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Roshan Soomarchun: «J’amène mon expertise partout dans le monde mais l’île Maurice me refuse»

11 juillet 2019, 20:30

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Roshan Soomarchun: «J’amène mon expertise partout dans le monde mais l’île Maurice me refuse»

Roshan Soomarchun, Franco-Mauricien de 40 ans, dont les parents sont arrivés en France au milieu des années 70, dirige, aujourd’hui, «Circo de Bakuza» avec d’autres partenaires européens. «Circo de Bakuza» a organisé les cérémonies d’ouverture et de clôture de l’Euro 2016, la finale de la Ligue des champions 2019, avec, notamment le concert du groupe de rock «Imagine Dragons» et le show d’ouverture de la Coupe d’Afrique des nations 2019 se déroulant actuellement en Egypte. Il se dit, néanmoins, frustré qu’il ne puisse s’exprimer sur la scène locale.

Pourriez-vous rappeler, brièvement, votre parcours ? 
J’ai eu la chance d’étudier dans les plus grandes écoles dans le monde. Paris, Londres et New York. J’ai une maîtrise en relations internationales et une maîtrise en Marketing et un MBA.

Comment se porte votre compagnie «Circo de Bakuza» ? 
Il y a des hauts et des bas, comme dans toutes les compagnies, des années meilleures que d’autres. Mais nos réalisations font, toujours, autant parler d’elles. Par exemple, la cérémonie d’ouverture de la Coupe d’Afrique des Nations 2019 en Egypte. Le show était spectaculaire et jamais on a autant entendu parler d’une cérémonie. A tel point que le match d’ouverture est passé au second plan.

D’où vous vient une telle inspiration pour créer des spectacles si hypnotiques ?
Je suis chanceux d’être entouré de personnes créatives et très talentueuses. Les shows que nous créons ne sont pas l’œuvre et la signature d’une personne, mais sont un vrai travail d’équipe. Mon équipe s’inspire de tout et elle adore les challenges. Mon rôle à moi est de les accompagner dans leur création et surtout de rendre possibles ces spectacles uniques.

Vous qui avez visité de nombreux pays, quel est celui que vous préférez ? Pourquoi ? 
En effet, je voyage énormément. Je suis plus souvent dans l’avion et dans les hôtels, que chez moi. Je prends l’avion tous les 10 jours depuis deux ans maintenant. J’adore les pays où j’ai été amené d’y aller. J’adore la culture de tous les pays. Découvrir les gens, manger local, me balader dans les rues comme un local et non en touriste. Cela me permet d’enrichir ma connaissance, de faire de nouvelles rencontres, et de m’inspirer.

Je vivrais demain, à Londres, ou à New York, sans hésitation (je me sens chez moi). J’adore Montréal pour sa qualité de vie et les gens, San Francisco, car c’est magique, Los Angeles pour sa grandeur et la côte Pacifique, Paris, car c’est ma ville, et, bien entendu, l’île Maurice car je m’y sens bien.

Où en est le projet de collaboration avec le gouvernement mauricien ? 
C’est un sujet qui me touche et me frustre, énormément. J’ai tenté, à trois reprises, d’apporter mon expertise, mon savoir-faire (le nouvel aéroport, les 50 de l’indépendance, le métro…). Mais je ne comprends pas. J’arrive à susciter un intérêt à travers le monde, du Canada à Shanghai, de l’Egypte à Dubaï, en passant par la Côte d’Ivoire, le Gabon et l’Europe, mais il semble que je ne fasse aucun effet au gouvernement mauricien ou qu’ils ont mieux. Je ne sais quoi dire. J’ai tenté, j’ai fait des présentations mais je n’ai eu aucune réponse. Et c’est très frustrant, car j’amène mon expertise partout dans le monde, mais l’île Maurice me refuse.

J’ai participé à trois appels d’offres, en vain. Non pas parce que j’ai perdu les appels d’offres, et je n’ai aucun souci de ce côté-là, mais parce que je n’ai eu aucune réponse. Par exemple, lorsqu’on me dit, le jour de l’évènement, que mon dossier est, toujours, à l’étude ! Je suis sans mot.

L’événementiel est votre domaine. Y-a-t-il eu de l’évolution dans ce secteur ? 
Tous les jours. Les nouvelles technologies transforment le secteur événementiel à vitesse Grand V. Le digital, la réalité virtuelle, la réalité augmentée poussent les limites et ouvrent de nouvelles perspective créatrices.

Pourquoi n’organisez-vous pas un concert d’une grande star à Maurice ? 
Ce n’est pas mon corps de métier. On a, déjà, à Maurice des gens très bons dans ce domaine. 
Cependant j’ai un projet en tête, mais chut !!!!

Show de pyramide pour l’ouverture de la CAN 2019.

Le spectacle de la CAN 2019 était-il conforme à vos at- tentes ? 
- La cérémonie d’ouverture s’est déroulée en quatre actes: 
Acte 1 : Bienvenue en Egypte : on parle de la culture égyptienne, de son histoire, des pyramides et des pharaons. 
Acte 2 : La nouvelle face de l’Egypte : la jeunesse, la modernité, les nouvelles villes, etc.. 
Acte 3 : La compétition. On met à l’honneur les 24 nations participantes 
Acte 4 : Concert célébrant l’Afrique et sa diversité. 
Cette cérémonie est la plus belle qui n’est jamais été réalisée dans le monde du football.
Je me suis entouré des meilleurs dans leur domaine. Premièrement ce fut une production en partenariat avec Blink Experience (une agence de production de Dubaï). Dans mes équipes j’avais:

Julien Pateau en Show Director (amenant toute son expertise lors des cérémonies de l’UEFA, avec qui je fais, entre autres, les shows de la Champions League), le directeur artistique : Rémi Winterhalter, le directeur de production : Tony Beijani qui est derrière les céré- monies des Special Olympics et la Formula E, la chef chorégraphe : Tatiani Mirikou (Jeux olympiques), la directrice de projet : Sophie Pabst (Euro 2016, CAN 2017), Ramsey Shantout, le directeur des comptes qui a fait l’Asian Cup, etc… et j’en passe.

Cette cérémonie a été réalisée en temps record. Là où l’on met 10 mois pour une Champions League, je n’en ai eu que trois. Par conséquent, seule cette équipe d’experts est capable de sortir un événement de la sorte aussi parfait.

Ce fut aussi un challenge de production : un tapis de 7 500 m2 , deux pyramides de 6m, et un de 19x12m (il faut savoir qu’au Caire la plus petite des trois pyramides fait 23m) on a, donc, construit la 4e plus grande pyramide du Caire. 698 performers, 140 vidéos projecteurs… et le tout démonté en un temps record de 15 min. 

C’est, et de loin, la plus belle cérémonie que j’ai jamais réalisée !