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Nilen Vencadasmy: «Je me conformerai à l’obligation communautaire… under protest»

21 octobre 2019, 16:18

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Nilen Vencadasmy: «Je me conformerai à l’obligation communautaire… under protest»

On se souvient de lui luttant pour une réforme électorale aux côtés de Rezistans ek Alternativ. L’avocat Nilen Vencadasmy, qui est aujourd’hui au MSM, soutient que son combat est loin d'être fini. Bien au contraire…

Vous disiez que vous ne serez jamais sur la même estrade que Bérenger, Ramgoolam ou Jugnauth. Mais aujourd’hui, vous êtes bien au MSM. Que s’est-il passé entre-temps ?
Rien n’a changé en ce qui me concerne. Je reste le militant engagé que j’ai été depuis ces 15 dernières années, sauf que j’ai mûri. (…) J’ai pris du recul des activités citoyennes pendant quelques temps et cette période m’a permis de me remettre en question et de me poser des questions sur le sens et la portée de mon engagement. Le choix de rejoindre un parti traditionnel a été mûrement réfléchi et discuté avec mon entourage. J’en ai conclu que si la finalité était de vraiment contribuer au changement, il n’y a pas d’autre moyen. Il faut être au Parlement. En rejoignant le MSM, je m’en suis donné les moyens. 

Ceci étant dit, présentez-nous Nilen Vencadasmy?
Je suis tout simplement quelqu’un qui aime son pays. Je suis né et j’ai grandi dans le fameux Ward IV de Port-Louis, véritable «melting pot» culturel. Dans la cour commune où j’ai vécu mon enfance, se côtoyaient des enfants de toutes les origines, couleurs, religions. Il n’y avait aucune barrière entre nous. Le Ward IV m’a façonné. Mon père était Stevedore, un militant de la première heure qui a œuvré aux cotés de Paul Bérenger et des Travailleurs du Port pendant les années de braise. J’ai dû hériter de son ADN de l’engagement et j’en suis très fier. C’est ce qui m’a toujours poussé à m’engager, que ce soit au collège, à l’université (j’étais président du Students’ Union de l’UoM), ou après avoir été reçu comme avocat. J’ai travaillé bénévolement auprès du syndicat du port, auprès de divers ONG ou encore dans la bataille légale contre le communalisme institutionnalisé. J’ai étudié les systèmes politiques et électoraux et j’ai beaucoup écrit dans la presse sur ce sujet. 

Que vous inspire la circonscription no1 ? 
Le Premier ministre m’a fait un grand honneur en m’investissant comme candidat de l’Alliance Morisien pour la circonscription no1, moi enfant de Port-Louis. J’ai toujours secrètement souhaité un jour représenter les habitants de la capitale. Depuis un peu plus d’une semaine, je passe beaucoup de temps dans la circonscription à rencontrer les habitants des différents quartiers. Je dois dire que l’accueil que recevons sur le terrain, mes colistiers et moi-même, est exceptionnel. Nous n’avons aucun doute qu’ensemble nous allons faire basculer cette circonscription une fois pour toute dans le camp orange. C’est une circonscription qui a fait l’objet d’une attention particulière ces cinq dernières années avec des investissements infrastructurels de pas moins d’un milliard de roupies. C’est du jamais vu dans l’histoire de cette circonscription. Mais il y a encore beaucoup de travail à abattre. Nous sommes à l’écoute et prenons bonne note des suggestions des habitants. 

Pourquoi avoir choisi de rejoindre le MSM ?
Dès lors que j’avais tranché la question de l’engagement politique au sein d’un parti traditionnel, le choix du MSM s’est imposé comme une évidence. Je dois dire que c'est ma rencontre avec le Premier ministre qui a été déterminante. J’ai été agréablement surpris par son humilité, une qualité rare chez les leaders politiques, son sens de l’accueil et de l’écoute. Nous avons eu une discussion franche. À bâtons rompus. Je suis ressorti convaincu que nous avions la même vision pour le pays, que ce soit au niveau économique, de la justice sociale, du renouvellement de la classe politique, de la place des femmes dans la vie politique du pays. Nous avons bien évidemment abordé la question de la réforme électorale, une question qui vous le savez bien me tient énormément à cœur. Je lui ai même transmis une formule de réforme sur laquelle j’ai personnellement travaillé. Il n’y a pas de sujet tabou avec Pravind Jugnauth. C’était la surprise totale. Quelques jours après, il m’a demandé d’être présent au meeting du 1er-Mai. J’ai accepté avec beaucoup de plaisir.

