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Rodrigues: d’interminables heures de fouille à l’horizon

28 septembre 2019, 14:15

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Rodrigues: d’interminables heures de fouille à l’horizon

La journée et la nuit s’annoncent longues pour les chercheurs et archéologues qui sont actuellement à Saint-François, Rodrigues. La fouille qui a repris ce samedi 29 septembre à 9 heures prévoit d’être très longues. Des mesures ont même été prises pour des recherches nocturnes. Générateur et spot lights serviront à éclairer le site. L’optimiste est aussi au rendez-vous. Nous avons suivi les opérations hier. Reportage. 

Vendredi 27 septembre,10 h 30. Les ongles parfaitement manucurés, Anabelle Agathe passe les doigts dans un tas de cailloux au fond d’un tamis. Elle fait partie de l’équipe internationale dirigée par le professeur Georges Okelowo-Abungu. L’archéologue coordonne les fouilles, là où Roger de Spéville et George Némorin ont découvert un trésor présumé, au fond du lit d’une rivière asséchée, à Saint-François, Rodrigues. Outre les archéologues, étaient présents : des policiers armés, la commissaire des Arts et de la Culture, Rose de Lima Edouard Ravina, et d’autres personnalités, Roger de Spéville, George Némorin et des membres de la presse accrédités.

Rien ne doit échapper aux archéologues. Une volontaire de leur équipe y veille littéralement au grain avec son tamis. © Irshad Sheik Mastan

Alors que le trésor est peut-être dissimulé quelque part sous ses pieds, le Kenyan, aussi consultant de l’Assemblée régionale de Rodrigues, jette un coup d’oeil vers cette grotte. «Si des pirates sont arrivés jusqu’ici, ils ont dû s’abriter ou dormir dans cette grotte. D’où la fouille là-bas. Nous cherchons des indices», explique-t-il. Pour l’heure, rien d’extraordinaire. Si ce n’est quelques bouteilles datant des temps modernes.

À l’endroit même où le trésor aurait été enterré, en revanche, se trouvent des pierres qui semblent avoir été entreposées sous d’énormes roches. Mais si c’était une rivière en crue qui les y a charriées ? L’archéologue est catégorique. Même si ce sont des pierres qui ont été portées par l’eau, il faut quand même exploiter le site.

Un morceau d’os blanchi auquel est collé un bout de tissu a été découvert lors des fouilles préliminaires. © Irshad Sheik Mastan

À quelques mètres en amont, un homme debout sur une roche couverte de mousse asséchée montre à la presse un indice. Il faut avoir un oeil de lynx pour s’en apercevoir. Ce qui semble être un «M» y a été sculpté, mais l’usure l’a rendu peu visible. Mais, surprise, ce n’est pas une lettre. En levant les yeux, on comprend qu’il s’agit d’un dessin de la montagne surplombant cette rivière asséchée.

Zone quadrillée

Lors des fouilles préliminaires autour du rocher censé abriter le trésor, les chercheurs ont découvert un morceau d’os blanchi auquel est collé un bout de tissu. Difficile de préciser de quand il date. Toutefois, pour Georges Okelowo-Abungu, tout ce qui est trouvé sur le site est un trésor, mais il faut le mettre dans son contexte, cela dit.

Peu avant la véritable grande fouille, l’expert a fait quadriller toute la zone. Par la suite, il a relevé des données fournies par un appareil électronique émettant des ondes. Pour l’heure, il n’est pas en mesure de dire s’il y a bien un coffre plein de bijoux, d’or ou de diamants. Il faudra être patient.

Un morceau d’os blanchi auquel est collé un bout de tissu a été découvert lors des fouilles préliminaires. © Irshad Sheik Mastan

Sous l’oeil attentif de Roger de Spéville, le Kenyan fait rouler de grosses pierres pour s’attaquer à la partie sérieuse. Il compte prendre le temps qu’il faut pour l’excavation qui durera probablement une semaine. Il faudra enlever la terre couche par couche. Elle sera ensuite tamisée pour ne rien laisser au hasard. Roger de Spéville a également fourni des renseignements précieux à l’archéologue, en plus d’avoir collaboré avec l’Assemblée régionale de Rodrigues.

Roger de Spéville est convaincu. Le trésor est bien là. Rose de Lima Edouard Ravina semble caresser elle aussi l’espoir que, quelque part sous ses pieds, se cache un butin d’une grande valeur. «Il y a des traces faites par l’homme sur des rochers. Maintenant nous entamons des recherches scientifiques et historiques», dit-elle.

Et si aucun trésor n’est trouvé ? «Avec ou sans trésor, c’est un site qui est d’une valeur inestimable pour Rodrigues. Et aujourd’hui c’est gagné car il y a des signes et marquages qui indiquent qu’il faut donner à ce site cette valeur historique qu’il mérite», poursuit la commissaire.

Les fouilles vont durer nuit et jour. Les «apprentis Indiana Jones» qui croient pouvoir obtenir une pierre précieuse n’ont qu’à bien se tenir. Car des soldats armés de la Special Mobile Force veillent au grain. De plus, des travaux sont aussi en cours pour éclairer toute la zone. D’autres indices feront probablement surface encore aujourd’hui.

Patrick ST PIERRE (de l’île Rodrigues)