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Bradley Vincent: «J’ai tout donné pour mon pays !»

10 août 2019, 18:00

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Bradley Vincent: «J’ai tout donné pour mon pays !»

10 médailles : 4 d’or, 5 d’argent et 1 de bronze. C’est ce qu’a récolté Bradley Vincent aux JIOI… pour un public survolté venu le soutenir et à qui il a voulu offrir les plus beaux moments de sa carrière.

Deux semaines après la fin des Jeux des îles, vous êtes davantage connu et reconnu aujourd’hui à Maurice. Comment vivez-vous cette situation ?
Pour répondre à votre question, j’étais surtout heureux que le public puisse voir que je donnais tout pour mon pays. Et je souhaitais qu’il se sente impliqué par ce que je faisais. Cela dit, c’est vrai que beaucoup de gens voulaient que je sois pris en photo avec eux ou que je signe des autographes. Mais je reste humble par rapport à tout cela (sourire).

Parlez-nous de la relation qui s’est établie entre vous et le public. Avez-vous nagé pour vous ou pour eux ?
Je me suis entraîné pour les JIOI depuis plusieurs années. Et tout mon système, mon corps et mes muscles étaient préparés pour cet événement. Mais la foule et l’ambiance, c’était nouveau pour moi et cela n’avait rien à faire avec l’entraînement. Au début de la compétition, je ne m’attendais pas à évoluer devant un tel public. Dès le premier jour, cela m’a surpris. Quand je l’ai découvert, avant mon 50m nage libre, je me suis dit : «S’il faut débuter les JIOI par une médaille d’or, je veux que les spectateurs se souviennent de cette première médaille. Qu’ils ressentent ce que moi je ressens en remportant cette médaille.»

Vous vous êtes donc laissé porter par vos supporters durant la compétition ?
Dès le premier jour, Ben Hiddlestone, mon entraîneur, m’a dit que je n’aurais jamais espéré avoir un tel public et d’y aller en confiance et que je pouvais l’emporter au 50m nage libre. Et c’est arrivé. C’était bien d’être reconnu par le public et de se sentir connecté à lui.

Y a-t-il un épisode où vous avez été littéralement connecté au public ?
C’était lors du 50m papillon. J’ai pris 25 secondes et quelque, pour le parcourir. Mais, après cette course, cela m’a pris 45 minutes pour rejoindre la piscine d’échauffement ! (rires) Dans le couloir qui y menait, beaucoup de gens voulaient être pris en photo avec moi, même des policiers (rires). Cela faisait partie de la journée. Et j’ai beaucoup apprécié ces moments. Le public était venu me soutenir et je me devais d’être un exemple pour lui.

Après la remise des médailles au 50m nage libre, le regard toujours tourné vers le public.

Lorsque vous étiez sur la plus haute marche du podium et que l’hymne national a retenti, des spectateurs vous ont vu ému. Que ressentiez-vous à ce moment-là ?
Voir le drapeau mauricien être hissé en haut du mât devant un tel public et entendre l’hymne national, c’est très émouvant. J’étais très touché. J’ai déjà eu des médailles en d’autres circonstances, à des championnats ou à l’étranger. Mais je n’ai pas souvent eu l’opportunité de voir flotter le quadricolore alors que j’étais sur le podium. Ce n’est pas un moment que j’ai eu la chance de connaître aussi souvent que je l’aurais souhaité (rires).

En parlant de podium… il y a eu 10 courses et vous avez récolté 10 médailles. Celles en or sont-elles plus importantes que les autres ou chacune d’elles a une différente saveur ?
Chaque médaille a une histoire. J’ai donné le meilleur de moi-même à chaque course. Je voulais gagner plus de médailles d’or, au moins 6, incluant le relais 4x100m nage libre. Les médailles d’or ont définitivement plus de poids. Elles se réfèrent toujours aux nageurs les plus rapides de l’océan Indien. Par ailleurs, 10 médailles même si toutes ne sont pas en or, ce n’est pas rien. Ce n’est pas facile d’en récolter autant (rires).

