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«Respectez l’artiste»: demande dure à suivre

5 août 2019, 17:00

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«Respectez l’artiste»: demande dure à suivre

Mr Love a frappé les esprits en réclamant le respect de l’artiste, le lundi 29 juillet, au Champ-de-Mars. Nous avons demandé à plusieurs artistes de revenir sur les cas de manque de respect qu’ils ont subis. Réactions mitigées. Pour certains, en parler, «ne change rien». Dans la plupart des cas, ils n’ont pas souhaité en reparler craignant des représailles. Tandis que d’autres –toujours les mêmes – n’hésitent pas à crever l’abcès.

Plus qu’une simple interruption du programme. Les animateurs du concert post Jeux des Iles ont voulu mettre fin à la prestation de Mr Love après sa deuxième chanson. Pour accélérer l’arrivée de la tête d’affiche du concert. C’était il y a une semaine pile. Prenant le public du Champ de Mars à témoin, le chanteur ne s’est pas laissé faire. En direct, il s’est insurgé contre le «manque de respect» des fonctionnaires du ministère des Arts et de la Culture, responsables de l’organisation du concert.

Comme Mr Love, ils sont nombreux les artistes à affirmer avoir été victimes de manque de respect. Peu sont ceux qui en parlent ouvertement. Plusieurs artistes contactés n’ont pas souhaité s’exprimer, par crainte d’être «bloqués après».

Pour sa part, l’organisateur et artiste Bruno Raya souligne qu’il est parmi ceux qui souvent, «voice out». Épisode encore frais dans sa mémoire : le boycott de la fête de l’indépendance par un collectif en 2017. «C’était justement à cause du manque de respect envers les artistes». Cet appel au boycott avait été motivé par une petite phrase qu’aurait prononcée le ministre des Arts et de la Culture, Pradeep Roopun, à l’effet qu’il n’y a pas d’artistes professionnels à Maurice.

Si Bruno Raya reconnaît que, «c’est vrai qu’il y a des choses qui ont changé», il déplore l’immobilisme des autorités sur plusieurs dossiers. En particulier : «on ne nous respecte pas encore en tant que travailleurs culturels».

Autre fait marquant : les artistes qui «ti gagn bate», le 30 décembre 2016, près de la Place de l’Immigration. Leur volonté d’empêcher la vente d’albums piratés avait fini en échauffourées. Bilan : six artistes arrêtés, dont Dr Boyzini et sept blessés. Les artistes ont par la suite porté plainte contre des policiers à la Commission des droits de l’homme. «Certains prennent les artistes pour des moins que rien. Zot panse zot kapav fer seki zot anvi ar nou», s’indigne Bruno Raya. Situation renforcée par le manque de solidarité dans les milieux artistiques, déplore-t-il. «Les artistes qui jouissent de tout le confort, pa kass latet. Kan li viktim lerla ki li santi li».

De son côté, le danseur et chorégraphe Jean Renat Anamah, bien que fier d’avoir reçu un National Award du ministère des Arts et de la Culture, dans la catégorie danse, le 25 avril dernier, n’en démord pas. Il se souvient d’avoir eu affaire à des «fonctionnaires qui voulaient écourter le spectacle d’inauguration du centre artistique de Paillote, parce que le ministre devait s’en aller. On nous a fait comprendre que si on ne s’arrêtait pas, on ne serait pas payés». Ce qui explique pourquoi il, «appuie fortement Mr Love».