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Hong Kong: graffitis et jets d’oeufs contre le bureau de liaison du gouvernement chinois

21 juillet 2019, 18:36

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Hong Kong: graffitis et jets d’oeufs contre le bureau de liaison du gouvernement chinois

Des protestataires ont jeté des oeufs et inscrit des graffitis sur la façade du bureau de liaison du gouvernement chinois à Hong Kong, à l’issue d’une nouvelle manifestation monstre dimanche dans le territoire semi-autonome.

Les organisateurs ont fait état de 430.000 personnes ayant participé à la manifestation de ce dimanche.

Hong Kong est le théâtre depuis le 9 juin de gigantesques manifestations contre le gouvernement local pro-Pékin, marquées de façon sporadique par des affrontements violents entre des contestataires radicaux et la police.

Le mouvement est parti du rejet d’un projet de loi désormais suspendu visant à autoriser les extraditions vers la Chine.

La contestation s’est élargie à des exigences plus vastes concernant la préservation des acquis démocratiques et des libertés - en particulier d’expression et l’indépendance de la justice - dont cette ancienne colonie britannique revenue dans le giron chinois en 1997 jouit, théoriquement jusqu’en 2047, aux termes de l’accord de rétrocession.

Dimanche, pour le septième week-end d’affilée, les manifestants anti-gouvernementaux ont défilé dans les rues. Le parcours autorisé était plus court que d’habitude mais les protestataires ont passé outre les consignes en allant jusqu’au bureau de liaison chinois, représentant le gouvernement de Pékin.

Des milliers de manifestants portant des masques ont investi la rue devant cet imposant immeuble, érigé des barricades, et ont pris pour cible le bâtiment : ils ont jeté des oeufs et d’autres projectiles, et inscrit des graffitis sur sa façade.

«Nous sommes ici pour dire que Pékin viole nos valeurs fondamentales et nos procédures judiciaires», a déclaré à l’AFP un manifestant de 19 ans, ne donnant que son prénom, «Tony».

Un homme portant un masque noir et un casque de vélo a ensuite lu une liste de revendications dans un mégaphone. «Il n’y a pas de protestataires violents ni d’émeutiers, il n’y a que la tyrannie. Nous protègerons notre patrie par tous les moyens», a-t-il dit. «Nous appelons le gouvernement à arrêter de mener Hong Kong vers la destruction».

La présence policière s’était fait discrète devant le bureau de liaison chinois, mais les forces de l’ordre ont investi le quartier dimanche soir, entamant alors, comme lors de la dispersion des raassemblements des semaines précédentes, un jeu du chat et de la souris avec des groupes de manifestants.

«Depuis trop longtemps notre gouvernement nous ment et nous trompe, et refuse de répondre aux demandes du peuple malgré les nombreuses manifestations massives», avait déclaré un groupe de protestataires en lisant un manifeste avant le défilé.

Le mouvement de contestation est notamment nourri par des disparitions de libraires dissidents, réapparus ensuite en détention en Chine continentale, la disqualification d’opposants et l’incarcération de leaders du mouvement pro-démocratie.

Les protestataires exigent la démission de la cheffe de l’exécutif local Carrie Lam, que Pékin soutient de tout son poids, le retrait pur et simple du texte sur les extraditions, une enquête indépendante sur les violences policières supposées et l’amnistie des personnes arrêtées. Ils appellent aussi à nouveau à l’élection au suffrage universel du chef de gouvernement.

Selon des informations parues cette semaine dans le quotidien South China Morning Post, Pékin semble décidé à renforcer son soutien à la cheffe de l’exécutif et à la police, plutôt qu’à tenter de répondre à la colère des manifestants.

Steve Vickers, ancien policier et spécialiste en sécurité, a estimé que la situation risquait d'«empirer» dans les prochaines semaines. «La polarisation au sein de la société hong-kongaise et les relations très acrimonieuses entre les contestataires et la police s’aggravent», juge-t-il.

Samedi, plusieurs dizaines de milliers de personnes s’étaient rassemblées à Hong Kong pour exprimer leur soutien à la police et au gouvernement pro-Pékin.

Samedi aussi, la police a annoncé avoir découvert un laboratoire clandestin de fabrication d’explosif TATP, mis la main sur des tracts pro-indépendance et arrêté un homme.