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Brexit: l’opposition britannique tente d’empêcher un «no deal»

27 août 2019, 16:35

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Brexit: l’opposition britannique tente d’empêcher un «no deal»

Le patron du Parti travailliste britannique Jeremy Corbyn réunissait mardi les autres chefs de file de l’opposition pour tenter de faire front commun contre un Brexit brutal le 31 octobre, envisagé par le Premier ministre Boris Johnson.

Le Labour, principale formation de l’opposition, fera «tout ce qui est nécessaire» pour empêcher une sortie de l’UE sans accord, a déclaré Jeremy Corbyn au journal The Independent avant la réunion, prévue dans son bureau au Parlement à Londres.

Il a également mis en garde contre les risques d’un «no deal» favorable au président américain Donald Trump qui, ardent défenseur d’un Brexit sans concession, a promis à M. Johnson «un très grand accord commercial, rapidement» après le retrait.

Or, un Brexit sans accord «ne nous rendra pas notre souveraineté, cela nous mettra sous le joug de Trump et des grosses entreprises américaines», s’est inquiété le chef de l’opposition.

Entretien avec Juncker

Boris Johnson veut à tout prix quitter l’UE, avec ou sans accord de divorce, divisant profondément le Royaume-Uni, jusque dans son camp conservateur, dont une partie souhaite le maintien de liens étroits avec l’UE. Une césure brutale fait également craindre des pénuries alimentaires, de carburants et de médicaments, ainsi que le rétablissement de tarifs douaniers.

Le chef du gouvernement s’est dit lundi «à peine plus optimiste» sur la possibilité de s’entendre avec Bruxelles, à l’issue du sommet du G7. Londres et l’UE s’opposent sur le sort de la future frontière irlandaise, qui séparera le Royaume-Uni du marché unique européen, tout en se disant prêts à en discuter.

M. Johnson s’entretiendra au téléphone avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker mardi tandis que son conseiller, David Frost, sera à Bruxelles pour des discussions mercredi, selon une porte-parole de l’exécutif européen, Mina Andreeva.

Jeremy Corbyn estime que des élections générales anticipées seraient le meilleur moyen de contrecarrer un Brexit sans parachute. Il veut au préalable faire tomber l’exécutif lors d’un vote de défiance après le retour de vacances du Parlement, le 3 septembre, et prendre la tête d’un gouvernement intérimaire avec l’objectif de repousser la date du Brexit.

Le Labour ferait alors campagne pour un nouveau référendum sur l’appartenance à l’UE, qui mentionnerait la possibilité pour le Royaume-Uni de rester membre.

Un scénario rejeté par la cheffe des libéraux-démocrates Jo Swinson, qui participe à la réunion aux côtés des députés Ian Blackford (parti nationaliste écossais SNP), Liz Saville-Roberts (parti gallois Plaid Cymru), Caroline Lucas (Verts) et l’ex-Tory Anna Soubry (indépendante).

Aucun des conservateurs pro-européens conviés n’a répondu à l’invitation, chacun d’eux étant peu désireux de voir le travailliste accéder au pouvoir.

L’absence d’accord, «seul accord acceptable»

Pour Mme Swinson, le projet de Jeremy Corbyn est de fait voué à l’échec, ce dernier n’étant pas, selon elle, la personne capable de bâtir une majorité.

«L’option semblant rallier un soutien croissant» est le vote d’une loi exigeant du gouvernement de demander un nouveau report du Brexit, a-t-elle expliqué sur la BBC radio. «Mais nous devrions bien sûr discuter de toutes les options, y compris quoi faire si cela ne réussit pas, parce que nous n’avons pas beaucoup de temps», a-t-elle ajouté.

Au Royaume-Uni, le gouvernement a la main sur l’agenda parlementaire. Et Boris Johnson n’a pas écarté la possibilité de suspendre le Parlement pour empêcher les députés de bloquer un «no deal».

Les Britanniques ont décidé à 52% de quitter l’UE lors d’un référendum en 2016, mais la date du départ a été déjà repoussé par deux fois après que le Parlement s’est opposé à l’accord conclu entre Bruxelles et le gouvernement britannique, dirigé alors par Theresa May.

De son côté, le Parti du Brexit, emmené par l’eurodéputé europhobe Nigel Farage, s’est mis en ordre de marche en présentant mardi ses candidats à d’éventuelles élections législatives.

«Le no deal est le meilleur accord, le seul accord acceptable», a lancé M. Farage sous les ovations de centaines de candidats à Londres. Le parti était arrivé en tête des élections européennes en mai.