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Françoise Lory-Blanquart, 98 ans et toujours cavalière

7 août 2019, 20:57

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Françoise Lory-Blanquart, 98 ans et toujours cavalière

 

«Allez Républicaine, on se réveille. Au pas !». A 98 ans, Françoise Lory-Blanquart monte tous les vendredis la jument pur-sang de Jean-Louis Hurel, le moniteur du haras de Malvoisine dans les Yvelines, un rendez-vous avec «son amie».

L’histoire équestre de cette dame née le 20 septembre 1921 est née de sa peur des chevaux. «J’ai voulu savoir pourquoi j’avais peur. J’ai donc décidé de monter dessus et ça fait maintenant 62 ans que je pratique l’équitation», raconte ce petit bout de femme énergique au regard bleu pétillant.

Cavalière aguerrie, elle n’a jamais fait de compétition mais a choisi la pratique de l’équitation pour l’animal. «J’ai toujours aimé le cheval que je montais. Je viens voir Républicaine comme quand je rends visite à un ami!», lance-t-elle au milieu de la carrière en faisant une courte pause après avoir échauffé sa monture en lui faisant franchir quelques barres au sol au pas et au trot.

Attentif, Jean-Louis Hurel, le maître des lieux depuis 50 ans «heureux d’avoir parmi ses clients la doyenne des cavalières», en profite pour donner les friandises amenées par Françoise à la jument, sage comme une image.

«Républicaine est très sensible, comme tous les pur-sang. C’est la monture idéale pour Françoise, une belle rencontre. Il y a une vraie osmose entre elles», estime-t-il. «C’est une bonne cavalière, elle a un bon équilibre, une bonne cadence et ne la gêne pas. Ce sont des qualités naturelles», ajoute-t-il, ne tarissant pas d’éloges sur cette élève dotée «de beaucoup d’humilité et de douceur».

Lui aussi monte toujours à cheval à 82 ans. «L’équitation est un sport qui peut se pratiquer à un âge très avancé» car «quand on monte à cheval, tous les muscles du corps travaillent», dit-il.

«Préparez-vous à prendre le galop à gauche», ordonne le moniteur. Un petit coup de talon et la jument s’exécute. «Bravo Françoise, vous êtes sur le bon pied!».

- «Elle m’aide à vivre» -

 

Sa longévité à cheval, Françoise l’explique par le goût de l’effort. «Au galop, j’en prends plein la colonne vertébrale, déjà qu’elle est en zigzag... Mais galoper c’est un tel bonheur! Et quand je tombe, je me relève. Elle m’a foutu par terre une fois, un vendredi 13 d’ailleurs, il y a deux ans. Je suis remontée tout de suite sinon j’aurais arrêté», se souvient la dame volontaire au visage très peu ridé et à la chevelure immaculée.

Pour honorer son rendez-vous avec l’animal qui dans sa jeunesse galopait à Longchamp, Françoise Lory-Blanquart parcourt 85km en voiture, aller et retour. «Si je n’habitais pas si loin je viendrais deux fois par semaine!», regrette l’habitante de Marly-le-Roi qui vit seule avec son chien dans sa maison.

Toutefois pour des raisons de sécurité, afin que Républicaine reste calme, la jeune Alicia Dumarché a préparé et détendu l’équidé dans la carrière pendant un quart d’heure.

«Pour moi Françoise est un modèle, un exemple. Je pense que je ne verrai ça qu’une fois dans ma vie. Elle monte à cheval toute seule, elle trotte, elle galope, pour son âge, c’est incroyable ! », s’étonne la jeune fille de 18 ans qui veut faire de sa passion son métier.

Ni la cavalière ni l’animal ne semblent fatigués de retour à l’écurie.

«Républicaine m’aide à vivre car tout effort réussit est un encouragement. Elle m’aide à continuer!», martèle Françoise Lory-Blanquart en appliquant de la graisse sur les sabots de la jument.

 

«Je compte bien monter à cheval jusqu’à mes 100 ans, et c’est dans pas longtemps...», murmure-t-elle doucement.

Concernant sa propre retraite, Républicaine devra attendre encore quelques années. «Monsieur Hurel m’a promis qu’il la maintiendrait en forme jusqu’à mes cent ans», se réjouit la vieille dame. «Après j’arrêterai de monter à cheval, il sera temps!»