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JIOI 2019 - Sydnay Laroulette: «Je souhaite aux sportifs de vivre à fond ces moments qui resteront à jamais gravés dans leur carrière»

9 juillet 2019, 12:59

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JIOI 2019 - Sydnay Laroulette: «Je souhaite aux sportifs de vivre à fond ces moments qui resteront à jamais gravés dans leur carrière»

Participer à un événement comme les Jeux des îles, pour nous, sportifs mauriciens, c’est comme participer à une compétition olympique. Ce rêve habite beaucoup de sportifs quand ils commencent vraiment à se donner à fond dans leurs disciplines, pour décrocher des médailles soit au niveau national, et pourquoi pas au niveau régional ou international.

Cela a été mon cas. Tout jeune, j’adorais courir. Je ne manquais jamais les cross-countrys organisés dans mon quartier à Tranquebar. Je raflais les premières places à chaque course.

En 1980, le déclic s’est produit au collège lors des inter-départements organisés chaque année. Je m’étais permis, sans grande préparation, de battre au 100 m celui qui était considéré comme le meilleur sprinteur dans la catégorie cadet à cette époque. Il faisait partie de la sélection nationale qui s’était rendue aux premiers Jeux des îles à La Réunion l’année précédente. 

A partir de là, tout s’est enchaîné. Je suis appelé à me joindre à la sélection junior et je commence à m’entraîner sérieusement. Les objectifs, je les ai pris étape par étape. Avec l’équipe junior du 4 x 100 m - Jean-Maurice Mamet, Gilles Brelu-Brelu, Phillipe Blackburn et moi - nous établissons le record de Maurice senior en 1981. Je fus ensuite sacré champion de Maurice toutes catégories l’année suivante. 

L’annonce de ma sélection pour les Jeux des Iles de 1985, pour représenter Maurice au 100 m et au relais 4 x 100 m, fut un grand rêve qui se réalisa après tant d’années de sacrifices. Les mots me manquaient à ce moment précis pour décrire cette joie. 

Le jour de la compétition enfin arrivé, j’étais motivé, j’avais envie de me surpasser, de tout donner pour ne pas déplaire à nos entraîneurs, aux parents et à tous ces gens qui étaient venus en si grand nombre nous encourager. Cette envie de me surpasser était à son apogée. Le stade de Réduit, avec sa nouvelle piste en tartan, était plein à craquer. Le temps était maussade, il pleuvait. Mais malgré toute cette préparation physique et mentale, le trac a pris le dessus lors du 100 m. Je fus éliminé en demi-finale. J’étais vraiment déçu. Le sprinteur malgache était vraiment fort.

Mais je me suis rattrapé au relais 4x100 m avec l’équipe composée de Daniel Kisnorbo, Gilles Brelu-Brelu, Christian Boda et moi. Nous avons décroché la médaille d’argent. Une médaille, ô combien importante, qui récompensait tout ce travail, tous ces sacrifices pendant ces longues heures d’entraînement.

Les Jeux des Iles de 85, ce fut aussi cette ambiance dans le Village des Jeux, la solidarité parmi tous les sélectionnés, toutes disciplines confondues. Il y avait une réelle envie de tout rafler.

Grâce à ces Jeux, j’ai eu, par la suite, l’occasion de poursuivre une carrière de haut niveau et de participer aux Jeux des Iles de Madagascar en 1990 et à ceux des Seychelles en 1993. J’ai aussi pris part aux Jeux d’Afrique en Egypte, à Nairobi et au Championnat d’Afrique du Sud, à des compétitions en Inde, au championnat de relais à Singapour. J’ai aussi effectué plusieurs stages en France. Bref, j’ai eu une riche carrière au plus haut niveau. 

