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La géolocalisation aurait permis de secourir Simon Gautier

20 août 2019, 17:27

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La géolocalisation aurait permis de secourir Simon Gautier

Le randonneur français Simon Gautier, dont le corps a été retrouvé dimanche, neuf jours après sa disparition, aurait pu être héliporté si son téléphone avait été géolocalisé, mais les secours italiens n’ont pas cette possibilité, ont indiqué à l’AFP plusieurs sauveteurs.

Tombé dans un profond ravin au début d’une randonnée dans le sud de l’Italie, l’étudiant a réussi à passer un appel aux services de secours via le numéro unique italien, le 118. Il n’a pas pu préciser près de quel village il se trouvait.

L’opératrice du 118, basée dans une autre région, n’a pas réussi à le localiser, et le jeune Français a été incapable de répondre à ses appels successifs. Dans le parc naturel escarpé et isolé où il est tombé, il était également difficile de se baser sur les bornes de téléphonie mobile pour déterminer sa position.

Son smartphone, dont les données internet avaient été en outre déconnectées, est pourtant resté allumé toute la journée du vendredi, selon les carabiniers. Il serait mort au maximum dans l’heure qui a suivi sa chute.

Dans les villages du Cilento comme dans les médias italiens, la polémique enflait mardi après la découverte du corps de Simon dimanche soir. «Fallait-il cette mort éclatante pour éveiller les consciences?», s’interrogeait le site d’information local Positano News, évoquant d’autres exemples locaux où une géolocalisation compliquée a tragiquement retardé les secours.

«Dans une situation pareille, si la victime est géolocalisée, un hélicoptère peut arriver dans les 10-15 minutes avec un médecin», a regretté auprès de l’AFP Girolamo Galasso, le chef des secours alpins de la région. «Avec l’AML, on aurait localisé Simon avec 20 ou 50 mètres de précision, c’est suffisant dans cette zone découverte. Mais ce système n’est pas encore disponible».

Le sytème de localisation AML est utilisé dans une quinzaine de pays (Etats-Unis, Royaume-Uni, Belgique, Autriche ou encore Islande): il envoie automatiquement un SMS aux services de secours avec le positionnement précis du smartphone, qui dispose par défaut de cette technologie.

L’AML peut être très utile dans des zones souffrant d’une faible couverture de données mobiles, comme le parc du Cilento.

Mais la France et l’Italie, qui testent le système dans certaines régions, ne l’ont pas encore mis en place partout.

Dans un cas similaire à celui de Simon Gautier, le cadavre d’un homme parti cueillir des champignons - avec son portable - au sud-est de Naples n’avait été retrouvé que neuf mois plus tard et par hasard.

L’Etat en partie responsable ?

L’AML exige une adaptation des services de secours, afin qu’ils puissent recevoir les données de géolocalisation - ce qui n’est pas encore le cas en France ou en Italie. Une directive européenne adoptée fin 2018 a rendu l’installation de l’AML obligatoire à partir de 2020 dans toute l’Union européenne.

«Simon devait être localisé immédiatement», fulmine auprès de l’AFP le président du numéro de détresse 118, Mario Balzanelli. Ce médecin accuse l’Etat italien d’avoir «sa part de responsabilité dans ce drame» en n’ayant pas mis en place plus tôt cette géolocalisation, pourtant rendue obligatoire par décret depuis 2009.

Quand un nouveau gouvernement émergera de la crise en cours à Rome, M. Balzanelli compte demander à l’exécutif d’étendre la géolocalisation «au nom de Simon». Il voudrait aussi que le 112, devenu le numéro d’urgence unique dans plusieurs régions d’Italie, ne remplace plus les numéros des pompiers ou de la gendarmerie. Les personnes en détresse y sont aiguillées par un premier opérateur non spécialisé, «perdant plus d’une minute, souvent cruciale», selon M. Balzanelli.

En Italie, une fois alertés, les secours alpins envoient un SMS aux personnes en détresse, qui en un clic peuvent transmettre leur position. Mais cette solution suppose que la personne soit encore consciente.

Mardi, sur le port de San Giovanni a Piro, des parents italiens, choqués par la mort de Simon, répétaient à leurs adolescents de bien leur préciser où ils iraient se balader.