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Madagascar: cri d’alarme du pape sur la déforestation

7 septembre 2019, 19:09

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Madagascar: cri d’alarme du pape sur la déforestation

Le pape François a poussé samedi un cri d’alarme face à «la déforestation excessive» de l’île de Madagascar qu’il visite, en suggérant à ses autorités de créer des emplois respectueux de l’environnement pour sortir la population d’une précarité parfois «inhumaine».

Dès son premier discours sur le territoire malgache, un des pays les plus pauvres au monde, le souverain pontife est entré dans le vif du sujet en encourageant ses responsables politiques, civils et religieux à lutter contre «la corruption et la spéculation qui augmentent la disparité sociale».

Il faut «affronter les situations de grande précarité et d’exclusion qui produisent toujours des conditions de pauvreté inhumaine», a prôné François.

Très sensible à la préservation de la planète qu’il qualifie de «maison commune», le pape s’est montré particulièrement préoccupé par «la déforestation excessive au profit de quelques-uns» qui sévit sur la Grande île.

Feux de forêts, braconnage, coupe effrénée d’essences précieuses, exportations illégales de bois: les causes sont multiples, a énuméré le pape. Et pour lui, «cela compromet l’avenir du pays».

A Madagascar, cinquième plus grande île du monde (587.000 km2, 25 millions d’habitants), neuf personnes sur dix vivent avec moins de deux dollars par jour. Et les activités du bois «assurent parfois leur survie», a reconnu le souverain pontife.

Seule solution selon lui: «créer des emplois et des activités génératrices de revenus qui respectent l’environnement et aident les personnes à sortir de la pauvreté».

'Redresser le pays'

«Environ 200.000 hectares par an de forêts sont perdus chaque année au Madagascar», estime Philip Boyle, l’ambassadeur britannique dans la grande île, qui a écouté le discours du pape. Certaines projections évoquent même «la disparition de la majorité de la forêt tropicale humide d’ici à 2040», ajoute-t-il, inquiet.

Le pape a symboliquement planté un baobab, juste devant le pavillon où il a prononcé son discours.

L’instabilité politique récente du pays n’a pas favorisé son développement économique, essentiellement fondé sur l’agriculture, dont l’exportation de la vanille et du cacao.

Le président Andry Rajoelina, qui avait renversé Marc Ravalomanana en 2009 et a dirigé une période de transition jusqu’en 2014, est revenu au pouvoir l’an dernier lors d’une présidentielle apaisée, promettant emplois et logements.

Depuis son indépendance de la France en 1960, les Malgaches «ont sombré dans le désespoir, ont perdu leur repères», a reconnu le chef de l’Etat devant le pape, en promettant de «redresser le pays» et d’être «attentif aux plus démunis».

Parlant des «ressources à foison» de l’île, il n’a toutefois pas évoqué la déforestation.

Interrogé par l’AFP sur le cri d’alarme du pape, le ministre de l’Environnement, Alexandre Georget, a dit que son pays était «prêt à relever le défi» pour «faire de Madagascar une île verte».

Reboisement

«La dégradation des forêts est en régression par rapport à 2018», a-t-il assuré. Le ministre a aussi évoqué une prochaine campagne de reboisement par, entre autres, «un bombardement aérien de graines d’arbres dans les zones à reboiser» et précisé que «40.000 hectares» avaient été replantés en six mois.

Le gouvernement, confronté aux feux de forêt et de savane allumés par des paysans, entend les sensibiliser contre cette pratique illégale.

«La corruption et les inégalités nous indignent !», a déclaré pour sa part devant le pape le cardinal Désiré Tsarahazana, président de la Conférence épiscopale de Madagascar.

«L’insécurité reste toujours très préoccupante», a-t-il aussi déploré lors d’une rencontre avec tout l’épiscopat, au cours de laquelle le pape a encore une fois fait «le constat de l’inégalité et de la corruption» à Madagascar.

Samedi soir, le pape ira à la rencontre des jeunes en participant avec 12.000 scouts catholiques malgaches à une veillée de prière.

Tafika Fanomezana, 39 ans, coordonnateur des volontaires aux foulards bleus qui aideront à assurer la sécurité du pape, espère «un grand changement de société après le passage du pape, surtout une réduction du chômage des jeunes». Plus de la moitié des jeunes ne trouvent aucun emploi, même bardés de diplômes.

L’un des temps forts de la visite du pape sera une grande messe dimanche, où sont attendues 800.000 personnes, encore en train samedi d’affluer vers la capitale, Antananarivo, parée de panneaux géants à l’effigie du pape.