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Sentences pour les 142 kg de «zamal»: petites peines pour petits poissons

13 septembre 2019, 14:30

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Sentences pour les 142 kg de «zamal»: petites peines pour petits poissons

Les six hommes, interpellés le 1er juin après la saisie de 142 kg de gandia à Anse-des-Cascades, à La Réunion, ont été déférés au tribunal quatre jours plus tard et jugés à Champ-Fleuri hier, jeudi 12 septembre. Ils sont déjà fixés sur leur sort avec des peines de prison considérées comme légères car elles vont d’un à trois ans. Le tribunal a condamné le Réunionnais Marc Béguin à deux ans dont un avec sursis, les Mauriciens Clyde Modliar, Jean-Michel Antoine et Marc Lebon à trois ans dont deux avec sursis, Louis L’Effronté à trois ans dont un an avec sursis et le Réunionnais Jean-Claude Biclaire à un an de prison.

Poursuivis pour acquisition, détention, transport et exportation de stupéfiants ainsi que pour association de malfaiteurs, les six hommes ont été jugés selon la procédure de comparution immédiate. Ils avaient été présentés et renvoyés en deux occasions car leurs avocats avaient demandé du temps pour préparer leur défense. Jean Michel Antoine était représenté par Me Nacima Djafour, Jean-Claude Biclaire par Me Julien Barraco, Jean Michel L’Effronté par Me Xavier Belliard, Marc Lebon par Me Yannick Mardenalom, Clyde Modliar par Me Aaeza Cadjee et Marc Beguin par Me Marie Briot.

Me Marie Briot a expliqué au micro du Journal de l’île de La Réunion que les juges de fond ne sont pas le ministère public qui, lui, fait la politique pénale. «C’était un choix de politique pénale de donner une réponse très rapide à ce dossier de stupéfiants quitte à aller rechercher les véritables responsables, les commanditaires mais les juges de fond, eux, sont là pour rendre la justice, pour juger chacun en fonction de ce qu’il a fait et selon son profil.»

Commanditaires pas inquiétés

Me Julien Barraco fait ressortir, pour sa part, les réquisitions faites pour quatre ans. «Dans cette procédure, il y a une difficulté car d’un côté, le parquet propose quatre ans alors qu’un magistrat du siège va condamner à un an. Je pense que cette difficulté est liée à la procédure, c’est-à-dire, que ce cas n’aurait jamais dû se retrouver dans ce type de procédure accélérée. On veut juger les gens en France de plus en plus vite. Là, on est face à des faits complexes avec des choses qui se passent à Maurice puis à La Réunion. On n’enquête pas en profondeur. Pour moi, la condamnation d’aujourd’hui est témoin de cette difficulté.»

Me Nacima Djafour trouve, elle, cette peine très satisfaisante. Selon elle, les réquisitoires qui étaient de cinq ans pour les étrangers sur le territoire français auraient été disproportionnés aux faits qui leur sont reprochés. «Malheureusement ce sont les petits poissons qui sont pénalisés car les commanditaires n’ont pas été inquiétés alors que ce sont eux qui profitent de ce trafic.»

Enquête toujours en cours à Maurice

Par ailleurs, le cours des évènements est tout autre à Maurice, pour leurs complices présumés : Sunil Krishna Dowlut, soupçonné d’être le propriétaire du bateau parti à La Réunion et retrouvé à Flic-en-Flac ; le skipper, Steeve Mariette, et Damien Jean-Pierre, suspectés d’être propriétaires du hors-bord saisi, qui comprend trois moteurs puissants. Ils ont été arrêtés et l’enquête est toujours en cours. Leur remise en liberté est en voie d’être débattue par leurs avocats.

L’avocat de Sunil Krishna Dowlut, Me Nanda Kistnen, explique que son client est en cellule depuis quatre mois et qu’une motion pour sa remise en liberté a été rejetée en cour intermédiaire. Il a demandé une révision en Cour suprême et il est en attente d’une réponse.

Me Rama Valayden, qui représente Damien Jean-Pierre conjointement avec Me Alvin Jawaheer, souligne qu’il a demandé au magistrat de rayer la charge contre son client et qu’il attend le ruling. «J’ai demandé aux enquêteurs s’ils ont reçu la photo du bateau de la police réunionnaise. On n’a pas reçu les images de CCTV, la police réunionnaise n’a envoyé personne à Maurice. Il n’y a pas d’empreintes de mon client sur ce bateau et aucun témoin qui puisse venir dire qu’il s’est servi de ce bateau. Il sera présenté le 25 septembre en cour de Mapou.»

Me Steeve Sauhoboa, qui représente Steeve Mariette, indique que l’enquête dans son cas reprend demain à la prison de Beau-Bassin. «L’affaire sera entendue dans deux semaines en cour intermédiaire. Il paraît qu’il n’y a pas de preuves concrètes contre mon client. Celui-ci n’a jamais été à La Réunion.»

 


Grosses saisies drogue: ça s’éternise ici…

<p style="text-align: justify;">Le 30 octobre 2018, se déroule une importante opération où 110 kg d&rsquo;héroïne, évalués à Rs 1,6 milliard, sont saisis sur un hors-bord en haute mer au large du Coin de Mire. Oomar Karrimbaccus, alias Tyrannia, considéré comme le cerveau, est arrêté avec Fabrice Hemsley Jean Pierre et Jean Michel Julbert Rosette par la brigade antidrogue et la National Coast Guard. Selon son avocat, Me Ashwin Khandai, tous les noms mentionnés comme financiers ont été vérifiés et l&rsquo;enquête, &laquo;en phase d&rsquo;être complétée à 75 %&raquo;, reprendra son cours la semaine prochaine.&nbsp;</p>

<p style="text-align: justify;">Par ailleurs, dans le cas de Navind Kistnah impliqué dans la saisie record de 155 kilos d&rsquo;héroïne évalués à Rs 2 milliards en avril 2017, son avocat, Me Nilkhant Dulloo a fait ressortir que l&rsquo;enquête est presque terminée.</p>

 

En collaboration avec Le Journal de l’île de La Réunion.