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Mondial de rugby: «le tournoi le plus ouvert», estime Jonny Wilkinson

17 septembre 2019, 12:29

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Mondial de rugby: «le tournoi le plus ouvert», estime Jonny Wilkinson

La Coupe du monde 2019 au Japon sera «le tournoi le plus ouvert qu’on ait jamais vu», anticipe l’ancien ouvreur Jonny Wilkinson, champion du monde avec l’Angleterre en 2003 et finaliste en 2007, dans un entretien en français à l’AFP.

L’ancien joueur de Newcastle et de Toulon s’est rendu à Kamaishi, ville-hôte et bastion du rugby japonais frappé par le tsunami de 2011, pour la série «Terrain favorable», produite par la Société Générale.

Q: Découvrez-vous le Japon ?
R:
«En 2005, on avait fait un tournoi pendant l’été avec Newcastle. Le deuxième jour, j’ai eu un petit problème d’appendicite (il avait été opéré à son retour en Angleterre, NDLR) et j’ai raté le tournoi entier parce que j’étais à l’hôpital. Une bonne façon d’expérimenter le Japon!»

Q: Que vous ont appris les habitants de Kamaishi?
R:
«Cette communauté a trouvé en elle la capacité de continuer. Le stade de rugby a été construit à l’endroit de deux écoles détruites par le tsunami (en 2011), c’est une bonne histoire. C’est beaucoup plus grand que le rugby. C’est l’exemple vivant que quand les gens font quelque chose qui te semble impossible, cela change ta façon de voir. J’ai parlé avec une étudiante qui a réussi à échapper au tsunami. En entendant les détails de son histoire, je me disais: «c’est incroyable qu’elle soit encore devant moi, positive, optimiste».»

Q: Venons-en à la compétition. Voyez-vous l’Angleterre passer ce premier tour?
R:
«J’espère que oui! Parce que j’ai travaillé pendant l’été avec 5 ou 6 joueurs anglais. Mais on ne sait jamais, surtout après 2015 (élimination au premier tour). Ils sont dans un groupe avec énormément de défis, l’Argentine, la France, un groupe auquel tout le monde voulait échapper. D’avoir joué des gros matches au premier tour, cela peut être une bonne chose pour l’équipe qui se qualifie pour les quarts de finale.»

Q: Qui avez-vous aidé, et comment?
R:
«George Ford, Owen Farrell, Piers Francis, Jonny May, Henry Slade... Mon rôle, c’est d’être un ami et un soutien, quelqu’un qui est là pour aider les autres à trouver ce qu’il y a de mieux en eux. Je ne suis pas attaché au staff et je peux être complètement objectif, ou même subjectif pour les joueurs. C’est intéressant parce que 15% du travail est physique et le reste est mental. J’ai l’impression que plus on travaille ensemble, plus le mental devient important. En fin de carrière, je pense que c’est 5% physique et 95% mental.»

Entraîner? «Pas ma passion»

Q: Mais qu’attendez-vous pour devenir entraîneur?
R:
«Le coaching d’une équipe 'full time', ce n’est pas ma passion. Qui joue, qui ne joue pas, décider des techniques de jeu, ça ne m’intéresse pas en ce moment. J’ai passé beaucoup de temps à essayer de tenir ce rôle sur le terrain, à décider où on va au prochain temps de jeu, et quel est le planning pour la fin du match, et la combinaison après mêlée ou touche... La chose la plus importante, c’est le potentiel. Après cela, comment on joue, c’est moins important.»

Q: Vous ne voulez pas être coach mental du XV de France ?
R:
«Ah ah... J’ai passé 5 ans en France dans une super équipe, avec des joueurs énormes, mais ce n’était pas toujours facile. Même avec toutes les intentions positives, il y avait toujours des problèmes. A un moment donné, la performance se retourne et c’est possible de faire des choses incroyables (double champion d’Europe en 2013 et 2014, champion de France 2014, NDLR). Quel est le secret? Je ne sais pas mais le problème n’est jamais l’extérieur. Individuellement et collectivement, il faut savoir qui on est avant de savoir où on veut aller. Il faut essayer de donner à chacun l’espace pour s’exprimer. Bon courage à l’équipe de France, même si je suis à 100% avec l’Angleterre!»

Q: L’Angleterre est-elle prête pour remporter un second titre mondial ?
R:
«Ils ont fait une bonne préparation mais je ne peux rien dire d’autre. Quelques fois, c’est juste une question de savoir recommencer à zéro, physiquement et mentalement. En 2003, on est arrivés au tournoi avec l’idée qu’on avait déjà les mains sur le trophée et qu’il fallait survivre. En quarts de finale, on a failli perdre le match contre le pays de Galles (3-10 à la pause, 28-17 à la fin, NDLR). Il y avait une raison à cela: il y avait une équipe pleine d’excitation et l’autre qui essayait de tout contrôler. Quand on recommence à zéro, on ne voit que les possibilités. Quand on pense qu’on y est presque... La France et l’Angleterre sont à zéro. La prochaine étape, c’est à elles de décider. Pour gagner le tournoi, il faut l’énergie et être dans l’inconnu. Si on se dit «on ne peut pas perdre le match», on tue la performance.»

Q: Votre triomphe en 2003 reste jusqu’ici le seul d’une nation européenne. Mais la hiérarchie Nord-Sud semble prête à basculer...
R: «Ce tournoi sera le plus ouvert qu’on ait jamais vu. La Nouvelle-Zélande reste favorite mais il y a des équipes européennes qui sont vraiment puissantes. L’Irlande, le pays de Galles, l’Angleterre ont enchaîné des victoires, l’Ecosse et la France sont des équipes très dangereuses en Coupe du monde. La chose la plus importante, c’est d’avoir ces équipes en demi-finales, c’est la ligne après laquelle tout change. Si on peut avoir deux-trois équipes (européennes) en demi-finales, c’est magnifique. Peut-être qu’on peut rêver d’un autre nom européen sur le trophée.»