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Subiraj Sok Appadu: «Pensez-vous que la météo travaille sans règlements ?»

13 septembre 2019, 11:30

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Subiraj Sok Appadu: «Pensez-vous que la météo travaille sans règlements ?»

Le «Meteorological Services Bill» sera présenté au Parlement en première lecture par le ministre Etienne Sinatambou, aujourd’hui. Si, pour les profanes, ce projet de loi ne signifie rien, Subiraj Sok Appadu, ancien directeur de la station météorologique de Vacoas, exprime ses craintes. Certaines mesures peuvent impacter le quotidien de chaque Mauricien. Le projet de loi autorise le ministre de l’Environnement, par exemple, à donner des directives à la météo.

Quelle opinion avez-vous de ce projet de loi ? 
Il comporte des manquements sérieux. J’ai l’impression qu’il a été fait à la va-vite. Des points ne sont pas clairs. Par exemple, les rôles de chaque institution concernée ne sont pas bien définis. Je pense que si cette loi est votée, il faudra l’amender plus tard. Ils auraient dû chercher des modèles de lois dans des pays avancés, comme l’Inde et l’Australie, pour que la météo puisse mieux servir la population.

D’autres observations ? 
Pensez-vous que la météo travaille sans règlements ? Ont-ils cherché dans les archives ? Il existe déjà des règlements depuis l’époque coloniale. Il est vrai qu’avec le réchauffement climatique, il faut du changement mais, pendant toutes ces années, la météo a travaillé selon des paramètres bien établis.

Avec cette loi, un ministre pourra donner des directives à la météo. Est-ce normal ? 
Un ministre ne doit pas donner de directives à la météo. D’ailleurs, dans ce projet de loi, il n’est pas précisé quelles directives. Il peut prendre des décisions politiques, mais dire à un professionnel de la météorologie comment faire son travail, c’est très dangereux. C’est comme la fois où le gouvernement a voulu introduire une loi pour contrôler le Directeur des poursuites publiques. À la météo, il y a des professionnels formés pour sauver des vies et savoir quand la population est en danger. Ce n’est pas le cas d’un ministre.

Avez-vous déjà eu des directives d’un ministre dans le passé ? 
Jamais. J’étais employé de la météo sous sir Anerood Jugnauth comme Premier ministre. Une fois, il a dit : «Ki mo koné ladan-mwa. Les zot fer zot travay.» J’étais directeur général sous Paul Bérenger et Navin Ramgoolam, ils ne sont jamais intervenus. Bien sûr, nous avons le devoir de les informer des grandes décisions. 

Je ne crois pas que Pravind Jugnauth ait essayé de donner des ordres à la météo. Je pense que c’est un fonctionnaire qui a voulu plaire au ministre qui a mis cet article de la loi l’autorisant à donner des directives. J’ai l’impression que c’est à la mode.

Est-ce normal qu’un cadre de la météo doive avoir l’aval du ministre ou de son secrétaire permanent pour donner des informations à la presse ? 
Si tel est le cas actuellement, c’est très mauvais. Autrefois, on parlait avec la télévision nationale et nous préparions des communiqués pour donner à la presse écrite quand il le fallait. Les choses ont changé. Il faut mieux communiquer avec les différents supports médiatiques existants. 

Les météorologues doivent pouvoir s’exprimer. Car, contrairement à d’autres services essentiels, ils travaillent avec des phénomènes que l’homme ne peut pas contrôler. La communication est essentielle pour sauver des vies. Non seulement on les prive de leur liberté d’expression, mais on les empêche de donner des informations vitales à la population.