Publicité

Le Liban n’a pas reçu de demande d’ancrage du pétrolier iranien

30 août 2019, 18:34

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Le Liban n’a pas reçu de demande d’ancrage du pétrolier iranien

Un flou total régnait vendredi sur la destination finale du pétrolier iranien Adrian Darya 1, près de deux semaines après sa libération par les autorités de Gibraltar, contestée par Washington, tandis que la Turquie et le Liban ont démenti coup sur coup qu’il se dirigeait vers leurs côtes.

Transportant 2,1 millions de barils de pétrole brut d’une valeur de plus de 140 millions de dollars, Adrian Darya 1 avait été saisi le 4 juillet au large de Gibraltar, soupçonné de transporter du pétrole vers la Syrie, en violation de sanctions européennes.

Le 18 août, le navire avait finalement été autorisé à appareiller, malgré une intervention des Etats-Unis, ennemi juré de l’Iran qui voulait le maintenir à l’arrêt. Les autorités britanniques de Gibraltar ont relevé que Téhéran s’était engagé à ne pas envoyer ces barils en Syrie.

Depuis, le pétrolier vogue en Méditerranée, sans qu’il soit possible de déterminer sa destination finale ni le sort de sa cargaison.

Si l’Iran a affirmé lundi avoir vendu le pétrole à bord de l’Adrian Darya 1, il n’a pas dévoilé l’identité de l’acheteur.

Vendredi vers 14h00 GMT, d’après le site internet de suivi MarineTraffic, l’Adrian Darya se trouvait juste à l’ouest de Chypre, après avoir accompli toute une boucle dans la journée précédente.

Pas d’ancrage au Liban

Vendredi, les autorités de Beyrouth ont démenti des propos tenus un peu plus tôt par le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu, selon lesquels le pétrolier se dirigeait vers le Liban.

«Il n’y a aucune demande d’entrée au Liban du pétrolier Adrian Darya 1», a affirmé la ministre de l’Energie Nada Boustani sur son compte Twitter, faisant remarquer que le ministère n’achète de brut à personne, car «le Liban ne possède pas de raffinerie» pour cela.

Un peu plus tard, le ministre turc, a précisé qu’il parlait «des eaux internationales» libanaises, pas forcément d’un port libanais.

Lui aussi avait démenti peu avant que l’Adrian Darya se dirigeait vers son pays.

«Ce pétrolier n’est en fait pas en route pour Iskenderun (port du sud de la Turquie nommé Alexandrette en français, ndlr), ce pétrolier est en route pour le Liban», avait-il lancé à Oslo.

Car Alexandrette avait été nommée quelques heures plus tôt comme destination par MarineTraffic. Ces derniers jours aucune destination n’était mentionnée. Avant il y avait eu Mersin, en Turquie, et Kalamata, dans le sud de la péninsule grecque du Péloponnèse.

Athènes avait assuré que le pétrolier ne se dirigeait pas vers la Grèce.

Rebaptisé Adrian Darya en quittant Gibraltar, le pétrolier navigue sous pavillon iranien. Avant il avait un pavillon panaméen et s’appelait Grace 1.

Téhéran avait assuré ne pas pouvoir être «transparent» concernant la destination de son pétrole, accusant les Etats-Unis d’essayer «d’intimider» les acheteurs potentiels.

«Zigzag sans but»

Car ces dernières semaines, cette affaire a cristallisé les tensions entre les Etats-Unis et l’Iran.

Ces tensions se sont accentuées depuis que Washington s’est unilatéralement retiré en 2018 d’un accord international, conclu en 2015 pour encadrer le nucléaire iranien. Les Etats-Unis avaient aussi rétabli des sanctions draconiennes contre Téhéran.

Selon le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo, la vente du pétrole que transporte l’Adrian Darya 1 contribuerait à financer les forces iraniennes.

Le 19 août M. Pompeo avait dit espérer que le pétrolier serait de nouveau arraisonné afin de ne pas alimenter la «campagne de terreur» que Washington accuse Téhéran de mener.

Par le passé, Washington a également accusé le navire de chercher à transporter sa cargaison vers la Syrie, où le régime de Bachar Al-Assad, soutenu par Téhéran, fait aussi l’objet de sanctions économiques américaines.

L’arraisonnement avait également provoqué une grave crise entre Londres et Téhéran, qui avait saisi le 19 juillet un pétrolier britannique, le Stena Impero, dans le détroit d’Ormuz.

Le site TankerTrackers de suivi des transports pétroliers a averti vendredi sur les réseaux sociaux qu’il ne fallait pas trop se fier aux destinations affichées par l’Adrian Darya 1, penchant plutôt pour un transfert de la cargaison sur des pétroliers plus petits.

«Il faut considérer cela comme une mise à jour des données plutôt que quelque chose de substantiel», selon le site.

«Nous pensons qu’un transfert aura encore lieu dans quelques jours. La Turquie n’importera pas ce pétrole», d’après la même source.

En attendant, le navire «zigzague sans but autour de la Méditerranée».