J’ai aussi vécu un autre moment très fort en 2003 lors des Jeux des Iles à l’île Maurice. J’ai eu encore une fois la chance de participer pleinement à ces Jeux. Mais cette fois, j’étais de l’autre côté de la barrière, dans l’équipe d’organisation, plus précisément dans l’équipe qui avait conçu et dirigé la cérémonie d’ouverture et de clôture. J’étais partie prenante de cette organisation, au cœur même de sa conception. J’ai ressenti une immense fierté quand j’ai dessiné le plan du stade Anjalay pour le spectacle avec les moindres détails, pour offrir au peuple mauricien un spectacle haut en couleur, avec un petit budget, car nous travaillions tous bénévolement, pour la bonne cause. Se retrouver au cœur dans cette ambiance, surtout lors de la cérémonie d’ouverture quand il fallait diriger les athlètes pour la partie protocolaire, c’était revivre mes années en tant qu’athlète.
                                   
Je ne peux m’empêcher de me demander toutefois si l’esprit originel des Jeux sera présent : c’est-à-dire rassembler la famille sportive des îles, faire vivre les athlètes en harmonie dans les stades et surtout dans UN Village, où le petit-déjeuner et le dîner sont pris ensemble par les différents pays participants, dans la bonne humeur, avant et après la compétition. C’est le seul moment et le seul endroit où TOUT le monde se RETROUVE ensemble, après avoir combattu et concouru en adversaires sur les tatamis, dans les gymnases ou sur la piste. Sera-ce le cas cette fois ci quand chaque délégation va se retirer dans SON HOTEL après la compétition ?

Pour comprendre cela, il faut l’avoir vécu de l’intérieur, pas comme spectateur.

Cet esprit dont je parle n’a rien à voir avec des chambres 5-étoiles, avec les concerts assurés par de grands artistes à travers l’île pour, soi-disant, promouvoir les Jeux. Les vrais artistes, ce sont ces athlètes, ces sportifs qui seront en action. Ce sont eux qui doivent être le centre d’attraction. Ce sont eux qu’il faut promouvoir. Ce sont eux que le public SPORTIF viendra soutenir.

D’énormes sommes d’argent sont injectées dans ces campagnes de communication musicales, mais combien d’argent est utilisé pour faire connaître au grand public SPORTIF nos athlètes, nos potentiels médaillés inconnus, qui seront l’attraction principale à ces Jeux ? Les artistes font bouger les foules durant la partie festive seulement. A moins qu’on ne leur annonce en primeur - comme c’est le cas pour les concerts musicaux - qu’ils seront au stade pour un tour de chant avant, pendant et après chaque épreuve. Les billets s’arracheront alors comme des petits pains, les stades ou gymnases seront bondés, et en conclusion, on aura des Jeux des îles réussis « dans tamtam ». Je trouve cela dommage pour la future génération de sportifs.

Pour cette présente édition des Jeux, ce que je souhaite aux sportifs, c’est de vivre à fond ces moments qui resteront à jamais gravés dans leur carrière. Ce sera aussi pour certains la fin d’une longue aventure. Pour d’autres, ce sera une compétition inscrite dans la continuité, l’occasion pour eux atteindre d’autres sommets. Pour d’autres encore, ce sera le début d’une longue carrière sportive. Allez Maurice !

Palmarès 

1981 : Première sélection en vue de la rencontre Maurice - Réunion (Stade de Champ Fleuri - Réunion)
1982 : Champion de Maurice du 100 m toutes catégories
1983 : Vice-Champion de Maurice du 100 m
1984 : Champion de Maurice du 100 m
1985 : Record électronique sur 100 m lors de l’inauguration du stade de Réduit
            Médaillé d’argent au relais 4 x 100 m aux Jeux des Iles de l’océan Indien
1987 : Participation aux Jeux d’Afrique à Nairobi - relais 4x100 m
1990 : Participation aux Jeux des Iles à Madagascar - relais 4x100 m
1991 : Participation aux Jeux d’Afrique au Caire - relais 4x100 m
1992 : Championnat d’Afrique à l’île Maurice - relais 4x100 m
1993 : Participation aux Jeux des Iles aux Seychelles - relais 4 x100 m