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Mr Love: «Auraient-ils agi de la sorte si c’était un politicien ?»

31 juillet 2019, 18:30

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Mr Love: «Auraient-ils agi de la sorte si c’était un politicien ?»

Champ-de-Mars, lundi, un couac a surgi. Ludovic Lamarque, plus connu sous son nom de scène Mr Love, a pris tout le monde de court en refusant d’écourter sa performance. Que s’est-il passé avant une telle réaction ? 

Récapitulons. Vous êtes sur scène au Champ-de-Mars, lundi, pour célébrer les sportifs, lorsque trois animateurs radio vous ont interrompu. Que se passe-t-il alors dans votre tête ?
C’est un moment compliqué, pour un artiste surtout. Des fonctionnaires du ministère des Arts et de la culture ont pris une décision sans me prévenir. À peine mon deuxième titre terminé, ils ont envoyé les animateurs m’interrompre, au lieu me passer le message personnellement. (…) Ce qui m’a agacé, c’est que je sois toujours sur scène avec mes musiciens lorsqu’on a commencé à me remercier et annoncer le prochain artiste, sans même que j’aie le temps de dire au revoir au public.

Le public a surtout retenu que vous vous en êtes pris aux trois animateurs… 
Je m’adressais au fonctionnaire qui était à ma droite et pas aux animateurs. Ces animateurs qui sont mes amis et d’anciens collègues ne sont pas fautifs. Ils n’ont fait qu’exécuter l’ordre reçu des fonctionnaires. D’ailleurs, je me suis fait un devoir, en rentrant, de leur envoyer un message pour m’excuser. Tout a commencé avant même que je ne monte sur scène, lorsqu’il a commencé à pleuvoir. Il y a eu une coupure de courant alors que Blakkayo était sur scène. Comme je devais passer après lui, des fonctionnaires m’ont dit qu’il y a une possibilité qu’ils annulent le reste du concert, pour passer directement aux feux d’artifice. Et qu’en dépit de l’annulation, les conditions restent les mêmes.

Quelle a été votre réaction en apprenant que vous ne chanterez pas ? 
J’ai trouvé tout à fait normal puisqu’on ne peut prévoir pour le temps. Sauf qu’on m’a fait patienter dix minutes. Ils sont revenus pour m’annoncer qu’ils allaient poursuivre avec le concert avec, toutefois, un changement de programmation. Je devais interpréter que deux des six titres prévus. Et ce, en play-back.

 

 
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Que leur avez-vous dit ? 
Que c’est un manque de respect vis-à-vis de mon équipe. Nous avons été invités à nous produire en tant que Mr Love and The Gentlemen – même si nous n’avons été sollicités formellement que la veille. En dépit de nos autres responsabilités, nous avons tenu à être présents pour célébrer nos athlètes.

J’ai maintenu que je ne chanterai qu’avec mon équipe, et selon la programmation convenue. Les fonctionnaires ont maintenu que ce ne serait pas possible car le matériel ne permettait pas de direct à cause de la pluie. Ils ont aussi consulté The Prophecy, qui devait se produire après moi, et je pense que ce groupe a également maintenu sa position, puisque les fonctionnaires sont revenus vers moi pour me dire que je pourrai me produire en direct, comme convenu initialement. Donc, tout avait été réglé avant que je ne monte sur scène. Et j’ai même dit que je ne ferai que cinq titres au lieu de six.

Si beaucoup ont salué votre réaction, d’autres vous ont trouvé arrogant…
Je respecte l’opinion de tous. Mais, je trouve triste que certains pensent que je fais de la propagande, que je sois arrogant ou jaloux. Au contraire, je suis très proche de The Prophecy, d’Alain Ramanisum et des autres artistes qui se sont produits lundi. (…) Tout ce que je demande, c’est le droit au respect. Respecter l’humain, respecter l’artiste et respecter le deal qui a été fait. La fête de lundi n’aurait pas eu sa raison d’être s’il n’y avait pas les athlètes, les artistes et le public. Si c’était un politicien ou un artiste international, auraient-ils réagi de la sorte ?

Que reprochez-vous au ministère des Arts et de la culture ? 
Le sport et la culture ont toujours été négligés. Aujourd’hui, les athlètes ont fait la fierté de Maurice. Je suis fier de ces sportifs mais quelle sera la suite ? Je connais beaucoup de sportifs qui, à un moment donné, terminent comme maçons. (…) Savez-vous que les artistes qui devaient être au Champ-de-Mars à 14 heures, lundi, n’ont reçu ni une bouteille d’eau ni de quoi se mettre sous la dent ? 

Finalement, on nous prend pour des marionnettes. Aucun encadrement. Aucun encouragement. (…) Aujourd’hui, un artiste ne reçoit que 60 sous pour la diffusion d’une de ses chansons à la radio alors qu’on ne peut même pas s’acheter un pain avec 60 sous. Il est temps de respecter les artistes et que la population sache ce qui se passe également en coulisses, même si je sais qu’il y aura probablement des représailles après ce que j’ai dit lundi.

Dans une vidéo diffusée sur votre page Facebook après votre prestation, vous révélez qu’un employé du ministère des Arts et de la culture vous a demandé «ki sann-la ou été ou?»… 
Tout à fait. On nous a dit de prendre notre laisser-passer au bâtiment NPF à Port-Louis. Lorsque je suis arrivé, le fonctionnaire, qui devait remettre la carte d’accès aux artistes, m’a demandé qui j’étais avant de me dire qu’il n’y avait plus de pass. J’ai eu beaucoup de difficultés à accéder au Champ-de-Mars. Heureusement que des policiers m’ont reconnu. (…) À un moment, un fonctionnaire m’a même demandé si Blakkayo était déjà là parce qu’ils ne le connaissent pas. (…)