Pour en revenir à vos courses, lesquelles vous ont le plus marqué ?
J’aimerais d’abord parler de celles des autres qui m’ont fait grande impression. Je pense aux nages d’Alicia Kok Shun, en brasse. Ce qu’elle fait, à son âge, est extraordinaire et je souhaite qu’elle continue. Elle me rappelle Tatjana Schoenmaker, brasseuse sud-africaine, qui réalisait les mêmes temps quand elle avait l’âge d’Alicia. Et aujourd’hui, elle est 2e mondiale. C’est dire tout le potentiel qu’Alicia a pour le futur. Je songe ensuite au 200m papillon d’Inès Gébert. Elle s’est battue jusqu’au bout. Quant à mes nages, ce sont le 50m papillon et le 100m papillon qui m’ont marqué (NdlR : il a remporté le 50m papillon). Je voulais tellement gagner le 100m papillon… et c’est ce qui m’a coûté à la fin ; j’ai trop «forcé» sur cette distance. Mais pour moi, ces deux courses étaient très intenses.

Bradley Vincent est ici entouré du Seychellois Mathieu Bachmann (à g.) et du Réunionnais Pierre Yves Desprez.

Après votre succès aux JIOI, quelle pensée avez-vous pour Mélissa, votre sœur, Michael Glover, ancien chairman du «Trust for Excellence In Sports», Philippe Pascal et Ben Hiddlestone, vos deux derniers entraîneurs, qui vous ont aidé dans votre carrière ?
(Très ému) Vous mentionnez ces 4 noms mais il y en a plus. Je pense à ma mère, par exemple… Par ailleurs, je n’ai pas beaucoup parlé de Michael Glover – c’est grâce à lui que tout a commencé - depuis les JIOI à ce jour. J’espère qu’il ne pensera pas que je l’ai oublié. Je souhaite qu’il soit fier d’avoir placé sa confiance en moi pour devenir le nageur que je suis aujourd’hui. Mélissa, ma mère, Philippe Pascal et lui étaient là dès le début. Philippe a pris beaucoup de son temps pour me construire comme nageur et m’inculquer les fondamentaux de la natation. Je le remercie et suis heureux de l’avoir eu auprès de moi pour mes deuxièmes JIOI après 2015. Ben Hiddlestone, mon entraîneur, était là aussi et il m’a beaucoup aidé. Il est celui qui a été derrière les résultats obtenus à Côte-d’Or et fait de moi l’athlète que je suis devenu. Il a été mon coach mais aussi un guide. Il était toujours là à me soutenir malgré la fatigue et me rappeler mes objectifs.

Au-delà des victoires et des médailles, quel message avez-vous à passer aux jeunes ?
D’un point de vue général, je dirais aux jeunes de travailler dur tout en restant fun. Il faut qu’ils aiment ce qu’ils font. C’est de cette manière que les progrès viennent. Quant aux jeunes comme Alicia Kok Shun, Inès Gébert, Ryan Kok Shun et Victor Ah Yong, entre autres, il faudra les surveiller à l’avenir. Je prie pour qu’ils poursuivent sérieusement leur carrière, malgré les études. Car à Maurice, il est de tradition que vers 17-18 ans, les jeunes talents cessent de nager et se concentrent plutôt sur leurs études.

Est-ce que les jeunes que vous venez d’évoquer seront vos dignes successeurs aux prochains JIOI ?
Bien sûr. Déjà, aux JIOI à Côte-d’Or, ces nageurs ont réalisé de très belles choses, pour leur âge. J’ai une pensée particulière pour Victor Ah Yong qui, d’apparence calme et tranquille, se montre très combatif dans l’eau. En un sens, je souhaite qu’il me challenge un jour. J’aimerais aussi qu’il puisse battre mes records en papillon. Philippe Pascal est d’accord avec moi sur ce point. (Rires)

Dans le public, toujours les ferventes supportrices du champion.

 

Palmarès aux jeux des îles

<p style="text-align: justify;">Médailles d&rsquo;or: 50m nage libre, 100m nage libre, 50m papillon, 200m dos</p>

<p style="text-align: justify;">Médailles d&rsquo;argent : 50m dos, 100m dos, relais 4x100m nage libre, relais 4x200m nage libre, relais 4x100m 4 nages</p>

<p style="text-align: justify;">Médaille de bronze : 100m papillon</p>

<h3 style="text-align: justify;">Records des jeux</h3>

<p style="text-align: justify;">50m nage libre : 22.57 s</p>

<p style="text-align: justify;">100m nage libre : 50.20 s</p>

<p style="text-align: justify;">200m dos : 2 :07.66 s</p>