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Mondiaux-2019 d’apnée: Morgan Bourc’his, en totale immersion dans une autre dimension

8 septembre 2019, 18:48

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Mondiaux-2019 d’apnée: Morgan Bourc’his, en totale immersion dans une autre dimension

Quand il sort la tête de l’eau, il sait qu’il revient d’un autre endroit, fascinant et angoissant, où il a défié son besoin vital de respirer: Morgan Bourc’his est un maître de l’apnée profonde, en lice aux Mondiaux-2019 avant de partir onduler avec les grands animaux marins.

Double champion du monde, Morgan Bourc’his est un spécialiste de la descente en eaux profondes en poids constant sans palme. A la seule force des bras, il longe un câble pour aller au-delà de la barre mythique des 100 mètres, là où presque personne ne va.

«En apnée profonde, on est au large, on est dans le bleu et au final autour de nous, il n’y a que du bleu. Les fonds marins ne sont pas exceptionnels, c’est un environnement avec beaucoup de vide. La concentration absolue est sur soi. C’est le but», souligne à l’AFP le Marseillais d’adoption qui, à 41 ans, prend part à ses 13es et derniers Championnats du monde, dès lundi à Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes).

«Quand on va dans les profondeurs au milieu de rien, on est très centré sur soi, à l’écoute de ses sensations qui sont très fortes. C’est ouvrir une porte sur une autre dimension», poursuit-il.

Cela fait 20 ans que ce Tourangeau de naissance explore les fonds des mers, une passion dont il a fait son métier. Athlète de haut niveau, il forme des apnéistes, fait des interventions en entreprise en binôme avec un coach mental et organise des stages dans toute la France pour mettre à profit cette expérience exceptionnelle qu’est l’apnée en profondeur. A commencer par cette faculté inouïe: s’arrêter de respirer.

Monstres marins

«On dit arrêter, moi je dis plutôt suspendre, différer la respiration. Par la volonté on va prendre le contrôle de ce système qui fonctionne tout seul avant que celui ci ne dise à un moment donné: stop, tu arrêtes, tu remontes. On a ce jeu, des émotions très présentes de soif d’air, d’étouffement, de noyade, on joue avec mais c’est très lourd», confie Morgan Bourc’his.

Cette exploration intérieure dure 3 à 4 minutes quand on atteint les 100 mètres. Puis vient le moment où il faut remonter à la surface, une sorte de retour à la maison après une longue absence.

«On n’est plus le même. On sait qu’on revient d’un autre endroit où on était seul. Notre corps s’est modifié et il doit très vite se remodifier pour revenir à son état originel. Forcément, ça bouleverse», raconte de sa voix douce et apaisante le plongeur extrême.

Morgan Bourc’his a été son propre sujet d’études pour comprendre l’impact de telles plongées afin d’améliorer ses performances. Aujourd’hui, il excelle dans une discipline qui fascine en raison de la symbolique liée à la mer.

«La mer, c’est synonyme de transition, de passage, de renaissance, de lavement mais aussi ce sont des symboliques de mort, avec des noyades, des pertes, des naufrages, des monstres marins. Etre dévoré, être happé. Combien de personnes n’acceptent pas de nager au large par peur d’être attiré vers le fond par des monstres ?» explique-t-il.

Les monstres marins. Depuis quelques mois, il découvre cette littérature. Il s’est plongé ces derniers jours dans 'Moby Dick', de Herman Melville. En novembre, il ira évoluer avec les orques en Norvège, sans bouteille ni scaphandre pour être au plus près de ces grands prédateurs dans le cadre d’une longue étude. Un nouveau chapitre dans l’histoire peu commune de Morgan Bourc’his.