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Inde: Modi dit avoir fait oeuvre de «pionnier» au Cachemire

16 août 2019, 09:01

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Inde: Modi dit avoir fait oeuvre de «pionnier» au Cachemire

Le Premier ministre indien Narendra Modi a défendu jeudi sa décision controversée de révoquer l’autonomie constitutionnelle de la partie du Cachemire contrôlée par l’Inde, déclarant à l’occasion du Jour de l’indépendance avoir fait oeuvre de «pionnier».

Le Conseil de sécurité de l’ONU tiendra vendredi matin une réunion à huis clos pour évoquer la situation au Cachemire, a-t-on appris auprès de diplomates à New York.

L’armée pakistanaise a annoncé que trois de ses soldats avaient été tués jeudi dans des échanges de tirs à travers la ligne de démarcation entre les deux parties du Cachemire. Deux civils ont également péri dans d’autres échanges de tirs, a déclaré Mirza Arshad Jarral, un responsable local, à l’AFP.

Les militaires pakistanais ont dit avoir riposté et tué cinq soldats indiens, ce qu’un porte-parole de l’armée indienne a qualifié d’allégation «fictive», selon l’agence Press Trust of India.

De telles escarmouches sont fréquentes, mais celle-ci intervient au lendemain de déclarations d’Islamabad mettant en garde New Delhi contre toute agression dans sa partie du Cachemire.

Le Jammu-et-Cachemire, une région himalayenne en majorité peuplée de musulmans, aussi revendiquée par le Pakistan, est depuis le 4 août totalement coupé du monde.

Un black-out sur les communications et de fortes restrictions à la circulation ont été imposés par les autorités indiennes avant l’annonce de la révocation de l’article 370 de la Constitution qui conférait un statut spécial à cette zone.

En réaction, la BBC a annoncé jeudi qu’elle allait intensifier la diffusion au Cachemire de ses programmes de radio en ondes courtes et en langues locales.

Dans un discours à l’occasion de la fête célébrant l’indépendance indienne, sur les remparts du Fort rouge à New Delhi, M. Modi a affirmé que cette révocation s’inscrivait dans le cadre d’une série de décisions au travers desquelles son gouvernement récemment réélu a joué un rôle de «pionnier».

Le dirigeant nationaliste a affirmé que des «idées neuves» étaient nécessaires après sept décennies d’échec des politiques dans cette région déchirée.

«Corruption et népotisme» 

«Nous ne croyons pas dans le fait de créer des problèmes ou de les perpétuer», a-t-il expliqué. «Moins de 70 jours après l’avènement du nouveau gouvernement, l’article 370 est devenu une histoire ancienne. Et dans chaque chambre du Parlement, les deux tiers de leurs membres ont approuvé cette mesure».

Outre la révocation de l’autonomie constitutionnelle, le gouvernement Modi a également présenté au Parlement un projet de loi pour diviser le Jammu-et-Cachemire, dont sera séparée la partie orientale, le Ladakh, majoritairement peuplée de bouddhistes.

Le Jammu-et-Cachemire restant, qui comprendra les plaines dont la population est en majorité hindoue de Jammu dans le sud et la vallée de Srinagar en majorité musulmane dans le nord, va perdre le statut d’État fédéré, pour être rétrogradé à celui de «territoire de l’Union». Cela signifie que la région sera sous administration directe de New Delhi et n’aura presque plus aucune autonomie.

«Les anciens arrangements au Jammu, au Cachemire et au Ladakh encourageaient la corruption et le népotisme, ainsi que l’injustice en ce qui concernait les droits des femmes, des enfants, des dalits (ndlr : autrefois appelés «intouchables»), des communautés tribales», a ajouté Narendra Modi, assurant que «leurs rêves vont prendre leur envol».

«Vive l’Inde»

A l’issue de son allocution de 90 minutes, le Premier ministre de 68 ans a lancé des «Jai Hind» («Vive l’Inde») repris par des écoliers vêtus aux couleurs du drapeau indien, avant que ne retentisse l’hymne national.

La révocation de l’autonomie de la région et sa dislocation ont été qualifiées d'«illégales» par le Pakistan, les deux pays se disputant le Cachemire depuis leur partition en 1947, au terme de la colonisation britannique.

Mercredi, le jour de l’indépendance du Pakistan, le Premier ministre Imran Khan a opté pour un ton guerrier, mettant l’Inde en garde contre toute agression dans sa partie du Cachemire.

«L’armée pakistanaise dispose d’informations solides selon lesquelles ils ont l’intention de faire quelque chose au Cachemire pakistanais», a-t-il dit. «Nous allons leur donner une réponse ferme».

Dimanche, il avait comparé l’inaction de la communauté internationale face aux événements au Cachemire au silence ayant entouré l’émergence d’Hitler en Allemagne dans les années 1930.

Le Cachemire est divisé de fait entre l’Inde et le Pakistan depuis la partition de l’empire colonial britannique des Indes en 1947. Ces deux pays, qui le revendiquent en totalité, se sont livré depuis trois guerres, dont deux à propos de cet ancien Etat princier.

Une insurrection séparatiste fait aussi rage depuis 1989 au Cachemire indien et a coûté la vie à plus de 70.000 personnes, principalement des civils. l’Inde accuse son voisin pakistanais de soutenir en sous-main les groupes armés à l’œuvre dans la vallée de Srinagar, ce qu’Islamabad a toujours démenti.

En prévision de possibles troubles, les autorités indiennes avaient déployé avant la révocation plus de 80.000 paramilitaires supplémentaires dans cette zone hautement militarisée, où sont déjà cantonnés un demi-million de soldats indiens.

A Londres, plusieurs milliers de manifestants arborant des drapeaux du Pakistan ont manifesté jeudi devant l’ambassade d’Inde contre la révocation par New Delhi de l’autonomie de la partie indienne du Cachemire.

Une manifestation a eu lieu également à Paris, où plusieurs centaines de Pakistanais se sont rassemblés pour protester contre la décision indienne.