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Dubaï s’efforce de sortir son économie de l’ornière

4 octobre 2019, 14:39

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Dubaï s’efforce de sortir son économie de l’ornière

Avec sa tour la plus haute du monde, ses immenses centres commerciaux et ses îles artificielles, Dubaï donne une image de prospérité, mais pour relancer son économie en berne, la cité-Etat tente de courtiser davantage les investisseurs étrangers.

Economie la plus diversifiée de la région, Dubaï a enregistré un taux de croissance de 1,94% en 2018, soit la moitié de celui de 2017 et à peine plus qu’en 2010 (1,9%), année où l’émirat avait émergé d’une récession causée par la crise financière de 2008 et son propre problème de dette.

Le secteur vital de l’immobilier accuse un recul, tout comme le tourisme et le commerce. Nombre de grands projets, notamment celui de l’aéroport Al-Maktoum qui devrait être le plus grand du monde, ont été gelés.

En 2018, les transactions immobilières ont chuté de 21,5% à 60 milliards de dollars et le nombre de touristes a stagné à environ 16 millions.

«La croissance de Dubaï a été modeste (...) à la suite de l’affaiblissement du marché immobilier et (en raison de) la stagnation de la consommation», estime M.R. Raghu, analyste à la banque d’investissement Koweït Financial Centre (Markaz).

- Mesures incitatives -

«La croissance se poursuit. Certes, on n’est pas à 4,5% --la moyenne entre 2012 et 2016-- mais c’est plutôt bon étant donné la situation dans le monde», explique à l’AFP Raed Safadi, conseiller en chef de Dubai Economy, l’agence gouvernementale en charge du développement.

Optimiste, il prévoit un taux de croissance de 2,1% en 2019 et un robuste 3,8% l’année suivante en raison des retombées de l’exposition universelle organisée à Dubaï en 2020 (Expo 2020), qui devrait apporter, selon lui, 35 milliards de dollars à l’économie d’ici 2030.

Economie ouverte, Dubaï est sensible aux tensions commerciales mondiales, au ralentissement régional et à la récession en Iran sous l’effet des sanctions américaines, estime Capital Economics, un bureau d’analyse basé à Londres.

«Tout cela va peser sur les secteurs clés de la logistique, du tourisme et de l’industrie manufacturière», prédit James Swanston, économiste au sein de cet organisme.

L’émirat a pris une série de mesures incitatives pour préserver sa position de pôle économique, accordant la résidence permanente à de grands investisseurs et permettant aux étrangers de bénéficier de la pleine propriété de leurs entreprises, y compris en dehors des zones franches.

Les autorités proposent aussi de longs permis de séjour aux investisseurs étrangers, aux scientifiques et aux étudiants. Elles ont également réduit les frais de centaines de services, gelé les frais de scolarité et mis en place un comité pour rééquilibrer le marché immobilier.

Avec 3,3 millions d’habitants, dont plus de 90% d’étrangers, Dubaï tire 70% de ses revenus des taxes sur différentes transactions, environ 24% des impôts et des bénéfices des entreprises publiques et seulement 6% du pétrole.

- Dette publique -

«Le ralentissement économique n’est pas nouveau (...) Mais certains médias insistent sur des problèmes en particulier pour montrer que Dubaï est en difficulté», affirme à l’AFP Fahad al-Gergawi, PDG de Dubai Foreign Direct Investment, un organisme public.

«Nous avons traversé des cycles économiques semblables par le passé», ajoute-t-il en marge de la Dubai Investment Week qui s’est tenue fin septembre.

Selon M. Gergawi, Dubaï a été parmi les 10 premières villes du monde à attirer de nouveaux investissements au cours des cinq dernières années et parmi les trois premières villes à attirer des investissements directs sur la même période.

Le gouvernement a révélé dimanche qu’au premier semestre 2019, l’émirat a attiré 12,7 milliards de dollars d’investissements directs, soit 135% de plus que pour la même période l’an dernier.

«A moyen terme, les dépenses liées à l’accueil de l’Expo 2020» et aux politiques monétaires «devraient soutenir la croissance», relève M. Raghu.

Dubaï, l’un des sept membres de la fédération des Emirats arabes unis, doit cependant encore faire face à une dette publique d’environ 123 milliards de dollars, soit 110% du PIB, répartie à part égale entre le gouvernement et les entreprises publiques.

Environ deux tiers de la dette de ces entreprises arriveront à échéance d’ici fin 2023.

M. Swanston, écarte toutefois le risque d'«un défaut de paiement total» et juge probable qu’Abou Dhabi, l’émirat le plus riche de la fédération, viendra «au secours comme il l’a fait en 2009».