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Des récifs artificiels remplacent les coralliens

30 juillet 2019, 22:30

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Des récifs artificiels remplacent les coralliens

L’installation de «Reef balls» est en cours à Mont-Choisy en vue de construire un récif artificiel car l’état des coraux a empiré et il n’y en a plus pour protéger la plage. Le but du projet est d’atteindre, à long terme, les critères de «Blue Flag» afin de confirmer Maurice comme destination touristique internationale.

Les photos sont éloquentes. Une partie de la plage a été comblée et l’installation de Reef balls a débuté. Pour qu’il y ait un impact sur la plage supérieure, il est recommandé que le recul total de la bordure de l’escarpement ne dépasse pas cinq mètres; selon le rapport de l’Environment Impact Assessment (EIA) du projet.

Des Reef balls les plus appropriées pour ce projet, selon des études menées, sont Goliath de 1,8 m de large et 1,5 m de haut, Super de 1,8 m x 1,4 m et Ultra de 1,7 m x 1,3 m. Le nombre de trous dans ces structures varie de 22 à 40, dépendant de la taille. Celles-ci ont été fabriquées par la compagnie Sotravic. Le coût estimé de leur construction est approximativement de Rs 39,2 millions pour environ 350 Reef balls.

Nadeem Nazurally, Country Coordinator (Mauritius) de la Western Indian Ocean Marine Science Association et de la faculté d’agriculture de l’université de Maurice, explique que les différentes tailles des Reef balls dépendent des endroits où celles-ci seront placées, selon la force du courant. «En général, pour des courants plus forts, il faudrait des récifs plus résistants», souligne-t-il. Par ailleurs, il estime que la matière utilisée pour construire ces structures est du ciment marin non toxique.

Dans le document EIA, il est mentionné que le béton utilisé comprend un additif de microsilice à très haute résistance mécanique de 50 Megapascal (Mpa), qui est, en outre, résistant à l’abrasion. Le béton possède également un pH similaire à celui de l’eau de mer naturel, contrairement au béton conventionnel, et favorise ainsi la sédimentation et la croissance de nombreuses espèces marines et des coraux larvaires.

Des «Reef balls» de trois types seront installées, Goliath, Super et Ultra. 

D’autre part, Nadeem Nazurally dit que comme les coraux peuvent être étouffés par le sable, les Reef balls serviront comme des bases pour ces derniers. «Le résultat sera visible sur le long terme. Il faut faire un bon suivi car les Reef balls seront placées dans le lagon peu profond et le béton peut très vite se réchauffer. La chaleur n’est pas une des conditions favorables pour les coraux.». Il ajoute que plus la surface des Reef balls est lisse, moins les coraux vont s’y attacher. C’est le résultat d’une étude qu’il réalise actuellement.

Le récif artificiel devrait permettre la création de nouveaux habitats de poissons, un potentiel pour l’élevage du corail et la transplantation. Des coraux peuvent être placés sur ces structures grâce à une matière appelée époxyde. Selon le suivi qu’il en a fait à Awali, Bel-Ombre, sur un projet semblable, les coraux se placent sur les rochers basaltiques plutôt que dans le béton. Mais l’expert soutient que l’on ne peut comparer le site de Bel-Ombre à celui de Mont-Choisy.

«La plage de Mont Choisy a subi au fil des ans une érosion et des dommages importants par les vagues à haute énergie, qui sévissent dans la lagune en période de tempêtes», énonce-t-il. L’érosion est conséquente à son extrémité sud sur une étendue de 500 à 700 mètres. C’est pour ces raisons que le projet de récifs artificiels fait partie du Coastal Adaptation Programme. Et le but est d’accroître la résilience climatique des zones côtières de cette plage. Le site commence à l’hôtel Mystic dans le sud et s’étend vers le nord jusqu’à Pointe- aux-Canonniers, sur une étendue d’environ 1,4 km.

L’état de la plage

La capacité des récifs à développer leur résilience et leur rétablissement a drastiquement diminué en raison de l’approfondissement des deux passes existantes dans le récif corallien protégeant la lagune. La pente de la plage à la frange récifale s’est amplifiée et a entraîné une accélération de la perte de sable dans les eaux profondes de la lagune.

Notre interlocuteur explique que la dégradation de l’écosystème récifal et lagunaire a réduit la production naturelle de sable, entraînant un déficit de sable et une augmentation des taux d’érosion. Une telle situation environnementale s’est produite au fil des ans en raison de l’action naturelle : blanchissement des coraux, changement dans le comportement dynamique des vagues et des actions humaines telles que les développements immobiliers sur la zone côtière, l’utilisation de dynamite pour approfondir les passes récifales, l’enlèvement des herbiers marins et l’augmentation de la navigation de plaisance, déplaçant ainsi les sédiments du fond marin.

Au dire de Nadeem Nazurally, «les Reef balls aideront à construire des récifs artificiels pour réduire la hauteur des vagues et en atténuer l’énergie afin de réduire l’érosion et les impacts négatifs». De plus, ces récifs artificiels produiront inévitablement un habitat accru pour la faune marine, comme les mollusques marins et la population marine vivant au fond des eaux. Avec l’expérience acquise dans le domaine, il explique que les récifs artificiels, en général, augmentent au fil du temps la population de ces espèces marines, ainsi que leur habitat naturel, ce qui améliorera à terme la valeur environnementale, le potentiel de pêche et le statut de la lagune dans son ensemble. Cela pourrait être une autre source de revenus pour la location d’équipement de plongée.

Sotravic et le ministère de l’Environnement ont été contactés. En vain.