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Le mausolée de Franco, encombrant monument qui divise l’Espagne

24 septembre 2019, 15:42

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Le mausolée de Franco, encombrant monument qui divise l’Espagne

Surmonté d’une immense croix se voyant des kilomètres à la ronde, le mausolée monumental de Franco divise profondément l’Espagne, plus de quarante ans après la mort du dictateur.

La Cour suprême espagnole, plus haute instance judiciaire du pays, a rejeté mardi le recours des descendants de Franco et donné son feu vert à l’exhumation du dictateur de ce mausolée voulue par le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez.

Inauguré en 1959, le «Valle de los Caidos» («la vallée de ceux qui sont tombés») est situé à environ 50 km de Madrid.

Composé d’une basilique de 262 mètres de long creusée à même la roche et d’une abbaye bénédictine, le complexe est surmonté d’une croix de 150 mètres de haut pesant près de 200.000 tonnes.

Au bout de la basilique, dont les murs sont ornés de menaçantes statues d’archanges et de scènes inspirées de l’Apocalypse biblique, se trouvent les tombes toujours fleuries de Francisco Franco, mort en 1975 après 36 ans de règne sans partage, et de José Antonio Primo de Rivera, fondateur du parti fascisant de la Phalange tué au début de la guerre d’Espagne.

Franco, vainqueur de cette sanglante guerre civile (1936-1939), avait ordonné la construction de ce complexe en 1940, dont il prétendra plus tard faire un lieu de «réconciliation» de tous les Espagnols.

Les corps de plus de 30.000 victimes de la guerre civile, «tombées pour Dieu et pour l’Espagne», avaient été dans cette optique amenés dans la crypte. Dont une partie issus du camp républicain opposé à Franco et transférés depuis des fosses communes sans le consentement de leurs proches.

En 2011, une commission d’experts mandatée par le gouvernement Zapatero avait recommandé d’opérer une «resignification» du lieu en y ajoutant une exposition permanente sur son histoire, celle des victimes qui y sont enterrées et des prisonniers politiques ayant participé à sa construction.

Mais les socialistes avaient été chassés du pouvoir fin 2011 et leurs successeurs du Parti populaire (PP), qui considèrent que s’attaquer aux vestiges du franquisme revient à rouvrir les blessures du passé, avaient choisi d’ignorer ce rapport.

Revenus aux affaires en 2018, avec Pedro Sanchez à leur tête, les socialistes ont fait de l’exhumation du dictateur une priorité et indiquent vouloir donner une nouvelle signification au mausolée pour qu’il ne soit plus un lieu d’apologie du franquisme, mais sans donner plus de détails.