Le président de l’IAAF, Sebastian Coe, a défendu devant la justice française ses votes pour l’attribution controversée à Londres, puis à Doha, des derniers Mondiaux d’athlétisme, d’après son audition dans l’enquête sur des soupçons de pots-de-vin du Qatar, dont l’AFP a eu connaissance.

Lors de cette audition comme témoin, révélée mardi par L’Equipe, Coe, également interrogé sur l’attribution des prochains Mondiaux-2021 à Eugene (Oregon), berceau de l’équipementier Nike dont il a été l’ambassadeur, a fait une promesse: «si la preuve est apportée que des candidatures ont pu être obtenues par corruption je serais prêt à revenir sur ces décisions».

«Publiquement je n’ai soutenu aucune candidature mais j’ai voté pour Doha (en 2014). Vous êtes les seuls à savoir que j’ai voté pour Doha», a déclaré, le 25 mai 2018, devant deux procureurs du parquet national financier (PNF), le double champion olympique du 1.500 mètres.

«Le Moyen Orient était un marché en plein essor soutenu par une volonté de globaliser le sport», a expliqué celui qui était alors à la tête du comité d’évaluation de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) pour cette attribution.

Il a assuré qu’il ignorait alors tout des deux versements en 2011 pour un total de 3,5 millions de dollars de la part de la société Oryx Qatar Sports Investment (Oryx QSI) au profit d’une société de Papa Massata Diack, le fils de l’ancien président de l’IAAF, Lamine Diack. La justice enquête sur des soupçons de corruption liés à la candidature de Doha pour organiser les Mondiaux en 2017, finalement attribués à Londres, la capitale du Qatar emportant l’édition de 2019.

Procédure inhabituelle

Dans cette enquête, le patron du PSG, Nasser Al-Khelaïfi, qui fut co-actionnaire d’Oryx QSI avec son frère Khalid, a été mis en examen pour corruption active en mai.

Pour les procureurs, le fait que la capitale britannique puisse d’abord l’emporter sur Doha «laisse penser que les avantages obtenus de Londres étaient encore plus avantageux». «Absolument pas», Londres avait été choisie pour ses infrastructures, a répondu Coe.

«Il y a un moment pour qu’une candidature devienne une bonne candidature», a-t-il ajouté, pour expliquer que le Qatar soit ensuite choisi pour 2019, au détriment d’Eugene, en novembre 2014. La ville de l’Oregon est ensuite désignée pour 2021 par un vote du conseil de l’IAAF en avril 2015 sans procédure d’examen des candidatures, et malgré l’intérêt de Göteborg (Suède). A l’époque, Lamine Diack était encore président de l’IAAF.

«Le championnat mondial (n’avait) jamais été aux USA et pour notre santé commerciale il fallait que nous soyons sur le marché américain», a expliqué Sebastian Coe, devenu président à l’été 2015, et réélu en septembre.

A plusieurs reprises, Coe a répondu qu’il ne savait pas si des promesses avaient été faites par la candidature américaine à l’IAAF ou à Lamine Diack. Quel rôle a joué Nike ? «Je ne sais pas. Je vous dirais comme ça :«très peu»».

En revanche, il a confirmé la teneur d’un mail envoyé le 30 janvier 2015 par un responsable de Nike, Craig Masback, au patron de la candidature américaine, Vin Lananna, dans lequel le premier assurait le second du soutien de Seb Coe à Eugene.