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Ste.-Croix: Ludovic, ancien drogué nouvel homme

22 septembre 2019, 22:16

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Ste.-Croix: Ludovic, ancien drogué nouvel homme

Avant, il se shootait, se droguait. Mais il a décidé de reprendre son destin en main. Après l’enfer, il entrevoit aujourd’hui le paradis d’une nouvelle vie.

À l’âge de 22 ans, il est entraîné dans l’enfer de la drogue. Mais après un long séjour en prison, Ludovic Figaro décide de changer de direction. Aujourd’hui, l’homme de 34 ans dit avoir changé drastiquement de vie. Le «traser» se bat pour la gagner honnêtement.

Il est jovial. Plein de vie. Ludovic est très apprécié de son entourage et de ses voisins, à Ste.-Croix. Toutefois, derrière ce sourire, il y a de la souffrance, un long combat contre la drogue et une peine de coeur qui a toujours du mal à se renfermer malgré les années qui passent.

Issu d’une famille modeste, Ludovic a deux frères et trois soeurs. N’ayant pas la tête aux études, il abandonne très vite l’école pour se consacrer à un métier. «Mo finn fer siziem. Mo pa ti kontan aprann. Lerla mo’nn areté.» À 13 ans, il trouve son premier boulot dans un «demi-gros» dans la capitale. Et commence rapidement à gagner de l’argent qu’il remet à sa mère, pour subvenir aux besoins des siens.

Plus tard, il change de métier. «Mo finn fer zis tou.» Peintre, électricien, réparateur d’électroménager, il essaie de trouver sa place. Sauf qu’il commence aussi à se faire des ‘amis’. De «mauvaises fréquentations» qui finiront par briser son avenir et sa vie de famille. «Tou finn koumansé ek mas!»

À 19 ans, il rencontre l’amour de sa vie. Il se marie. De cette union, est née une fille. Aujourd’hui âgée de 16 ans. «Tou ti korek dan mo koup. Pendant deux à trois ans, nous avons mené une vie de famille des plus ordinaires. Mes petits boulots suffisaient à rapporter de quoi nous en sortir au quotidien, ma petite famille et moi.»

Sauf qu’il tombe dans la drogue à 22 ans. Un choc pour sa famille. «Tou finn gaté à partir de la.» Sa femme, ses proches, sa maman surtout, décident de lui tourner le dos. «Personn pa ti lé frekant mwa. Et moi je m’enfonçais un petit peu plus chaque jour.»

Il a tout essayé. Drogues dures, synthé. «Ti vréman enn lanfer. Mo finn konn zis tou. Ek zordi kan mo reflesi tousala, mo sagrin. Mo finn fer boukou leker fermal.» Mais pour lui, à l’époque, il n’y avait pas d’échappatoire possible. «Je n’arrivais pas à m’en sortir. Surtout que je n’avais personne pour m’épauler.»

Jusqu’à ce qu’il soit incarcéré pour une affaire de drogue, justement. La peine est lourde. «18 mwa mo finn al andan.» C’est là qu’il décide de changer pour de bon. Entre-temps, sa femme demande le divorce et emmène sa fille en bas âge. «Elle n’a pas voulu, à ma sortie, que je m’approche de ma fille. J’ai beaucoup souffert…»
Il commence le traitement de la méthadone. Et arrête net la prise de drogues dures. «Mo zis fim sigaret 1-2 kout. Métadonn-la asé ek bien efikas.» Pour subvenir à ses besoins, désormais, il enchaîne plusieurs petits boulots durant la journée.

Dès le réveil, il va prendre sa dose de méthadone. Vient ensuite le temps de bosser, chez les voisins, les inconnus, ceux qui sollicitent ses services. «Mo netway lakour, mo baign bann toutou, mo bros sali. Mo lav vit, loto.» Une fois ces tâches terminées, il se rend dans un snack. «Mo netwayé ousi laba. Mo al asté tou komision ki bizin. Mo al pran bann labwason dan demi-gros.»

Ce n’est pas fini, il se rend là où il est payé pour entretenir la propreté des lieux. «Mo met lord. Mo brosé. Mo lavé.» Sinon, pour se faire des sous en plus, il vend également des fruits et légumes qu’il cueille chez lui ou chez des voisins, avec leur permission; papayes, mangues bred mouroum, ça dépend de la saison.

Résultat des courses : il lui arrive, en une journée, d’empocher entre Rs 1 500 à Rs 2 500. «Kan ena fet ek lané tousala, ek bann gran netwayaz, mo gagn ankor plis. Mo kontan netwayé. Zamé mo pann gagn repros, zamé, pou mo travay.»

Comme il n’aime pas se tourner les pouces, les jours où il y a moins de travail, Ludovic bricole. Palettes, feuilles de tôle, morceaux de bois, de tissus, il ne laisse rien traîner. «Mo ramas seki dimounn pé zeté. Tou zwafer kapav servi, kifer bizin nek zeté!»

Malgré les hauts et les bas, Ludovic remonte la pente, lentement mais sûrement. Ce qui lui manque désormais, c’est l’amour. Histoire de ne pas vieillir seul. «Mo pé rod mo ti lamwatié. Li pa pou mizer ek mwa. Mo enn traser mwa», dit-il fièrement.

Avant d’esquisser un sourire contagieux…