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Bibliothèque nationale: le sauvetage numérique des vieux journaux enclenché

5 août 2019, 20:30

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Bibliothèque nationale: le sauvetage numérique des vieux journaux enclenché

Vacances studieuses. De 10 heures à 14 heures, des étudiants de l’université des Mascareignes se relaient ces jours-ci au chevet de vieux journaux. La numérisation de ces pièces d’archives a enfin commencé à la National Library. Un pas franchi dix ans après l’entrée en opération de l’institution sise au Fon Sing Building, à la rue Edith Cavell, à Port-Louis.

Le premier jour, le mercredi 10 juillet, c’est avec des exemplaires de La Balance, datant du lundi 4 février 1833, un journal aujourd’hui disparu, que le processus a été lancé. Petit paradoxe : le carnet où les heures de présence des étudiants sont notées à la main indique que 182 pages ont été scannées le premier jour. Première étape : scanner les vieux journaux page par page. Pour cela, l’étudiant est équipé d’un masque et de gants. Pour manipuler les pages fragiles, il utilise un petit accessoire jaune, ce qui évite le contact entre la main et le papier jauni.

Le scanner ne peut numériser que le format d’une double page A4, pour les anciens journaux.

Petit coup d’œil à l’actualité que rapporte La Balance. En 1833, nous sommes 23 ans après la prise de possession de Maurice par les Anglais. En une : La Balance annonce un «événement inattendu». L’arrivée du gouverneur sir William Nicolay en rade, à bord du brick Trinculo, le 31 janvier, à midi. Et de la fébrilité qui a gagné Port-Louis par la suite.

Autre journal objet d’attentions: les numéros du Cernéen de 1832, 1833 et 1834. À la Bibliothèque nationale, les exemplaires sont conservés dans des boîtes en carton, à cause de leur piteux état. Nouveau coup d’œil à l’actualité. Le Cernéen du mardi 25 mars 1834 rapporte : «La ville est d’une malpropreté horrible, et les maladies se propagent depuis quelques jours avec une effrayante rapidité (…) Le projet de loi sur le nettoiement publié dans la Gazette officielle, semblerait n’avoir pas eu de suite. Il paraît que le Conseil législatif a besoin de ruminer longtemps, avant de terminer les choses, même les plus pressées (…) On prendrait le Port-Louis pour une ville portugaise ou quelque chose de plus sale encore. Que fait le comité des rues ? Dort-il ? A-t-il le nez bouché

Selon quels critères les premiers journaux scannés ont-ils été choisis ? Belinda Ramnauth, directrice de la National Library, explique que priorité est donnée aux journaux les plus anciens. Mais, en termes pratiques, cela dépend aussi de la taille des publications, car le scanner actuel ne peut accommoder plus d’une double page A4. L’acquisition d’un scanner de plus grande taille, pour les journaux de grand format, est prévue, «dans les semaines à venir».

Si, pour l’heure, la numérisation a lieu dans la médiathèque de la Bibliothèque nationale, une salle dédiée est en cours d’aménagement au deuxième étage du Fon Sing Building. Une fois les pages scannées, c’est dans un deuxième temps que viendra la mise en ligne, pour les rendre accessibles au plus grand nombre.

La numérisation est possible grâce à un partenariat entre la National Library et l’université des Mascareignes, en collaboration avec l’université de Limoges, en France. Le protocole d’accord, d’une durée de trois ans, avait été signé le 15 avril de cette année. Il prévoit que des étudiants participent au projet dans le cadre de leurs recherches. Belinda Ramnauth précise que la National Library abrite une collection de quelque 600 000 documents, dont des livres, des manuscrits, des photos et des journaux. La première étape du projet a obtenu un budget de Rs 10 millions.

National library et archives nationales demandent plus de place

Nouvelle étape dans les consultations entre la partie indienne (qui finance la construction du bâtiment regroupant les Archives nationales et la National Library) et les autorités locales. Il ressort que ces deux institutions, qui avaient déjà soumis leurs spécifications, les ont revues à la hausse. Elles demanderaient désormais le double de l’espace initialement prévu. Ce qui ne devrait pas causer trop d’inconvénients, les consultants ayant déjà prévu ce cas de figure. Dans les milieux concernés, on croise les doigts pour que le premier coup de pioche, pour ce projet, soit donné avant la fin de l’année.

Le plus ancien journal de l’île

Le premier journal local, «Annonces, Affiches et Avis divers pour les colonies des Îles de France et de Bourbon», a été publié en janvier 1773. Une publication fondée et éditée par Nicholas Lambert, d’où le prix décerné aux journalistes, qui porte son nom. Il était le directeur de l’Imprimerie Royale. Il est également à l’origine de la poste chez nous. Les numéros du «Cernéen» sont aussi concernés par la numérisation. Ce journal, fondé en 1832 par Adrien d’Épinay, a paru pendant 150 ans, avant de disparaître en 1982. À la création de la Bibliothèque nationale, en 1999, les journaux jusqu’alors conservés aux Archives nationales y ont été transférés.