.

Il commence par remettre les points sur les «i»: avant de songer à produire un jeu ambitieux derrière, il faut d’abord assurer devant.

Et donc revenir à la quintessence du rugby springbok, soit conquête, défense et occupation par le jeu au pied, un triptyque porté par un paquet d’avants dominateurs, qui ont broyé le Japon (26-3) en quarts de finale puis arraisonné les Gallois dimanche (19-16).

«Rassie est arrivé avec un plan de jeu précis: s’appuyer sur les forces sud-africaines», explique Matt Proudfoot, entraîneur des avants.

La feuille de route est claire, et le groupe doit y adhérer. «Il a placé tout le monde sur la même ligne, et fait en sorte que tout le monde soit aligné sur le même plan de jeu», souligne le pilier remplaçant Thomas Du Toit.

«Le plus gros changement, c’est le changement d’état d’esprit qu’il a produit en faisant en sorte que chacun s’implique dans son rôle et joue à la +Sud-Africaine+. C’est ce qui nous convient, toutes les équipes ont leur identité», abonde Proudfoot.

Primauté au travail

Erasmus, âgé de 46 ans, fait de Siya Kolisi le premier capitaine noir de l’histoire de la sélection, dans un pays où la question raciale est un sujet très sensible.

Aidé par son titre de directeur du rugby de la Fédération, il supprime la règle de sélection des joueurs expatriés et appelle ou rappelle les «étrangers» Cheslin Kolbe, Faf De Klerk, Willie Le Roux ou Vincent Koch.

Place aux meilleurs, souvent les plus gros bosseurs. «Rassie va prendre celui qui travaille dur et fait bien son boulot. Alors que les précédents coaches prenaient ceux qui étaient là depuis des années, même s’ils ne faisaient pas la maille. Maintenant, c’est le travail qui prime», lâche le talonneur Bongi Mbonambi.

Soit ce qu’on attend de quelqu’un dont le rugby est le métier. «Ces deux dernières années, les joueurs ont pris conscience de ce que voulait dire être un joueur de rugby professionnel», déclare ainsi Erasmus.

«A une époque, en Afrique du Sud, être un joueur de rugby pro signifiait juste encaisser un bon chèque. Mais les joueurs ont dû comprendre que s’ils voulaient être des joueurs de rugby pros en Afrique du Sud, ils devaient travailler très dur, et ne pouvaient se contenter de bouger de province en province pour encaisser un bon chèque», ajoute-t-il.

Fini les starlettes

Cette exigence «petit à petit se diffuse à travers les provinces et les franchises. Le niveau général de médiocratie est doucement en train de s’évaporer de notre rugby (...) les joueurs sont en train d’avoir une approche plus professionnelle du rugby», poursuit-il.

Les Springboks sont eux, selon Kolisi, «placés au-dessus de tout» par Erasmus, ancien troisième ligne international (36 sél. entre 1997 et 2001).

Un international en Afrique du Sud, pays où le rugby occupe une place importante, surtout chez les «Afrikaaners» -- ethnie dont est issu Erasmus -- se doit d’être exemplaire.

Fini les starlettes, toujours d’après Kolisi: «Auparavant, la plupart d’entre nous, nous nous faisions mousser sur les réseaux sociaux; il nous a ramenés les pieds sur terre. Et a dit qu’il fallait commencer à bien jouer, le reste viendrait ensuite.»

Erasmus dit leurs quatre vérités aux joueurs, qui apprécient sa franchise, selon Mbonambi: «Il vous dit ce qu’il pense de vous en face et pas derrière votre dos. Et tout le monde est au courant.» La planète ovale aussi: les Springboks sont de retour.