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Cashless society: effets d’annonce vs réalité

4 septembre 2019, 11:30

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Cashless society: effets d’annonce vs réalité

Suivant l’inauguration du service MauCAS par la Banque centrale, le débat autour d’une société «cashless» revient sur le tapis. Face à cela, les banques et opérateurs de télécommunication expliquent être dans cette course depuis longtemps.

Payer notre marchand de légumes avec une carte bancaire ou notre portable tout simplement. Cela nous tente-t-il ? Booster les paiements électroniques, c’est le défi que s’est lancé la Banque de Maurice (BoM). Toutefois, les banques du pays ont elles déjà pris ce train qui tente de gagner en vitesse. Il y a quelques semaines, la BoM présentait son nouveau service de paiements électroniques MauCAS. Qu’apportera donc ce service ?

«MauCAS est une plate-forme de paiements reliant tous les prestataires de services de paiements, qu’ils soient bancaires ou non, afin d’acheminer les paiements provenant d’un fournisseur à un autre. Cette plate-forme n’est pas directement accessible aux marchands, mais plutôt aux fournisseurs de services que sont les banques et les opérateurs non bancaires tels ceux des télécommunications. La plate-forme présente plusieurs fonctionnalités innovantes qui vont changer la manière dont les services de paiements seront proposés à l’avenir», dit-on à la BoM.

Ces services seront appelés à changer de plusieurs manières : proposer un service 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 aux opérateurs signifie qu’un paiement peut être effectué à tout moment, un service de paiement instantané d’une personne à une autre directement 24/24 et 7/7. Il y aura aussi la possibilité d’effectuer davantage de paiements en ligne, entre autres. Si ces services ne sont pas fournis directement par MauCAS, les banques et les nouveaux opérateurs devront faire appel au service de MauCAS pour les fournir à leurs clients. «En d’autres termes, nous pouvons dire que MauCAS est l’infrastructure routière, mais les services de transport devront être fournis par les opérateurs.»

Par le biais de MauCAS, il y aura donc moins d’intermédiaires dans une transaction. À titre d’exemple, si vous possédez une carte de la banque X mais que votre supermarché a elle un contrat avec la banque Y, les commissions sont actuellement plus élevées, soit environ 5 % répartis entre les deux banques lors d’une transaction. Si ces commissions ne sont pas directement déduites dans votre facture, elles sont prises en considération dans le prix des produits la plupart du temps. Avec MauCAS, il y aura donc moins de commissions à payer.

«La vision d’une cashless society est un changement dans la culture de paiements, qui passe du cash au non-cash. Nous atteindrons cet objectif lorsque le moyen de paiement par défaut sera électronique, l’argent comptant étant la dernière option. Nous avons actuellement une offre pour les paiements électroniques (principalement par cartes), mais le volume des transactions est très faible comparé aux espèces. Les commerçants n’acceptent pas toujours et facilement les moyens de paiements électroniques», ajoute-t-on à la BoM. Nous avons actuellement 1 824 724 cartes bancaires en circulation (voir tableau) pour 4 815 906 transactions effectuées via Internet Banking entre le 1er juillet 2018 et le 30 juin 2019. «Par le biais de MauCAS, la banque a créé un écosystème permettant à davantage d’opérateurs non bancaires de fournir des services de paiements et d’accroître la concurrence, ce qui augmentera le nombre de commerçants acceptant les moyens de paiements électroniques.»

Ce projet de la BoM ne date toutefois pas d’hier et a rencontré pas mal de difficultés avant d’être mis en place. «Ce n’est pas aussi simple, certaines personnes à la BoM ne maîtrisent même pas la technologie pour se lancer dans le cashless, il y a aussi la lutte contre le black money. Il s’agit là d’un moyen de contourner certaines irrégularités du côté des cambistes», dit une source de l’express proche du dossier.

