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Zanele Muholi: «J’ai subi le ‘black search’ à l’aéroport de Maurice»

26 août 2019, 09:00

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Zanele Muholi: «J’ai subi le ‘black search’ à l’aéroport de Maurice»

Expérience vécue. Exacerbée par son quotidien dans l’Afrique du Sud post-apartheid. Filtrée par son oeuvre d’«activiste visuel» militant en faveur des droits humains et ceux des lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuels et intersexe (LGBTI).

Zanele Muholi, photographe s’est demandé : «Pourquoi m’a-t-on posé des questions à l’aéroport de Maurice ?» Réflexion sur sa condition de «black body», qu’elle a partagée lors d’une conférence publique, mercredi, à l’Institut Français, à Rose-Hill. Les oeuvres de Zanele Muholi seront exposées à l’Institute for Contemporary Art Indian Ocean (Icaio), à l’ex-rue Desforges à Port-Louis, à partir de demain.

Point de départ : la série Somnyama Ngonyama, qui signifie «Hail the lioness». Dans ces photos où elle nous regarde directement, l’«activiste visuel» veut dire : «Ce que vous voyez n’est pas ce qui est.» Par exemple, elle s’y noircit la peau en modifiant les couleurs sur ordinateur.

Autre exemple : à son arrivée chez nous, le mercredi 14 août, «we were happy to be in Mauritius», raconte-t-elle. Elle trouve l’aéroport «so beautiful» et les officiers à la douane «so nice». Elle récupère ses valises et s’apprête à sortir. Avant d’être stoppée par l’Immigration.

«Where are you from ?» Mon passeport dit d’où je viens. «Why are you here ?» Suivi de «who invited you ?» Et de «que faites-vous dans la vie ?»

Le ton de Zanele Muholi devient plus animé. «C’est ce type de questions qui me pousse à produire de telles images» . Elle affirme avoir répété qu’elle est sudafricaine, qu’elle est venue pour des expositions. «Après cela, je vais rentrer chez moi. I love my country. Same as I have fallen for Mauritius because it looks familiar.» Elle affirme que l’Immigration a aussi demandé, à la personne qui accompagne Zanele Muholi, ce qu’elle fait. Leur bagage a été fouillé.

Ce que l’«activiste visuel» dit avoir retenu de cette expérience c’est la sensation de «here we’re gonna catch the fish». Elle estime avoir fait l’expérience de «racial profiling. Si ces questions sont posées dès votre arrivée, vous vous demandez si vous devez rester».

Résultat, la photographe a fait deux portraits, en réponse à cette expérience vécue, aux messages qu’elle véhicule. C’est sa façon de parler des espaces où le «black body is under surveillance. Black body is suspect». Ce qu’elle appelle le «black search».