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Climat, espèces, pollutions: l’environnement en France dans tous ses états

24 octobre 2019, 16:35

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Climat, espèces, pollutions: l’environnement en France dans tous ses états

Émissions de CO2 trop élevées, érosion des écosystèmes, pollution de l’air ou des sols... Les menaces qui pèsent en France sur la nature et l’Homme sont légion, relève un rapport sur l’état de l’environnement publié jeudi.

Cette évaluation du ministère de la Transition écologique souligne notamment que le pays dépasse plusieurs des neuf «limites planétaires», nécessaires à un développement «sûr et juste» de l’Humanité, notamment en matière de changement climatique et d’érosion des espèces.

Changement climatique

Les émissions de gaz à effet de serre ont diminué de 18% entre 1990 et 2017, selon le ministère, mais la France est encore loin de la «cible» d’émissions de 1,6 à 2,8 tonnes par an et par habitant d’ici 2100, nécessaire pour limiter le réchauffement à +2°C.

Ainsi, en 2017, le CO2 émis sur le territoire représentait 4,9 t/hab, et son «empreinte carbone» atteignait même 7,9 t/hab avec les émissions liées aux importations.

Les impacts du réchauffement se font déjà sentir. L’année 2018 a été la plus chaude jamais enregistrée et les événements extrêmes se multiplient (canicules, sécheresses, inondations, feux de forêts).

Entre 1997 et 2017, en moyenne, 3,6 événements naturels très graves (plus de 10 morts ou plus de 30 millions d’euros de dommages) se sont produits chaque année, contre seulement 1 entre 1950 et 1996, selon le rapport, qui précise que plus de quatre cinquièmes des communes ont été classées en état de catastrophe naturelle au moins une fois entre 1982 et 2015 (principalement pour inondations ou sécheresse).

Espèces et habitats en danger

La situation des écosystèmes terrestres, aquatiques et marins français est «préoccupante».

Seuls 20% des habitats identifiés par l’UE comme nécessitant une protection sont dans un état de conservation «satisfaisant». Et les littoraux sont victimes de leur succès, avec une densité de construction de logements trois fois plus importante que la moyenne nationale.

Sur quelque 10.000 espèces évaluées sur le territoire, particulièrement riche en biodiversité grâce à ses outre-mers, 18% sont éteintes ou menacées d’extinction.

Même quand elles ne sont pas en danger, certaines espèces subissent une chute drastique de leur nombre, comme les oiseaux des champs victimes notamment de l’effondrement des populations d’insectes.

Les causes sont multiples, des effets du changement climatique aux pratiques agricoles (fragmentation des milieux naturels, pesticides...), en passant par l’intensification de l’artificialisation des sols (65.800 hectares perdus par an en métropole entre 2006 et 2015).

Quelques espèces s’en tirent mieux grâce à des programmes de conservation, comme le loup et le lynx.

Pollutions

Les rejets de la plupart des polluants de l’air extérieur ont diminué depuis le début des années 2000, selon le rapport. La situation est malgré tout loin d’être idéale, avec des points noirs géographiques et 48.000 décès prématurés par an imputés aux particules fines.

Les polluants de l’air intérieur sont eux accusés d’avoir causé 20.000 décès prématurés en 2014.

Le rapport note une «amélioration» de la qualité des eaux de surface (rivières, plans d’eau), grâce à une réduction des polluants historiques liés à l’utilisation des détergents et des engrais, qui s’accompagne toutefois de la détection de nouvelles substances comme des résidus médicaments ou des perturbateurs endocriniens.

«Aucun progrès significatif» en revanche pour les eaux souterraines. Depuis 2000, environ 2.400 forages destinés à la production d’eau potable (sur 22.000) ont ainsi été abandonnés en raison de pollution aux nitrates ou aux pesticides.

Pour les sols, la situation est plus difficile à évaluer, mais le ministère répertorie début 2018 6.800 sites et sols «pollués ou potentiellement pollués», principalement par des hydrocarbures.

On relève aussi de nouvelles sources de préoccupations, comme les nanomatériaux ou le développement des champs électromagnétiques.

Risques technologiques

Fin 2018, 18.000 communes étaient exposées à un risque technologique (industries, installations nucléaires, transports de matières dangereuses, sites miniers, barrages...)

Entre 1992 et 2017, près de 40.000 accidents technologiques ont eu lieu, causant morts ou blessés dans 18% des cas, et des conséquences environnementales dans 34% des cas.

Réactions en chaîne

Tout comme son «empreinte carbone» dépasse les émissions de CO2 générées sur le seul territoire national, l'«empreinte écologique» de la France dépasse également ses frontières, notamment par l’importation de matières premières agricoles ou forestières encourageant la déforestation à l’étranger.

La déforestation importée représentait ainsi 14,8 millions d’hectares en 2016, «soit plus d’un quart de la superficie de la métropole et la moitié de la surface agricole française», selon le rapport.

Le ministère pointe d’autres réalités méconnues: par exemple, «tout au long de son cycle de vie (extraction de matières premières, fabrication, utilisation, élimination), un téléphone portable pesant 120 grammes va nécessiter 70 kg de matières mobilisant plus de 70 matériaux différents».