L’opérateur non bancaire à avoir relevé le défi du cashless à ce jour est Mauritius Telecom avec son service MyT Money. My.T Money est un nouveau service comprenant une carte et une application mobile, qui permettent aux clients, quel que soit leur opérateur de téléphonie mobile à Maurice, de faire des transactions sans utilisation d’argent liquide.

«Avant de faire ses transactions, le client doit au préalable Cash-In directement de son compte bancaire ou dans un Telecom Shop. À ce jour, le Cash-In peut se faire directement de la SBM, de MauBank et de Bank One. Avec l’introduction du National Payment Switch (NPS) par la Banque de Maurice, les clients des autres banques du pays pourront très bientôt bénéficier des mêmes avantages», dit-on à MT.

Avec 200 000 utilisateurs, MyT Money offre plusieurs options, le Tap & Pay où il suffit de ‘Tap & Pay’ avec sa carte sur les POS (Points of Sale) chez les marchands enregistrés pour régler ses achats. Le Scan & Pay propose aux utilisateurs de payer directement avec leur smartphone. Ils n’ont qu’à scanner le code QR visible chez chaque marchand enregistré et valider la transaction avec leur code PIN. L’on peut aussi transférer de l’argent instantanément d’un compte MyT Money à un autre, partager une addition entre amis ou encore payer une facture de Mauritius Telecom simplement en scannant le code QR sur la facture avec son smartphone, entre autres. «Notre objectif est de rendre le paiement facile, simple et fun. Le nombre de nouveaux clients de MyT Money ne cesse de croître dans nos Telecom Shops.»

«La vision d’une Cashless society est un changement dans la culture de paiements, qui passe du cash au non-cash.»

Avec le paiement électronique, l’on évite aussi certaines mauvaises surprises telles que les vols d’argent ou encore les faux billets. Du côté de MyT l’on assure également que toutes les transactions sont faites en toute sécurité,  My.T Money adhère totalement aux normes internationales de sécurité des paiements et est régi par la Banque de Maurice. Toutes les transactions sont aussi confirmées par un code PIN et Mauritius Telecom possède des «Data and Disaster Recovery centres» ultra modernes pour assurer la continuité des affaires.»

Les banques sont aussi dans cette course sans relâche vers le cashless. La Mauritius Commercial Bank (MCB) a de son côté son Internet Banking et son application Juice qui compte plus de 250 000 abonnés avec l’évolution numérique en cours et la demande croissante des paiements digitaux qui suscitent beaucoup d’intérêt chez les commerçants qui cherchent à élargir leurs modes de paiement. Actuellement 7 000 commerçants sont connectés au réseau Juice.

«Nous développons et mettons systématiquement à jour nos services de paiements numériques afin de nous adapter à l’environnement commercial de nos clients, tout en leur assurant une facilité d’utilisation et une bonne expérience client. La tendance mondiale reflète que de plus en plus de sociétés utilisent moins d’argent car le besoin de mobilité, de flexibilité et de fluidité est très présent. Donc, au lancement de JuicebyMCB, notre mission était de simplifier la vie de nos clients. Les paiements cashless sont plus rapides, plus sûrs et plus sécurisés. Ces paiements contribuent ainsi à réduire le temps d’attente aux guichets», diton à la MCB.

La stratégie cashless est présente dans toutes les banques qui appliquent des systèmes de transactions en ligne chacun à leur rythme. À la MauBank, l’Internet Banking pour tous les transferts bancaires à Maurice et à l’étranger est largement employé sans compter l’utilisation des cartes prépayées, de crédit et de débit. Il y a aussi le mobile banking pour effectuer des paiements, faire des transferts d’un compte à un autre et il y a aussi les paiements ou transferts par sms. «C’est dans l’intérêt de toutes les banques de passer au cashless. On investit dans le digital car avec moins de retail il y a donc moins de coûts pour nous avec moins de succursales, entre autres. Cette migration, on l’a lancée depuis longtemps», dit-on à la Maubank.

