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ONG: la vie après SOS Children’s Villages

19 août 2019, 22:24

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ONG: la vie après SOS Children’s Villages

La semaine dernière, Barclays a convié Marcia Small, une spécialiste en développement communautaire, en investissement social, en bénévolat des employés et dans le développement des jeunes, pour dispenser une formation sur le mentorat à des ONG. Elle avait avancé dans une interview à l’express que la principale difficulté des ONG était le manque de financement et que la pauvreté était l’un des plus grands problèmes sociaux à Maurice. Zoom sur trois jeunes qui ont grandi grâce à l’ONG SOS Children’s Villages et qui ont pu sortir de la pauvreté.

Les liens de coeur sont quelquefois plus forts que ceux du sang. C’est l’histoire de Nando Latiou, 19 ans et Krishna Kaleedeen, 28 ans. Ces deux jeunes hommes ont un passé commun : ils ont tous les deux grandi entre les murs du SOS Children’s Village de Beau-Bassin. Nando a été abandonné dans un shelter quand il était nourrisson pour une raison qu’il ignore toujours. Il a rejoint le village d’enfants à trois ans. Krishna y vivait depuis l’âge de sept ans. Si Nando n’a connu ses parents qu’à l’adolescence, Krishna a vécu son enfance dans une famille avec beaucoup de problèmes sociaux, qui ont conduit la Child Development Unit à enlever sa soeur, son frère et lui à ses parents.

Entre Krishna et Nando, le courant est passé dès le premier regard : «Quand il est arrivé, je l’ai tout de suite considéré comme mon petit frère», avoue Krishna. Toutefois, comme le veut la loi, Krishna doit quitter le village à 18 ans. «Je suis parti vivre chez une famille pendant six ans. Je ne me suis jamais adapté, d’où la raison pour laquelle j’ai fait de mon mieux pour avoir une maison de la NHDC.» Il ne se sent pas appartenir à une famille même si «ces gens» sont de son sang.

Nando Latiou (à g.) et Krishna Kaleedeen ont grandi au SOS Children’s Village.

Rejeté

Pendant tout ce temps, Krishna et Nando perdent contact, jusqu’à ce que ce dernier atteigne la majorité, l’an dernier. «Quand j’ai quitté l’abri, je n’avais aucune envie de repartir chez ma famille biologique. Car quand j’ai connu ma maman, pendant mon adolescence, j’ai habité chez elle mais je me suis toujours senti rejeté par mes demi-frères, mon beau-père et ma mère», explique le jeune homme timidement. SOS Children’s Villages prend contact avec son frère de coeur, Krishna. Ce dernier a de la place chez lui et accueille Nando à bras ouverts.

«Depuis un an, je vis avec lui et je me sens vraiment avec un frère. Nous partageons tout ensemble : les dépenses, nos secrets, nos appréhensions. Nous sommes une famille à nous deux.» Pour Krishna, Nando n’est pas seulement son colocataire, il se sent responsable de lui. «J’ai commencé ma carrière dans l’hôtellerie avant de bouger dans l’informatique. Nando vient de commencer la sienne. Il veut devenir cuisinier. Je le guide par rapport à mon expérience. La vie d’adulte est toute nouvelle pour lui, donc je le guide du mieux que je peux à prendre son indépendance.»

De religion différente, chacun des deux partage sa culture avec l’autre, s’entraide pour les fêtes. «Nous respectons la vie privée de l’autre mais nous vivons vraiment comme des frères. Les jours où il travaille, je cuisine et vice versa. D’ailleurs, je ne me plains pas des plats de Nando, il cuisine super bien.» Ensemble, ils necessent de se transmettre les valeurs acquises à SOS Children’s Villages, qu’ils ne cessent de remercier de les avoir réunis et élevés en hommes responsables.

«Ma famille d’accueil, pour la vie»

L’histoire d’Hollando Hélène est différente de celle de Nando et Krishna. Ce jeune hôtelier de 20 ans a aussi grandi dans un village d’enfants. «Ma maman m’a laissé chez une dame quand j’étais encore bébé à cause de problèmes financiers. La dame m’a par la suite remis aux autorités.» Sa mère ne savait pas où il se trouvait. Un oncle, 13 ans plus tard, apprendra où est Hollando et le dira à sa mère. «C’est à l’âge de 13 ans que j’ai rencontré ma mère pour la première fois. Elle a été gentille avec moi mais je n’ai jamais senti une proximité avec elle.»

En rencontrant sa mère, il fait aussi la connaissance de frères et soeurs. Et quand Hollando atteint l’âge adulte, il veut vivre dans une famille mais refuse d’aller chez sa mère biologique car il n’a aucune affinité avec elle. «Ma sœur biologique avait parlé de moi aux parents de son époux. Ils ont accepté de m’accueillir.» Il vit chez la famille Bapomme, à Bambous, depuis seulement deux ans mais c’est comme s’il y avait passé toute sa vie. «Ma famille d’accueil est ma famille pour la vie. Ils ont trois enfants mais je ne me suis jamais senti adopté. Ils m’épaulent, me nourrissent, m’encouragent… Ce sont mes parents quoi.» D’ailleurs, il appelle la dame qui l’a recueilli «maman». «Je serai toujours reconnaissant et respectueux envers eux. Je ne manque de rien. Au sein de cette famille, j’ai de l’amour à volonté. Je travaille et ils m’apprennent des valeurs et continuent à m’encadrer comme SOS Children’s Villages a su le faire.»