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Démantèlement du groupe BAI: Dawood Rawat revient en pleine campagne

25 septembre 2019, 22:00

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Démantèlement du groupe BAI: Dawood Rawat revient en pleine campagne

L’ex-grand patron de l’ancien empire BAI refait surface, après un long silence… Dans une vidéo mise en ligne ce lundi, Dawood Rawat parle d’un complot orchestré «depuis longtemps». Serait-ce une sorte de campagne pour le Parti travailliste ?

«Inn ariv létan pou mo fer popilasion koné…» Le timing n’est sans doute pas innocent. Dawood Rawat, l’ex-grand patron de l’ancien empire British American Investment (BAI), vient de réaliser une vidéo, intitulée «BAI – La seule vérité» et dans laquelle il choisit de donner sa version des faits qui ont conduit à la chute de son groupe en 2015.

Dans cette première publication mise en ligne ce lundi par liberation.mu, l’ancien homme d’affaires n’évoque, bien évidemment, pas clairement son intention de faire campagne pour le Parti travailliste (PTr). Mais il rappelle quand même que son groupe avait financé l’alliance Lepep. «Si nou pa donn kas parti politik, sertin parti, pa tou, kouma zot vinn o pouvwar zot kraz ou! É mem ki nou’nn donn larzan, zot pann éna pitié, zot inn kraz nou», soutient-il.

Pour lui, cette affaire a commencé bien avant cette période. Il parle d’un complot orchestré «depuis longtemps». Dans la vidéo, celui qui vit à Paris depuis les élections de 2014 explique ce qui s’est passé en coulisses, au moment où était révoquée la licence de la Bramer Bank. 

Dawood Rawat rappelle qu’en 50 ans d’existence, le groupe BAI n’a jamais eu de problème à payer ceux qui y avaient déposé leur argent. «La nouvelle équipe de la Banque centrale a commencé à enquêter sur la Bramer Bank. Elle nous a dit qu’il fallait trouver Rs 3,5 milliards jusqu’en décembre et Rs 350 millions à la fin d’avril.Nous étions d’accord. Mais tout cela n’était qu’une farce puisque le soir, très tard dans la nuit, ils avaient révoqué la licence de la banque.»

Dawood Rawat allègue que plusieurs personnes au gouvernement d’alors s’étaient rencontrées avec des cadres du groupe BAI pour tenter de soutirer des informations au sujet de l’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam. «Ils voulaient que je vende mon groupe pour une roupie. Ils ont démembré le groupe pour en vendre les morceaux… Mo pou dir dousma dousma kouma Moris inn koulé !», affirme l’ancien patron du groupe.

«Votre motivation derrière la dernière vidéo publiée sur liberation.mu est de dire la vérité au sujet des événements ayant conduit à la chute du groupe BAI. Pourquoi avoir choisi de le faire maintenant ?», avons-nous fait parvenir comme question à Dawood Rawat suivant la publication de la vidéo. En attendant sa réponse, nous avons interrogé son avocat, Me Yousuf Mohamed.

L’homme de loi estime que l’ancien patron du groupe BAI a intenté des actions depuis longtemps, sur le plan légal, contre l’actuel gouvernement. «Je vous parle là de l’affaire l’opposant à la SBM mais aussi du litige entre son épouse et la Mauritius Revenue Authority car elle a refusé de dévoiler ses sources de revenus», soutient l’homme de loi.

Cela n’a rien à voir avec la campagne électorale déjà entamée ? «Et même si c’était le cas, tant mieux ! Que le public sache la vérité maintenant sur le rôle qu’ont mené les membres de ce parti qui est au pouvoir actuellement !» réplique Me Yousuf Mohamed. Il ajoutera même qu’à un moment, il ferait bien campagne contre «les Jugnauth et leurs subalternes».

Du côté des Rawat, toutefois, s’est enclenchée une autre machinerie. De Paris, la campagne de communication de Rawat père, à Maurice, la bataille légale de ses filles. Du moins, de Laina Rawat, qui a, ce lundi 23 septembre, fait une demande d’injonction en Cour suprême contre la vente annoncée de la MauBank Ltd.

Ce qui, pour un proche collaborateur du PTr, aurait motivé la sortie publique de Dawood Rawat. «Je pense que c’est une coïncidence que la campagne électorale ait démarré et que la vente de la MauBank ait été annoncée. Pour moi, c’est cette vente qui a motivé la décision de Dawood Rawat de tout raconter. En même temps, tout ce qui incrimine le gouvernement, tout ce qui l’atteint, est en faveur du PTr», soutient notre source.

D’évoquer toutefois une autre action légale qui ne doit pas être négligée. Il s’agit d’un affidavit qui a été juré le 20 septembre par Nashwin Gokulsing, un consultant habitant Phœnix, qui se présente comme ancien responsable d’Equis Communications Ltd, la firme qui publiait à l’époque 24 Heures Info et qui était partiellement financée par BAI. Dans l’affidavit, Nashwin Gokulsing explique comment il a contacté des ministres, en mars 2015, afin de sortir le groupe de sa crise. C’est ainsi que, dit-il, une réunion a eu lieu le 30 mars 2015 dans le bureau d’un ministre, où il a été question d’un prêt accordé à l’ancien Premier ministre pour l’achat d’un bungalow.

S’en est suivie une autre rencontre le 1er avril 2015, où un de ces ministres s’était emporté car une lettre avait été écrite et envoyée au Premier ministre d’alors pour faire état de «vendetta politique». Le 2 avril, lors d’une autre réunion, il est alors question que Dawood Rawat devrait céder son groupe pour Re 1 et qu’il n’y aurait aucun problème. Au final, selon Nashwin Gokulsing, à cette même soirée, la Bramer Bank est devenue la propriété des autorités, sans que l’accord n’ait été signé.

«Dans cet affidavit, l’on évoque encore une fois le récit de ce qui a causé la chute du groupe BAI en précisant le rôle de certains anciens ministres. Ce n’est pas négligeable que cela ait été fait maintenant», précise notre source.