Ce changement vers le cashless, s’il prendra du temps, reste en tout cas inévitable.

 


En chiffres

	<p style="text-align: justify;"><strong>Cartes bancaires en circulation (juin 2019) : 1 824 724</strong></p>

	<p style="text-align: justify;">&bull;Cartes de crédit : 297 330<br />
		&bull;Cartes de débit : 1,340 551<br />
		&bull;Autres : 186 843</p>

	<p style="text-align: justify;"><strong>Internet Banking</strong></p>

	<p style="text-align: justify;">&bull;Transactions enregistrées (01 juillet 2017 &ndash; 30 juin 2018) : 4 123 438<br />
		&bull;Transactions enregistrées (01 juillet 2018 &ndash; 30 juin 2019) : 4 815 906</p>
</div>

 

My.T Money, Juice : quel rapport ?

<p style="text-align: justify;">Sherry Singh, le directeur général de <em>Mauritius Telecom</em>, a parlé de nouveau mode de paiement par mobile <em>&laquo;révolutionnaire&raquo;</em> au lancement en fanfare de<em> My.T Money</em> le samedi 24 août. Sauf que de nombreux utilisateurs évoquent un copier-coller direct de l&rsquo;application Juice offerte par la <em>Mauritius Commercial Bank</em> (MCB). Par exemple, plus de 10 000 téléchargements de My.T Money ont déjà eu lieu sur Google Play Store depuis le lancement. Les commentaires faisant la comparaison sont aussi nombreux. N&rsquo;empêche que malgré les similitudes apparentes, les deux applis diffèrent dans le fond. Juice est restreinte uniquement aux détenteurs d&rsquo;un compte MCB. Elle permet de transférer de l&rsquo;argent sur d&rsquo;autres comptes MCB ou sur des cartes VISA, voire des cartes à l&rsquo;étranger. À ce stade, My.T Money, qui est ouvert aux clients d&rsquo;autres banques, ne permet pas le transfert d&rsquo;argent entre les banques. Les services communs aux deux applis sont notamment le paiement dans des commerces partenaires grâce au code QR qui s&rsquo;y trouve, la recharge du crédit du portable ou encore la possibilité d&rsquo;effectuer des retraits à des distributeurs de billets sans utiliser sa carte bancaire. L&rsquo;une des critiques insistantes sur l&rsquo;appli My.T Money est qu&rsquo;elle ne permet, pas encore du moins, de se connecter grâce à l&rsquo;empreinte digitale, contrairement à Juice. Un autre point soulevé est que l&rsquo;utilisateur doit se rendre à une succursale de Mauritius Telecom pour activer l&rsquo;appli alors qu&rsquo;il suffit de posséder une carte de débit pour utiliser Juice.</p>

 

Premeditated avoidance

«Hundreds of millions of rupees are electronically transferred from one party to the other; they are funds backing legal transactions taking place in the country every day. As much as Rs 3 trillion of transactions, equivalent to six times the GDP of Mauritius, are settled electronically each year. Farmers in Africa, Asia, and in the Indian sub-continent who have barely been to school are skilful at using electronic payment systems. Why do a class of people in Mauritius with reasonably good educational background have a preference for cash in our economy? Why do they still have preference for cash, particularly high denomination banknotes, if cash payments above a limited amount is restricted by law? Aren’t they meant to thread a different needle? I am inclined to believe that it’s not at all a question of people being aversive to our electronic payment systems. It’s premeditated avoidance. To those who have been shouting about Fintech in the past few years and support a cashless society so loudly, my question is: why an issuing authority that supposedly seeks to promote digital technology in our financial sector aimed at serving consumers of banking services efficiently is, at the same time, in favour of high denomination banknotes that rather promote usage of cash in our society? It’s cognitive dissonance stretched to its superlative.”

Extrait d’une interview de Ramesh Basant Roi, ancien gouverneur de la BoM, à l’express