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La loi contre le gaspillage en débat au Sénat

24 septembre 2019, 10:33

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La loi contre le gaspillage en débat au Sénat

Le Sénat se met au vert pour sa rentrée: la chambre haute se penche à partir de mardi sur le projet de loi antigaspillage et pour une économie circulaire, dont la mesure phare sur la consigne fait polémique.

Au lendemain d’un sommet sur «l’urgence climatique» à l’ONU, le texte sera examiné en première lecture jusqu’à la fin de la semaine par la «chambre des territoires», à majorité de droite. Il ira ensuite à l’Assemblée nationale, où le gouvernement dispose d’une large majorité.

La secrétaire d’Etat à l’Ecologie Brune Poirson a jugé «logique» que le Sénat soit saisi en premier de ce texte, les déchets étant un des «grands champs d’action publique» des élus locaux dont les sénateurs sont les représentants.

La France produit cinq tonnes de déchets par an et par personne, dont 600 kilos de déchets ménagers et 700 kilos de déchets des entreprises, selon le ministère. Le seul secteur du bâtiment en produit autant, et celui des travaux publics 2,7 tonnes.

Le projet de loi se veut un premier pas vers l'«accélération écologique» annoncée par le Premier ministre Edouard Philippe avant l’été. Attendu par les industriels, les collectivités comme les associations de consommateurs et de défense de l’environnement, il entend renforcer le principe du pollueur/payeur en l’étendant à de nouveaux secteurs: jouets, matériaux de construction, articles de sports, de bricolage, ou encore lingettes ou produits du tabac. De quoi alimenter les pressions des lobbies.

Le texte vise à améliorer l’information du consommateur sur la réparabilité des équipements électriques et électroniques et à faciliter l’utilisation de pièces détachées d’occasion, avec l’objectif de lutter contre l’obsolescence programmée.

A l’instar de ce qui existe déjà contre le gaspillage alimentaire, le texte interdit l’élimination des invendus des produits non-alimentaires -vêtements, cosmétiques...- qui sont encore utilisables.

Les Français «nous demandent d’agir pour passer d’une société du tout jetable à une société économe de ses ressources et respectueuse de l’environnement», a souligné Mme Poirson lors de son audition devant les sénateurs.

La consigne au rebut ?

Mais le sujet de toutes les attentions est la consigne. Le texte du gouvernement posait le principe d’un dispositif de consigne, sans préciser les modalités, laissant la porte ouverte à la concertation, selon la ministre, entretenant le «flou» volontairement selon les sénateurs.

Les bouteilles en plastique sont dans le viseur. L’UE a fixé un objectif de 90% de collecte des bouteilles plastique en 2029, quand la France plafonne à 57%.

En commission, les sénateurs ont, à une large majorité, recentré le dispositif de consigne sur «le réemploi ou réutilisation», excluant la consigne pour recyclage.

Ils mettent en avant les conséquences qu’aurait un tel dispositif pour les collectivités locales, aujourd’hui chargées de collecter ces déchets, en termes de pertes de revenus, pour le consommateur, avec un surcoût, mais aussi pour l’environnement, en «verdissant» l’image de la bouteille plastique.

La secrétaire d’Etat défendra en séance un amendement qui revient sur les limites introduites par les sénateurs, mais soutient «le développement du réemploi et de la réutilisation grâce à la consigne» et donne explicitement des gages aux collectivités en prévoyant notamment une compensation financière.

Plus globalement, les sénateurs ont salué, à droite comme à gauche, «des avancées» dans le texte, mais regretté qu’il n’aille pas assez loin, en particulier dans la réduction de la production de déchets.

En commission, ils ont inscrit dans la loi l’objectif de 100% de plastique recyclé d’ici au 1er janvier 2025, porté par le gouvernement. Ils ont aussi interdit la distribution gratuite de bouteilles d’eau plate en plastique dans les établissements recevant du public.

Parmi les autres apports en commission, les sénateurs, qui ont en mémoire le décès du maire de Signes, ont prévu un renforcement du pouvoir de police des élus pour lutter contre les dépôts sauvages de déchets.