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Helen Brand: l’assurance sans arrogance

26 octobre 2019, 16:43

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Helen Brand: l’assurance sans arrogance

Lorsqu’on dirige une organisation mondiale tentaculaire comme l’ACCA – des représentations dans 179 pays, 219 000 membres dont plus de 3 400 à Maurice et 527 000 étudiants –, les pieds pourraient ne pas toucher terre. Or, il n’y a pas plus simple et pragmatique qu’Helen Brand, qui a pourtant reçu l’insigne d’Order of the British Empire des mains de la Reine Elisabeth en 2011 pour services rendus à la profession d’expert-comptable dans le monde.

Tout cela tient sans nul doute à une question d’éducation. Helen Brand, 54 ans, est l’aînée de trois enfants d’un proviseur et d’une enseignante. Si ces derniers n’ont jamais imposé à leurs enfants des obligations de résultats, leurs enfants ont évolué dans un environnement où une des convictions profondes est que le dur labeur porte toujours ses fruits. «Nous n’avons subi aucune pression et nous sommes en quelque sorte des autodidactes», explique-t-elle, ajoutant que c’est ainsi qu’elle élève ses deux filles de 20 et 16 ans.

Cette native du nord-ouest de l’Angleterre, tout près de Liverpool, a fréquenté un collège d’État et a obtenu ses A Levels en Anglais, Allemand et Histoire, non pas pour enseigner comme ses parents mais parce qu’elle appréciait ces matières. «Je n’ai jamais voulu embrasser la carrière de mes parents. Ils nous disaient simplement d’étudier ce qui nous plaît et que nous finirions par découvrir pour quoi nous sommes doués.»

«Mes parents nous disaient simplement d’étudier ce qui nous plaît et que nous finirions par découvrir pour quoi nous sommes doués.»

Sur les conseils de ses enseignants, elle s’investit énormément dans les activités annexes comme le sport. Elle devient meneuse de groupes et est même nommée Head Girl. À l’issue de son cycle secondaire, elle est admise à l’université d’Exeter, où elle décroche un Bachelor of Arts en politique. Elle passe une année supplémentaire à l’université en tant que présidente du Students’ Union car à ses yeux, l’expérience acquise compte autant que les compétences académiques.

En consultant les journaux, Helen Brand tombe sur des avis de recrutement auxquels elle répond. C’est ainsi qu’elle est recrutée par une organisation professionnelle s’occupant de développement international. Elle se passionne par ce qu’elle fait et y reste neuf ans. Au final, elle occupe le poste de directrice des affaires internationales.

Ayant été inspirée par le parcours d’Anthea Rose, la première femme à avoir été nommée directrice générale de l’ACCA, et par la philosophie inclusive de l’ACCA, Helen Brand manifeste le désir de rejoindre cette grande organisation d’experts comptables. Une demande pouvant paraître incongrue venant d’une non-technicienne.

«Ce qui me plaisait avec cette organisation globale, c’est qu’elle cherchait sincèrement à se développer mondialement et à donner à chaque membre une valeur et une voix égales. J’aimais cette ambition d’inclusion.» L’ACCA n’est tout de même pas la seule organisation à le faire ? «Plusieurs organisations ont une dimension mondiale ou internationale, certes. Mais dans la pratique, elles ne font qu’exporter un savoir-faire purement britannique. Et puis, j’aimais le sens de l’éthique de l’ACCA.»

Helen Brand fait son entrée au sein de l’ACCA en 1996. Les deux premiers pays qu’elle est appelée à visiter alors sont le Ghana et… Maurice ! En 2002, elle est nommée Chief Operating Officer et se met à examiner le réseau mondial de l’ACCA pour comprendre l’écosystème des marchés et voir où le développement est possible, tout en consolidant l’existant. Elle lorgne du côté des économies émergentes comme le Pakistan, les pays du Moyen-Orient, le Vietnam et la Chine et réussit à y faire des percées.

En parallèle, elle développe ses connaissances de haut cadre grâce à des cours, notamment auprès de la Harvard Business School. Elle considère d’ailleurs qu’il est de prime importance de continuer à apprendre et de s’exposer à différentes façons de penser. «Vous ne cessez jamais d’apprendre, que ce soit formellement ou informellement », dit-elle.

En 2004, elle est nommée directrice des opérations et trois ans après, directrice de la Stratégie et du Développement. Poste qu’elle a occupé jusqu’en septembre 2008 quand elle a été nommée CEO. Helen Brand assiste à plusieurs conférences où elle est une des rares femmes présentes. Ses homologues hommes s’attendent à ce qu’elle serve le thé ou le café. «Ils ont attendu longtemps», précise-t-elle avec humour, mais en se montrant indulgente à leur égard.

«L’ACCA a été fondée en 1904 dans l’optique de créer des opportunités et avec une autre culture de l’organisation. Voir débarquer il y a dix ans une femme d’une trentaine d’années, qui n’est pas expert-comptable, et la voir prendre des responsabilités de leadership, n’était pas une chose courante. Les hommes n’étaient pas très à l’aise à l’époque avec cette idée. Cela a changé depuis.»

Appelée à dire ce qu’elle a le sentiment d’avoir apporté à l’ACCA, Helen Brand déclare qu’elle y a inspiré la passion de la réussite qui dicte toutes les actions des employés. Elle précise qu’elle répond à un conseil de 36 gouverneurs et préside l’assemblée internationale, s’assurant que chaque membre y soit représenté et que chaque voix soit entendue. L’ACCA sait s’adapter et évoluer. «Lorsque j’ai pris la barre, tout se faisait sur papier, on imprimait des milliers de questionnaires d’examens que l’on envoyait dans le monde entier. Nous étions certes une organisation qui grandissait mais nous n’étions pas adaptés pour l’avenir.» Elle a alors introduit plusieurs programmes visant à moderniser l’organisation, la mettant notamment à la page technologique.

Considérant que l’éthique, la bonne gouvernance, la transparence et le développement durable sont des facteurs essentiels à toute organisation, Helen Brand est un des membres fondateurs de l’International Integrated Reporting Council et y agit comme vice-présidente. Son apport a aussi été de féminiser le personnel de l’ACCA et de combler progressivement l’écart salarial pouvant exister entre les employés hommes et femmes. Ce qu’elle considère être son plus grand défi en tant que leader est lié au bien-être des personnes au sein de son organisation : veiller à ce qu’elle garde le contact avec ces personnes et les garder motivées.

Helen Brand ne craint pas les répercussions de la prochaine sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne. «Nous sommes une organisation qui a des ramifications mondiales et nous sommes moins dépendants de ce qui se passe au niveau national. Nous allons tout faire pour préserver nos fonctions et continuer à offrir les meilleures opportunités à nos membres. We’ll work with whoever is politically empowered. As for our regulatory and operating issues, we are confident that our status will be maintained.»

Si elle a un conseil à donner aux jeunes femmes qui vont intégrer le monde du travail, c’est de ne pas croire qu’elles doivent agir comme des hommes ou être des caricatures d’hommes pour réussir. «Vous devez être sûres de vous sans mépriser les autres. When you are authentic and true, it’s quite powerful. You need to be a leader by being the best of what you are and by being an inspiration to others that way.»

L’éthique est une des valeurs les plus importantes pour elle. «Ethics is the heart of the accountancy profession. It gives you the power of doing the right thing. The cost of unethical behaviour is huge», ajoute-t-elle. «I am proud to be part of an organisation promoting ethical business practices. Girls should look for organisations promoting these values…»