Votre ami Ken Arian, conseiller du Premier ministre, y est sûrement pour quelque chose….
L’amitié que j’ai pour Ken remonte à plus de 20 ans. Tout le monde le sait. On s’est connu sur les bancs de l’université et depuis, nous avons été de tous les combats ensemble. Oui, je ne vais pas cacher qu’il a su trouver les mots pour me convaincre de rencontrer le Premier ministre. Mais le choix de rejoindre le MSM est le mien à 100 %. 

Vous étiez un ancien du Blok 104, puis avocat de Rezistans ek Alternativ. Cela ne vous dérange-t-il pas que le MSM a failli à honorer son engagement de réformer le système électoral ?
Comment peut-on dire que le MSM a failli à honorer son engagement de reformer le système électoral ? Pravind Jugnauth a été le seul Premier ministre qui a eu le courage de venir de l’avant avec un projet de loi non seulement sur la réforme électorale mais également sur le financement des partis politiques à l’Assemblée nationale. S’il y a un parti qui a failli sur les deux fronts, c’est bien le MMM. Paul Bérenger est encore une fois passé à côté de l’histoire. Ceci dit, la réforme électorale et la modernisation de notre système politique restera une de nos priorités. Je me suis mis à la disposition du Premier ministre et contribuerai de toutes mes forces à faire avancer mes idées. C’est d’ailleurs une de mes principales motivations. C’est l’engagement que je prends devant tous les Mauriciens.

Si la cour suprême ne débloque pas la situation avant le Nomination Day, vous devrez déclarer votre appartenance ethnique. Ferez-vous comme Michael Sik Yuen vous aussi ?
J’ai pour ambition de me jeter corps et âme afin de changer un système dans lequel je ne crois pas. Pour le faire concrètement, je dois être au Parlement. Je me conformerai donc à l’obligation communautaire selon les dispositions légales, cette fois-ci under protest. Si je suis élu, je ne pense pas me tromper en disant que j’ai la pleine confiance de Pravind Jugnauth pour faire partie de l’équipe qui formulera une nouvelle proposition de réforme. Je m’y engage dès à présent.

Incapable de changer le système de l’extérieur, vous essayez de le faire de l’intérieur. Avant vous, beaucoup ont essayé, en vain. En quoi vous serez différent ? 
La différence, c’est que nous avons un Premier ministre qui y croit fermement. Pravind Jugnauth pa vinn badiné li. Il a déjà démontré sa détermination en présentant un projet de loi sur la réforme électorale ainsi que sur le financement des partis politiques même s’il savait qu’il n’avait pas la majorité requise pour les faire passer. Vous serez surpris de savoir à quel point il peut être ouvert sur d’autres questions relevant du système politique. Nous y reviendrons certainement en temps et lieu. Ceux qui me connaissent savent ma détermination à reformer le système. Je me donne les chances de réussir. Vous me jugerez dans cinq ans.

Ils se disent tous candidats de proximité. Pourquoi devrait-on vous croire vous ?
Mo ti enn zanfan kinn konn la mizer. Il s’agit pour moi aujourd’hui de mettre ma vie familiale et professionnelle en suspens afin de venir en aide aux autres. Un moyen de rendre à ce pays que j’aime tant ce qu’il m’a donné en termes de chances et d’opportunités. Les gens ne réalisent pas les sacrifices que cela demande aux jeunes comme moi de rejoindre la politique active. C’est tellement facile de nous traiter de «roder bout». Alors que beaucoup d’entre nous allons abandonner travail et famille pendant cinq ans pour se mettre au service des autres. Mon «bout», je l’ai eu à la sueur de mon front ! Et j’en suis très fier. J’aurai pu me contenter de vivre ma petite vie tranquillement. Mais comme je l’ai dit, j’ai en moi l’ADN de l’engagement.

Quelle promesse faites-vous personnellement á vos mandants du no1 ?
De rester humble en toutes circonstances. C’est l’humilité qui amène l’écoute et la compassion. Ce sont là, pour moi, les qualités essentielles pour être un bon député.