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Destitution: l’enquête explosive contre Donald Trump en cinq points

23 octobre 2019, 10:09

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Destitution: l’enquête explosive contre Donald Trump en cinq points

Un témoignage accablant est encore venu étoffer mardi l’enquête en vue d’une rare procédure de destitution à l’encontre de Donald Trump.

Les démocrates du Congrès américain soupçonnent le président d’avoir abusé de son pouvoir en faisant pression sur l’Ukraine pour qu’elle enquête sur son rival politique Joe Biden.

Ils le suspectent d’avoir conditionné à ces investigations l’octroi à Kiev d’une aide militaire de plusieurs centaines de millions de dollars.

Une campagne de «calomnies», tonne la Maison Blanche, qui refuse de coopérer avec l’enquête. Sans parvenir toutefois à bloquer les auditions de témoins sous le coup d’assignations.

En affirmant qu’il ne participera pas à l’enquête, Donald Trump pourrait alimenter un autre chef d'«inculpation»: celui d'«entrave à la bonne marche du Congrès», qui avait justement été retenu contre le président Richard Nixon en 1974.

Voici cinq points pour comprendre la procédure de mise en accusation («impeachment»).

- L’appel Trump-Zelensky -

Le 25 juillet 2019, le président américain s’entretient avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, récemment arrivé au pouvoir.

Après les félicitations d’usage, Donald Trump lui demande «un service»: enquêter sur un mystérieux «serveur». Une requête découlant d’une théorie du complot selon laquelle l’Ukraine aurait piraté les e-mails du parti démocrate lors de la présidentielle américaine de 2016, et non la Russie comme l’a établi le renseignement américain.

Puis il mentionne le candidat démocrate à la Maison Blanche Joe Biden, dont le fils Hunter a siégé au conseil d’administration du grand groupe gazier ukrainien Burisma. Lorsqu’il était vice-président, M. Biden a plaidé pour le départ d’un procureur ukrainien accusé par la communauté internationale de ne pas lutter contre la corruption endémique. Pour M. Trump, il cherchait en fait à éviter des ennuis à son fils.

«Cela serait formidable si vous pouviez vous pencher dessus», dit M. Trump à M. Zelensky lors de leur appel.

- Une idée «dingue» -

Kurt Volker, ex-représentant spécial des Etats-Unis pour les négociations ukrainiennes, fournit aux enquêteurs parlementaires une série embarrassante de SMS.

Ils montrent que Washington a demandé en juillet à Kiev d’enquêter sur les Biden comme condition préalable à une visite de M. Zelensky à la Maison Blanche.

Et un échange, début septembre, entre le chargé d’affaires américain à Kiev Bill Taylor et l’ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’Union européenne, Gordon Sondland, touche au coeur des soupçons de pressions économiques.

Je «trouve ça dingue de suspendre l’aide sécuritaire en échange d’un coup de main pour une campagne politique», dénonce Bill Taylor. Réponse de Gordon Sondland: «Le président a été très clair, pas de contrepartie, d’aucune sorte».

- «Petits trafiquants» -

Dans les sous-sols sécurisés du Congrès à Washington, les longues auditions à huis clos s’enchaînent, ponctuées de fuites explosives.

Bill Taylor a ainsi établi mardi un lien direct entre l’aide militaire et les enquêtes réclamées par l’entourage de Donald Trump.

«En août et septembre derniers, je suis devenu de plus en plus inquiet de voir notre relation avec l’Ukraine fondamentalement sapée» par la conduite d’une voie diplomatique parallèle, «ainsi que par la suspension d’une aide sécuritaire vitale pour des raisons de politique intérieure», a-t-il dit selon les médias américains.

L’ex-conseiller à la Sécurité nationale John Bolton se serait aussi alarmé de ces efforts parallèles, qualifiant l’avocat personnel de Donald Trump, Rudy Giuliani, de «grenade dégoupillée», a témoigné Fiona Hill, ex-conseillère à la Maison Blanche sur l’Ukraine.

Pour M. Bolton, les agissements de M. Giuliani et du chef de cabinet de la Maison Blanche, Mick Mulvaney, seraient dignes de «manoeuvres de petits trafiquants de drogue», a-t-elle ajouté.

- La bévue de Mulvaney -

Le chef de cabinet de la Maison Blanche Mick Mulvaney a secoué l’enquête au détour d’un aveu stupéfiant, le 17 octobre: Donald Trump a bien lié l’aide destinée à l’Ukraine à des considérations de politique intérieure.

«A-t-il mentionné en passant (...) le serveur informatique du parti démocrate? Absolument, il n’y a aucun doute à ce sujet, c’est pour ça que nous avons gelé l’argent», déclare M. Mulvaney avant de revenir sur ses propos.

- Et maintenant? -

Les démocrates veulent aller vite alors que l’élection présidentielle de novembre 2020 approche. Mais aucun calendrier ne peut être fixé à ce stade.

Au terme de l’enquête, la Chambre, à majorité démocrate, devrait voter sur l'«impeachment», une sorte de dossier d’inculpation de Donald Trump.

La procédure de destitution passerait alors au Sénat, à majorité républicaine, pour le «procès» du président.