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Diffamation criminelle: la police assouplit sa position vis-à-vis de la presse

29 août 2019, 11:29

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Diffamation criminelle: la police assouplit sa position vis-à-vis de la presse

Les Casernes centrales revoient leur copie. Après avoir convoqué le directeur des publications de La Sentinelle, Nad Sivaramen, et le directeur de Sunday Times, Eshan Juman, under warning, au quartier général du Central Criminal Investigation Department (CCID), à la suite d’une déposition du ministre Etienne Sinatambou pour diffamation criminelle, les enquêteurs ont revu leurs méthodes.

 Cette nouvelle approche de la police, qui consiste à se déplacer elle-même vers les journalistes (au lieu de les convoquer aux Casernes), est intervenue après le refus catégorique de Nad Sivaramen et d’Eshan Juman de se plier aux directives de la police. «C’est de l’intimidation et je refuse d’être traité ainsi, surtout qu’il s’agit d’une procédure initiée sous la diffamation criminelle, qui n’existe que dans des pays aux régimes totalitaires. Aussi surtout que M. Sinatambou nous poursuit déjà au civil avec des réclamations de Rs 50 millions», avait expliqué Nad Sivaramen.

 De son côté, Eshan Juman avait aussi rejeté l’invitation d’aller aux Casernes. «C’est clairement un abus des procédures et un acte de pure méchanceté». C’est donc les policiers qui sont venus, hier, à la rencontre du directeur de Sunday Times, dans son bureau. «Je leur ai simplement dit que je n’avais rien à dire de plus que ce qu’a déclaré Zahirah Radha, la rédactrice en chef.»

 S’inscrivant dans la même démarche, Hansini Bhoobdasur, chef d’édition à l’express, a également refusé d’être convoquée aux Casernes pour une autre enquête, soutenant que si les policiers avaient besoin d’elle, ils pouvaient faire le déplacement dans nos locaux de Riche-Terre.

Les enquêteurs du CCID, qui voulaient connaître les sources d’information d’Hansini Bhoobdasur par rapport à un article sur le manque d’équipements au ministère de la Santé, publié en avril dernier, se sont heurtés à une fin de non-recevoir. «On ne révèle jamais nos sources», leur a gentiment déclaré notre collègue.

 D’autres confrères de la presse sont convoqués ces jours-ci. Il s’agit du directeur de Top FM, Kris Caunhye, et du journaliste-animateur Murvind Beetun, concernant une enquête sur les moto-écoles, qui aurait, semble-t-il, chiffonné le ministre Nando Bodha.

Les convocations des directeurs de journaux et de journalistes, surtout dans le sillage des factures de Sinatambou, provoquent des milliers de commentaires indignés sur la Toile – et dans la rue. Est-ce pour cela que la police a fait marche arrière ?