Publicité

L’Ocean Viking prend le large pour sa première mission de sauvetage

5 août 2019, 09:23

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

L’Ocean Viking prend le large pour sa première mission de sauvetage

 

Le nouveau bateau affrété par SOS Méditerranée et Médecins sans Frontières, l’Ocean Viking, entame dimanche sa première mission de sauvetage au large de la Libye, malgré l’incertitude autour des ports d’accueil et de la fermeture des eaux italiennes.

Pour sa première campagne de l’année, après l’abandon en décembre 2018 de l’Aquarius, privé de pavillon, SOS Méditerranée, dont le navire a quitté Marseille à 22H00, ne doute pas de devoir secourir de nombreux candidats au départ.

 
 

«Beaucoup de traversées ont lieu en ce moment, c’est lié aux conditions météo estivales mais aussi à la situation en Libye, devenue un véritable repoussoir. Ce qui explique que les gens prennent encore plus de risques qu’auparavant», estime Frédéric Pénard, 43 ans, directeur opérationnel de l’organisation.

Côté politique, le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini, a signé deux nouveaux arrêtés interdisant aux bateaux humanitaires de pénétrer dans les eaux territoriales italiennes: au moins 164 migrants, dont des femmes, des enfants, secourus par des ONG espagnole, ProActiva, et allemande, Sea-Eye, étaient toujours bloqués en mer vendredi.

- En première ligne -

En l’absence d’accord entre Etats européens pour accueillir les rescapés, le gouvernement italien barre l’accès à ses ports, situés en première ligne face aux côtes libyennes: les équipes de l’Ocean Viking --13 personnes pour SOS Méditerranée, dont neuf marins secouristes; neuf pour MSF dont un médecin, une sage-femme, un médiateur culturel, plus l’équipage, soit 31 personnes au total-- se préparent donc à une possible errance le long des côtes.

Si les navires des ONG «entrent dans les eaux territoriales italiennes, nous les saisirons un par un. On verra bien qui se fatiguera en premier», a déjà prévenu jeudi M.Salvini.

Affrété en Norvège, aménagé en Pologne, l’Ocean Viking a fini d’être préparé cette semaine à Marseille d’où il a appareillé: le bâtiment de 69 m, battant pavillon norvégien, devrait atteindre la principale zone de naufrage, la Méditerranée centrale, en deux à trois jours.

 

La Méditerranée, dont la surface ne représente qu’1% des océans de la planète, est pourtant devenue la route maritime la plus meurtrière au monde. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 840 personnes y ont disparu depuis le début de l’année, dont 576 en Méditerranée centrale --sans compter les naufrages non répertoriés.

«Il est clair qu’il faut agir d’urgence pour sauver des vies. Et c’est justement notre mission», justifie Sam Turner, chef de mission MSF en Libye qui, outre le dernier naufrage majeur survenu le 25 juillet (au moins 110 morts et disparus), évoque aussi les conditions «inhumaines» en vigueur dans les centres de rétention en Libye, qui poussent les gens à partir à tout prix.

- «Forcé d’agir» -

«On est forcé d’agir en raison du manque de ressources disponibles en Méditerranée centrale, et faute de réaction de la part de l’Europe. Si l’Europe agissait, il n’y aurait pas besoin des ONG», martèle-t-il.

Or, depuis la fin de l’Aquarius --qui a secouru 30.000 personnes en trois ans-- ne subsiste qu’une poignée de bateaux humanitaires à flots, dont l’Alan-Kurdi, de Sea-Eye et l’Open Arms, de Proactiva.

Le bateau de l’organisation Sea-Watch a été placé sous séqustre en Italie en juin après que sa capitaine avait forcé le blocus.

 

Dans ce contexte, il aura fallu sept mois à SOS Méditerranée pour trouver un navire successeur de l’Aquarius et un armateur prêt à jouer le jeu.

Jusqu’aux dernières heures avant le départ, les grues se sont affairées autour de ses flancs rouges et blancs; son vaste pont arrière, entravé de conteneurs juxtaposés, offre des salles de repos séparées pour les femmes et les enfants, une clinique, des centaines de gilets de sauvetage, des tonnes de vivres et de carburant - l’eau est désalinisée à bord.

Le navire devrait être capable de recevoir 200 à 300 personnes. D’une capacité légèrement supérieure, l’Aquarius avait dû, un temps, abriter un millier de naufragés, rappelle SOS Méditerranée.